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                           ELYO

Le blond se retourna une dernière fois avant d'agiter sa main en signe d'au revoir et de courir, loin devant moi. Ses cheveux bougeaient au rythme de ses pas qui s'éloignaient de plus en plus.

Seul.

La solitude m'entoura une fois de plus de ses longs bras, faisant de mon corps son habitat. Je connaissais par cœur sa chaleur, ses murmures et ses regards. Pourtant aujourd'hui, son toucher était désagréable et j'avais envie de la pousser loin devant moi et de courir sans m'arrêter pour la laisser derrière moi à tout jamais.

Les lampadaires allumés étaient la seule source de lumière de la ville sombre et les filets lumineux dessinaient les traits de mon visage. Le soleil qui avait tapé si fort dans l'après-midi semblait avoir disparu, comme la plupart des gens qui, quelques heures plus tôt se promenaient sous les rayons de chaleur.

J'ouvris légèrement la bouche pour expirer l'air qui consumait mon corps de l'intérieur avant d'avancer en direction de l'enfer qui m'attendait. J'avais tellement apprécié cette journée que je n'avais pas vu le temps s'en aller. Mon cœur tapait fortement dans ma poitrine en pensant à ce qu'il pourrait se produire quand je mettrais les pieds dans cet endroit sombre que je détestais.

J'avançais à travers la ville, les yeux rivés au sol, redoutant de regarder devant moi. Comme si la vérité aurait pu se placer en travers de ma route pour me frapper et me faire tomber. Je fixais le sol car je connaissais le chemin par cœur et que je ne ressentais plus aucune envie de le contempler. Ce chemin était celui de la perte, de ma perte.

Les lampadaires et les bruits des passants disparurent pour laisser place aux arbres et aux calmes des enfants vivant à l'orphelinat. Les adultes n'appréciaient pas le bruit et donnaient des heures pour parler. À cette heure-ci, les lèvres devaient être scellées.

Je n'avais pas le droit de quitter l'orphelinat sans autorisation et encore moins de rentrer à une heure si tardive. Ils aimaient donner des règles, ils aimaient nous laisser entraver leurs règles. Ils appréciaient tout simplement le fait de nous punir, de nous hurler dessus, de nous faire sentir misérable et inférieur.

Je restais planté pendant plusieurs minutes devant les grilles rouillées sans pénétrer dans l'immense propriété. Il n'y avait personne qui guettait mon arrivée. Il n'y avait personne qui m'attendait. Le vent qui soufflait légèrement caressa le haut de mon cou et me poussa à entrer dans cette demeure qui ne voulait pas de moi.

Je posais ma main sur la grille avant de la pousser et de l'ouvrir. Elle émit un léger grincement désagréable que je connaissais par cœur, que je détestais depuis toujours. Je n'allais pas entrer par la porte principale pour éviter de tomber sur qui que ce soit. Je longeais, à pas de loup, les murs de l'orphelinat avant de repérer le buisson, derrière lequel se trouvait un petit trous qui permettait de pénétrer à l'intérieur sans se faire prendre.

Il n'y avait aucun bruit, seulement ceux de mes pas qui glissaient sur le sol poussiéreux. Je pris le couloir qui menait à ma chambre en vérifiant les alentours à plusieurs reprises.

Étrange.

Il y avait pourtant toujours quelqu'un qui m'attendait. Il y avait pourtant toujours cette chaise blanche qui m'était réservée. Je ne comprenais pas qu'ils aient laissé filer une occasion de me torturer.

Quand je fus devant la porte de ma chambre, je compris. Je compris pourquoi personne n'était là pour moi, pourquoi on m'avait laissé regagner mon lieu de nuit sans m'arrêter et mon cœur se serra en comprenant et en la voyant.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant