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ELIOTT

Je courais.

Le souffle court, le cœur battant, tous mes sens en désordre. Et il y avait aussi les rayons de soleil qui semblaient presque me calciner la peau. La réduire en un tas de centre trop élevé.

Mais je courais quand même.

La sensation de chaleur le long du corps, les gouttes de sueur sur le haut du crâne. Et j'avais cette impression, de ne m'être jamais autant précipité de toute ma vie. Que tout mon être ne s'était jamais déchaîné de cette manière. Je me sentais un peu mourir sous le surplus d'appréhension. Mais la sensation envahissante de renaissance avait l'ascendant sur la moindre de mes peurs. La vie semblait de nouveau s'offrir à moi. Je ne pouvais la refuser, je devais tenter le tout pour le tout.

C'était la dernière solution.

Je ne voulais avoir aucun regret.

Et une vie sans lui aurait certainement été l'une de mes plus grosses erreurs.

Je ne pouvais pas m'arrêter, simplement retourner sur mes pas et tout abandonner. Comme si maintenant, que j'avais enfin décidé d'oublier la moindre de mes peurs, le plus minuscule de mes questionnements incessants pour juste l'aimer, l'aimer de trop, l'aimer sans pleurs, le temps était compté. Que chaque seconde ne m'avait jamais semblé avoir été aussi rapide. Chaque minute aussi précieuse.

Un monde sans lui ?

Comment ? Comment avais-je même pu penser que j'aurai été capable d'y survivre ? Je me serai noyé. J'en serai mort. Mais je n'aurai certainement pas pu le supporter.

Chaque instant que je passais encore sans sa présence réconfortante était un supplice que je n'arrivais plus à contenir au fond de mon âme. Je voulais l'aimer. De tout mon cœur. Je voulais le voir. De mes propres yeux. De ceux qui s'étaient épris de ce visage mélancolique. Je voulais l'embrasser. Réitérer l'action, ne plus jamais m'arrêter de poser ma bouche contre la sienne. Je le voulais. Je voulais ce garçon.

Pour toute la vie.

L'éternité.

Et plus encore.

Et puis, mon regard percuta finalement son corps et je me figeais sur place en laissant son prénom se faufiler à l'extérieur de mes lèvres tel un murmure qui nous fait prendre conscience de la réalité.

Elyo.

Le monde s'arrêta de tourner, il ne se composait plus que de la vision terne de son visage. Le ciel se fit effacer, les arbres s'envolèrent à travers les nuages qui se faisaient eux aussi engloutir. L'univers était vide. Il ne se composait plus que de la mélodie de son nom.

— Elyo...

Et putain, qu'est-ce qu'il battait vite mon coeur. Impression qu'à tout moment, cet imbécile d'organe vital aurait pu m'abandonner. Il ne cessa d'accélérer au moment où mes pupilles entrèrent en contact avec la lueur de ses yeux bruns. Je me trouvais à plusieurs mètres de lui comme si je craignais qu'un seul pas supplémentaire aurait pu me faire chanceler sous terre, me faire disparaître pour l'éternité de la surface de l'univers, que j'aurai pu le brusquer, le faire fuir loin de moi pour toujours et trop longtemps. Parce que je ne pouvais plus me permettre de gâcher une seule seconde que j'aurais pu passer à ses côtés. Une seule seconde que je pourrais regretter de ne pas lui avoir accordée. Je ne voulais pas être seul. Je ne le voulais plus. Je le voulais lui. Être avec lui.

Pour l'éternité.

Mais était-ce encore possible ?

Est-ce que même après tout ça, j'en avais encore le droit ?

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant