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ELYO

La lune venait de faire son apparition dans le ciel et les étoiles brillaient doucement, à peine à travers le ciel sombre. C'était une soirée plutôt douce, une nuit plutôt calme. Dans les allées débordant de sable, je n'apercevais personne. Aucune once de vie, aucun humain. Personne tout simplement. La mer m'appartenait, les vagues étaient à moi. À cette heure-ci, la plupart d'entre eux avaient dû rentrer chez eux et continuer de vivre loin de la mer et ses vagues bleues. Bleues foncées. Moi, je ne voulais pas rentrer parce que les murs de l'orphelinat, bien que dépourvus de lèvres et de bouches, semblaient crier en permanence, hurlaient la terreur et la souffrance, appelés sans cesse. Et tous ces bruits me donnaient mal à la tête. Mal, mal, mal. Je préférais les notes des vagues, des bruits de pas sur le sable, du vent caressant les feuilles dans les arbres, de ma voix s'extirpant à travers le creux de mes lèvres.

— La liberté, hurlais-je le plus fort possible, bordel j'aime cette liberté.

Je levais les mains en l'air en ouvrant à nouveau la bouche. La liberté. C'était elle que je voulais. Crier le plus fortement possible sans qu'on ne puisse m'entendre, sans qu'on ne puisse me juger, sans avoir peur. Fermer les yeux et respirer à plein poumon l'air frais, ouvrir les yeux et observer le plus attentivement possible chaque courbe de ce monde. C'était ça la liberté et c'était elle que je voulais.

— Oui, je te veux ! criais-je à nouveau à travers l'étendue bleue.

— Rectification, murmura une voix au creux de mon oreille, on dit oui je le veux. Mais ta version est plutôt pas mal aussi.

Je sursautais en me retournant pour voir celui qui venait de prononcer ces mots si chauds, si doux, même si au fond, je savais très bien qui venait de parler. Parce que sa voix restait bloquée au fond de mon esprit sans que je ne puisse l'effacer. Il était planté là, juste devant moi, un sourire narquois sur le visage et des yeux bleus pétillants, ancrés dans mon regard. Depuis quand me regardait-il aussi intensément ?

— Alors ? demanda-t-il, ça donne quoi comme sensations de crier à travers le monde comme tu viens de le faire ?

— Tu m'as entendu...

— Evidemment et j'ai presque failli dire que je te voulais également. Mais il faut bien savoir se faire désirer un peu, tu n'es pas d'accord ?

— Idiot, marmonnais-je en roulant des yeux au ciel.

— Et donc, les sensations ?

Je souris en regardant droit devant moi et repris ma respiration avant de reporter mon attention sur le blond qui n'avait pas laissé son regard dériver de mon visage.

— C'est délirant, totalement fou.

— Dans ce cas, il faudra absolument que je teste ça un jour ! Mais tu sais Elyo, il est tard et tu devrais, toi aussi, penser à rentrer chez toi.

— Je sais, mais là tout de suite, je n'en ai pas envie alors je préfère rester ici.

Il s'assit sur le sol sous mon regard étonné et m'invita d'un léger geste de main à faire pareil. Je pris place à ses côtés et je l'observais du coin de l'œil entrouvrir ses lèvres pour expirer avant de se mettre à rire gaiement.

— Il fait doux ce soir ! C'est plutôt agréable, n'est-ce pas ?

— C'est vrai, répondis-je perdu dans mes pensées, c'est agréable quand l'air n'est pas étouffant.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant