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ELYO

Le temps s'était arrêté et il ne restait plus que lui et moi.

Sans que je n'en comprenne la raison, les moments en présence du blond me paraissaient toujours si rapides et si lents en même temps. Comme si l'horloge s'était tu, nous offrant tout ce qui lui appartenait, ne serait-ce qu'un instant ou deux . Les secondes défilaient, les minutes s'en allaient, les heures couraient. Il n'y avait plus que lui et moi, des sourires aux lèvres et des étoiles dans les yeux. C'était étrange. Étrange, mais pas désagréable.

J'avais une fois de plus, passé toute la journée en sa compagnie et j'avais repris le chemin de l'orphelinat à contrecœur. Pourquoi fallait-il que j'y retourne ? Que je m'y engouffre à nouveau ? Pourquoi est-ce que je souhaitais à ce point rester avec lui ? C'était étrange. Étrange mais loin d'être désagréable.

En arrivant devant la façade de l'endroit que je devais nommer ' ma maison ', je m'arrêtais, contemplant lentement le lieu de mes cauchemars et de mes larmes sans fin. Ce même lieu qui m'avait recueilli quelques années auparavant en me donnant l'illusion qu'il allait me sauver. Juste un peu, juste assez pour ne pas complètement sombrer. Mais couler, c'était tout ce que j'avais fait depuis ce fameux jour. Depuis ce jour, où la lumière de mon regard s'était éteinte, brisée.

Ma mâchoire se crispa, ma gorge se noua et j'eus la nausée en contemplant ces briques rouges. Rouges, rouges et encore rouges. Un mal de tête si intense s'agrippa à moi, que je m'obligeais à fermer les yeux pour ne plus rien voir. Pour ne plus avoir mal. Ni les briques rouges, ni les souvenirs rouges, ni les coups rouges. Je ne percevais que les points noirs qui dansaient devant mes yeux, ils étaient si apaisants, que j'aurai pu choisir de ne plus jamais rien voir dans l'unique but d'être en paix éternellement.

Seulement, il y avait une autre chose que j'avais appris à aimer, que j'aimais observer. Peut-être autant, voire plus que tous ces points noirs autour de moi. Sa chevelure blonde et son sourire. Quand il déposait son regard sur le papier, les étoiles dans le ciel venaient embrasser ses yeux bleus ciel. Quand il souriait, mes lèvres s'étiraient à leurs tours, sans que je ne les force à faire cette action. Parce que quand il était heureux, je le devenais systématiquement la seconde d'après. Quand il parlait, en ouvrant à peine la bouche et en déposant son menton sur le haut de ses genoux, je me taisais et ne disait plus un mot. Et puis, il y avait aussi la mer que j'aimais regarder mais quand je la voyais à travers ses yeux à lui, je me disais qu'elle était encore plus belle qu'à travers mon regard à moi.

Mais pourquoi est-ce que je pensais encore à lui ? À son visage, à son regard, à son sourire et à ses lèvres. À sa voix qui était encore plus douce que le bruit des vagues, à son regard qui était encore plus perçant que la vue du soleil, à son sourire qui aurait pu faire partie des sept merveilles de l'univers. Mais qui au fond, faisait déjà parti de mes merveilles à moi.

Je posais la paume de ma main sur l'immense porte d'entrée mais en scrutant le bout de mes doigts, je vis qu'ils tremblaient. Mais pour la première fois, ce n'était pas cet endroit qui me mettait dans cet état. C'était les pensées que j'avais pour lui. Les battements de mon cœur tambourinaient à l'intérieur de ma poitrine sans que je ne comprenne la raison de cette chaleur soudaine. Mon estomac me faisait mal, se retournait presque, se déchaînait. Et même si ça faisait mal, la sensation n'était pas désagréable. C'était une douleur qui faisait du bien, qui guérissait.

— Mais bordel, murmurais-je les mains moites et le cœur palpitant, qu'est-ce qui est en train de m'arriver ?

Puis reprenant mes esprits, je reculais avant de poser à nouveau ma main sur la poignée de la porte d'entrée et soupirais une première fois pour me faire à l'idée que j'étais rentré chez moi, une deuxième fois pour accepter l'idée le fait que je me retrouvais à nouveau dans l'habitat des démons, une troisième fois pour me persuader que tout irait bien, que je n'avais rien à craindre et une dernière fois pour tenter d'effacer le flot de pensées qui essayaient de m'engloutir, de me faire disparaître. Et soupirer, j'aurai pu le faire jusque la nuit tombée.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant