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ELYO

Nous étions assis sur le sable blanc, en face de la mer parfois silencieuse et puis si bruyante. Nous observions son bleu encore plus étincelant que les jours précédents, la lumière qui glissait à sa surface, les vagues qui se mouvaient au-dessus d'elle, la paix qui s'en dégageait, qui nous enveloppait. Les mouettes volaient à travers le ciel en sifflant des mots qu'on ne pouvait pas comprendre, seulement entendre. Les nuages se déplaçaient lentement à leurs côtés, presque en harmonie avec leurs ailes qu'elles agitaient avec grâce. Et puis en bas de tout ça, il y avait les enfants qui couraient, qui jouaient, criaient, parfois pleuraient. Et il y avait leurs parents qui les tenaient par le bout des doigts, par la main. Et puis, parmi tout ça, il y avait aussi nous. Nous, assis l'un à côté de l'autre, si proche que j'en frémissais parfois, si proche que j'en tremblais presque, les yeux rivés vers l'étendue bleue foncée, parfois bleue claire. 

Enfin, non, moi les vagues je ne les regardais pas. Je ne voyais que le vent qui faisait danser ses cheveux blonds. Non, moi la lumière je ne la percevais pas. Je ne distinguais que celle qui s'accrochait à mon regard quand je le fixais un peu trop longtemps. Non, la paix ce n'était pas cette mer qui me la donnait, c'était lui qui me l'offrait. Non, les mouettes, je ne les entendais pas. Je n'écoutais que le bruit de ses respirations lentes et des quelques mots qu'il laissait, de temps en temps, s'extirper du creux de ses lèvres roses. Non, le seul bleu que mes pupilles apercevaient était celui de ses yeux à lui, qui fixaient l'étendue sans fin dansant devant nous, de ses pupilles à lui qui dissimulaient toutes les étoiles de ce monde alors que la nuit n'était pas encore tombée, de lui et seulement lui. Et puis, même si le monde était rempli et débordé, au fond, pour moi, il n'y avait que lui et moi, assis sur le sable de la plage à observer un univers qui ne nous appartenait que dans nos rêves les plus fous.

— Tu me regardes beaucoup, quand même.

Je clignais des yeux rapidement comme si je venais de revenir à la vie et que tout ceci, toutes ces pensées n'avaient été qu'un rêve lointain, un mirage incertain ou peut-être juste une illusion bien réussie. Pourtant, même si c'était sa voix qui venait de me sortir de ma rêverie, c'était aussi sa voix qui m'affirmer qu'il était là, tout près de moi, qu'il existait, que je pouvais toujours le regarder. Sous son regard bleu, presque transparent, je sentis le rouge me monter au joue, coloré mon visage. Pourtant ce n'était pas la première fois que nos regards se croisaient, alors pourquoi ?

Pourquoi est-ce quand il tourna son visage vers moi, ancra ses pupilles dans les miennes, me faisant presque perdre la tête et une partie de mon cœur qui semblait, à cet instant, s'être remis en place, j'eu l'impression que c'était la première fois que je le regardais ? Que je le voyais vraiment, réellement ? Et pourquoi les battements de mon cœur se déchaînaient ainsi dans ma poitrine ? Et pourquoi je me sentais si vulnérable quand c'était moi que j'apercevais dans le reflet de ses yeux ?

Et pourquoi est-ce que je me posais toutes ces questions ?

Pourquoi est-ce que je me tourmentais alors qu'avant, quand je plongeais mes yeux dans les siens, ce n'était que pour retrouver un semblant de couleur qui aurait pu me faire pense à la mer. Mais à présent, c'était la mer qui me rappelait le bleu de ses yeux.

— Pardon, murmurais-je à voix basse en me perdant dans la contemplation de son visage.

Il soupira en souriant légèrement. Qu'est-ce qu'il était beau quand il souriait...

— Au lieu de t'excuser, fais simplement dévier ton regard de mon visage idiot.

En prononçant cette phrase, il avait déplacé le bout de ses doigts sur la pointe de mes cheveux qu'il avait d'abord agrippé, puis ébouriffé. Et cette simple action, ce simple geste me fit trembler. Sous son toucher, aussi faible soit-il, j'avais l'impression de brûler, qu'il était l'allumette qui venait d'allumer le feu de mon corps, de mon cœur. Et ce dernier, criait si fort que tous les bruits autour de moi semblaient s'être volatilisés à tout jamais. J'avais envie de détourner le regard pour ne plus le voir, pour ne plus entendre les battements et faire taire mon corps mais dans un sens, je ne voulais pas.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant