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ELYO

C'était étrange. Oui, la sensation était folle.

Je tournais la tête vers la fenêtre. Comme toujours, l'arrière de l'orphelinat baignait dans le plus grand des calmes et quelques oiseaux chantonnaient de beau matin. Le paysage ne m'avait jamais paru aussi joli qu'aujourd'hui. Était-ce donc cela d'être heureux ? Car si c'était le cas, donnez-moi de ce bonheur demain encore. Les rayons de soleil caressaient délicatement mes joues et la lumière qui commençait à taper contre les vitres de verre m'obligea à complètement ouvrir les yeux. Un mince sourire vint s'écrire sur mes lèvres, bien, voilà de quelle manière je me sentais. C'était agréable, cette chaleur qui se promenait sur mon visage et qui glissait ses doigts partout sur moi. Le bout du nez, le coin des lèvres, le haut du front et partout ailleurs. Partout. Partout. Partout.

Les yeux encore un peu endormis, j'observais à présent le plafond blanc. Mais peut-être l'avait-il un jour été ? Blanc. Mais maintenant, il commençait dangereusement à s'effriter, à tomber en morceau sur le parquet et à créer encore de la poussière. Comme si celle qu'il y avait déjà, ne suffisait plus.

Mais aujourd'hui, cette constatation ne me rendait pas triste. Ni en colère. Non, je n'y pensais même pas vraiment. Mes pensées à moi étaient ailleurs. Dans un monde merveilleux que j'aurai voulu atteindre. Parce qu'il était à mes côtés, tout proche de moi et que la vie ne m'avait jamais paru aussi jolie. Je me décidais enfin à le regarder, à planter mon regard brun sur son visage endormi et les battements de mon cœur reprirent de plus belle. Que m'avait-il fait ? De quel charme avait-il user ? Je pouvais presque les entendre distinctement, savoir quand surviendrait le prochain, ainsi que sa durée. Ils étaient tous si rapides, mon cœur s'emballait, mes pensées s'agitaient. Que m'avait-il fait ?

C'était étrange. Oui, la sensation était folle.

Je n'avais jamais ressenti une paix aussi prononcée, aussi marquée sur ma peau. Une envie de rester à ses côtés sans rien dire, sans faire le moindre mouvement. De peur de briser le sortilège. Car j'en étais persuadé, il m'avait envoûté.

Et aussi, qu'est-ce qu'il était beau quand il avait les yeux fermés. Un ange. Voilà à quoi il me faisait penser. Un joli ange tombé du ciel. Un cadeau céleste.

Ses lèvres étaient à peine entrouvertes et son diaphragme se soulevait au rythme de ses respirations lentes. Quelques mèches de cheveux blonds tombaient sur son front et s'en pouvoir m'en empêchait, parce que j'avais besoin de sentir sa peau contre la mienne, mon doigt vint frôler sa joue. Ma respiration s'accéléra. Je réitérais le mouvement une seconde fois, mon estomac se retourna. Qu'est-ce que ce foutu blond au visage trop beau pour être vrai m'avait fait ? Oui, j'en étais persuadé, ce dernier m'avait lancé un sort. Celui de ne pas pouvoir détourner le regard de son visage, d'apprécier sa présence plus que tout, d'aimer la vie à ses côtés, de vouloir toucher son visage quand il avait les yeux fermés. Tout ça. Tout ça. Et de ressentir des émotions encore jamais éprouvées.

Ça me rendait fou de ne pas comprendre.

J'étais si fortement enfoncé dans mes pensées que je ne m'étais même plus rendu compte que je continuais de caresser sa joue. Alors finalement sous mon toucher, il finit par ouvrir les yeux. Il soupira avant de les refermer de suite. Puis il les ouvrit de nouveau pour contempler le plafond comme je l'avais fait à mon réveil. Au bout de quelques secondes à peine, à se perdre dans la blancheur émiettée, il cligna à plusieurs reprises ses paupières avant de les refermer, visiblement trop épuisé, trop amoché par les filets de lumières qui ne voulaient pas le laisser en paix.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant