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ELIOTT

Le jour que nous avions tant attendu était enfin arrivé. J'allais fuir, main dans la main et à l'autre bout du monde avec celui qui m'avait volé mon cœur, en m'apprenant que j'étais capable d'aimer autrui avec autant de passion que je l'aimais lui.

Ce matin, je m'étais réveillé assez tôt pour avoir la possibilité de quitter la maison sans que mes parents ne s'en rendent compte et pour pouvoir admirer le soleil se lever. Parce que j'avais aussi ressenti le besoin de me tenir devant l'océan en admirant les vagues presque dorées.

Alors, je me tenais immobile en observant le paysage qui se dressait sous mes pieds, quelques mètres à peine devant moi. Je déglutis longuement, le vent en profita pour bercer quelques mèches de mes cheveux tandis qu'un minuscule sourire, presque invisible, prit vie le long de mes lèvres. Et la mer, qu'est-ce qu'elle semblait jolie. Oui, elle brillait de milles éclats. Le reflet des étoiles se projetaient sur sa surface.

Pourtant des étoiles, il n'y en avait plus aucune. Seulement l'astre céleste au-dessus de ma tête.

Je baissais les yeux en direction des grains de sable, une pensée douloureuse effleura mon esprit. Pourrais-je encore espérer observer l'étendue bleue foncée un jour ? Parce que j'avais la nette impression que cet endroit qui se trouvait sous mon corps était rempli de souvenir, d'un trop plein de nostalgie.

C'était ici même que je l'avais rencontré la première fois.

Je soupirais longuement, heureux. Heureux de l'avoir rencontré, lui, et pas un autre. Heureux d'être tombé amoureux. Heureux de l'avoir aimé et de l'aimer encore. Je lançais un dernier regard en direction du monde qui m'était offert avant de lui tourner le dos, de ne pas me retourner une seule fois, d'accepter que l'histoire prenait fin, que c'était un nouveau départ qui nous était accordé et de me diriger en direction de l'orphelinat. Il devait probablement déjà m'y attendre. J'étais impatient de le retrouver.

Le sable sous la semelle de mes chaussures, les quelques cailloux jonchant le sol, le chant silencieux des cigales et des trop nombreuses mouettes dans le ciel, à travers la multitude de nuages blancs. Blancs comme une jolie nuit d'hiver. Mais, nous n'étions qu'en été.

Ma saison préférée. Parce que je l'avais rencontré, lui. Lui et personne d'autre.

Je n'avais jamais vu le monde de manière aussi intense. Comme si à cet instant, l'univers entier avait réussi à captiver la moindre de mon attention. Oui, la vie était jolie. Surtout près de lui.

Finalement, le chemin s'arrêta devant l'immense grille de l'orphelinat. Elyo se trouvait déjà devant, une cigarette au bord de la bouche en train de fumer dans le plus grand des silences. Durant quelques minuscules secondes, je ne prononçais pas le moindre mot pour l'avertir de ma présence, préférant lui voler quelques instants de contemplation de son visage rayonnant. Mais il tourna subitement la tête dans ma direction, écrasa rapidement le mégot entre ses doigts en affichant un immense sourire sur son visage.

— Je ne t'avais pas vu, souffla-t-il en riant presque. T'es là depuis longtemps ?

Je tournais la tête de gauche à droite en signe de négation tandis qu'il se dirigeait à toute vitesse vers moi pour entourer mes épaules de ses bras.

— Non. Quelques minutes à peine.

Ses lèvres s'étirent encore un peu et il se rapprocha du creux de l'une de mes oreilles, comme s'il s'apprêtait à me dire un secret.

— Des années entières que j'économise pour pouvoir l'acheter, m'avoua-t-il fièrement, des étoiles plein les yeux. Et ce jour est enfin arrivé... J'ai presque du mal à réaliser.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant