ELYO
Je balançais la fine couverture qui recouvrait mon corps et cette dernière atterrit rapidement au pied de mon lit. J'essayais de changer de position mais ça ne changeait rien. Mon corps était parsemé de sueur, mes vêtements me collaient à la peau.
C'était une de ces nuits où l'air était si étouffant que simplement respirer aurait été assez pour nous tuer. Où l'oxygène était si fuyant qu'on finissait par redouter d'inspirer. Où on avait les mains moites, la gorge asséchée et le souffle coupé. Besoin d'eau, d'air frais, de neige sur le bout des doigts et de pluie glissant sur la pointe des cheveux.
Quelques gouttes de sueur perlaient le long de mon front et je passais rapidement la main dans mes cheveux qui me collaient au visage. Et par la minuscule fenêtre de ma chambre, d'où je pouvais observer un paysage assombri, un vent chaud se faufilait sans aucune retenue, s'abattant avec une violence inouïe contre mes joues, m'empêchant de tomber comme je le souhaitais tant dans les bras de morphée.
Alors, j'ouvrais les yeux. Je les refermais épuisé. J'inspirais de trop grosses bouffées d'oxygène qui me faisaient mal jusqu'au plus profond de mes entrailles. Qui me brûlaient. Semblaient me consumaient. Je soupirais en silence, râlait encore plus longuement que toutes les fois précédentes mais toujours en chuchotant parce que j'avais bien conscience que mes mots n'avaient pas le droit de trop s'entendre. D'être écoutés.
— J'ai chaud, murmurais-je en respirant à moitié.
Finalement agacé de ne pas réussir à m'endormir, par cette nuit d'été trop étouffante pour simplement vivre, je sortis rapidement de mon lit avant de me diriger vers la porte de ma chambre, de tourner la poignée aussi délicatement que je le pouvais. Sur la pointe des pieds, je me dirigeais à travers le couloir qui baignait dans un calme terrifiant, qui était plongé dans l'obscurité la moins rassurante. Le cœur battant à tout rompre, je craignais que le vacarme de ce dernier ne puissent les réveiller. Je finis par arriver devant le minuscule passage que je connaissais, la porte d'entrée étant trop risquée. Ce soir, je ne pouvais me faire prendre.
Pas ce soir.
Alors une fois en liberté, j'avançais à grande enjambée comme si je craignais qu'on ne me suive, qu'on ne m'attrape et m'enferme longuement au fond de la pièce que je redoutais, qui me faisait frissonner, vers la mer et ses vagues presque dorées. Bleue foncées. Comme si les reflets de la lune étaient tombés. Se noyaient. Le vent était violent, assommant et dès que ce dernier entra en contact avec la peau de mes joues, je me sentis brûler, me consumer.
Mais ce n'était pas aussi meurtrier que le moment où mon regard percuta l'ombre de son corps. Il était assis sur le muret qui avait marqué la première fois que l'on s'était rencontré. Le début de tout. Le début tout simplement.
Je tombais.
Je tombais trop rapidement pour pouvoir me rattraper.
J'enfonçais mes mains dans mes poches en déglutissant avec difficulté, je ressentais le besoin d'attraper mon paquet pour trouver un certain réconfort dans le poison qui me consumerait lui aussi. Mais le moindre mouvement aurait pu être fatal, je n'osais plus bouger. Alors je m'empoisonnais simplement de lui. Et je me sentais brûlé de la simple vision de ses cheveux blonds volant au-dessus de son visage. Et je me sentais mourir de son regard bleu tourné vers l'océan.
Puis en reprenant mes esprits, je me rapprochais rapidement du muret jusqu'à me trouver devant lui. Il cligna des yeux à plusieurs reprises comme s'il venait de s'échapper d'un profond rêve et leva la tête dans ma direction sans prononcer le moindre mot, aucune expression dans les traits de son visage. Il se contentait de me fixer, de me voir à travers le faible scintillement des reflets de la lune. De la reine de la nuit. Aucun sourire ne se trouvait le long de ses lèvres, pas un seul étirement ne marquait son visage. Et je déglutit en observant le vide de son regard.
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FORNEVER (bXb)
RomanceEliott Wils était un adolescent de 17 ans qui se nourrissait des mots des livres quand l'oxygène ne suffisait plus à le maintenir en vie. Elyo Penters était un adolescent de 17 ans qui coloriait les parties blanches de ses toiles, mélangeant sa tri...