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                       ELIOTT


J'étais assis sur le canapé du salon et j'écoutais le silence. La maison était calme et aucun bruit ne la remplissait, ne la noyait. Seules les ondes voyageaient dans l'invisible, laissant leur bruit combler le vide. Seul le bruit de mes pensées résonnaient fortement dans l'abîme de mon être.

Mes parents venaient de s'en aller. Le bruit du moteur s'était rapidement éloigné et la porte d'entrée avait claquée, me laissant seul derrière eux. Aujourd'hui encore, ils avaient préféré passer leur journée devant les caméras et les micros de ceux qui posent les questions et attendent les réponses. Aujourd'hui encore, ils avaient préféré fuir et mentir. Aujourd'hui encore, ils avaient préféré revêtir leur masque argenté et leur sourire figé.

Nous étions une famille brisée, inexistante. Un père, une mère et un fils qui n'étaient que des inconnus, des personnes qu'on avait obligées à vivre sous le même toit. Le même sang coulait dans nos veines et pourtant rien ne semblait nous lier. Nous n'étions que les reflets de la perfection souillée. Les reflets d'une perfection gravés sur des photos de famille modèle. Nous n'étions que des menteurs vantant notre bonheur à ceux qui nous regardaient avec envie sans savoir que le mensonge était facile à manier et que la perfection n'était qu'un mythe qu'on contait au enfant pour qu'il garde un semblant d'innocence.

Aujourd'hui encore, la solitude s'accrochait à moi de ses doigts glacés. Elle était la seule à ne pas me laisser. Pourtant, sa présence était désagréable et j'avais besoin de la fuir. J'avais besoin de m'échapper de ce lieux qui m'oppressait, de ce lieu qui n'avait plus rien d'angélique, de ce lieu qui n'était à présent que le toit de notre imperfection.

Je pris le premier livre que je vis avant d'enfiler mes chaussures et d'ouvrir la porte d'entrée pour la refermer rapidement. Pendant quelques minutes, je restais contre les murs de la maison à observer le ciel et à pleurer. Les larmes glissaient sur mon visage, inondant mes joues et pourtant, je ne ressentais pas la tristesse. Il n'y avait que la lassitude et l'ennui qui avait atteint mon cœur.

— Quelle journée de merde, soupirais-je en reniflant bruyamment.

Les feuilles des arbres bougeaient calmement , les passants parlaient fortement, le soleil tapait doucement. La vie se promenait parmi nous sans qu'aucun ne puisse l'apercevoir et l'attraper.

C'était simplement un jour d'été.

— Maman ! Maman ! s'écria une petite fille en me pointant du doigt, le garçon a de jolis yeux. Ils sont de la même couleur que l'océan !

Sa mère lui attrapa le doigt avant de le baisser et de me regarder en souriant, mal à l'aise.

— Je t'ai déjà dit que tu ne devais pas pointer les gens, c'est mal poli !

La petite hocha rapidement la tête de haut en bas sans me lâcher du regard. Un mince sourire se dessina sur mes lèvres quand elle me fit un signe de la main avant de s'en aller. Les enfants étaient le symbole de l'innocence. J'aurais aimé gardé la mienne.

Je finis par me poser sur un banc et ouvrir le livre que j'avais apporté avec moi mais rapidement la lecture me lassa et le banc sur lequel j'étais assis me parut inconfortable. J'avais besoin d'aller ailleurs. Inconsciemment mes pas me guidèrent vers un muret de pierre.

Son muret de pierre.

Il n'y avait personne sur ce dernier. Personne. Le vent soufflait, balayant la poussière et les quelques petits cailloux qui s'y trouvaient. Je repris ma lecture mais je n'arrivais toujours pas à me concentrer. Mes yeux qui auraient dû glisser sur les mots des pages, glissaient rapidement sur les visages des personnes qui passaient devant et derrière moi.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant