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VIOLA

FLASH BACK

9 ANS


— Merci de vous être occupée d'elle. Merci beaucoup.

— Oui, allez. Reprenez vôtre bâtarde et foutez l'camp d'ici.


Cris d'enfants.

Pleurs incessant de trop d'enfants.


— J'ai pas d'temps à perdre avec vous. Vous voyez pas que les mioches ont faim ? On a plus rien à s'dire. Dégagez-moi votre gamine d'ici et partez. La voix se tut, celle d'un enfant pleurant à ses côtés, lui tirant le bas de la robe, s'éleva, s'incrusta dans le fond de mes oreilles. La gifle partit, l'enfant cessa de sangloter. Putain et toi ferme-là, tu vois-bien que je suis en train de nourrir ta sœur !


Claquement de porte.

Rayon de soleil le long de la peau.


Je gardais les yeux fixés en direction du ciel bleu. Joli bleu. Trop de bleu. Et le soleil continuait de briller fortement, d'éclater à travers l'étendue colorée qui surplombait mon corps. Je soupirais, mes cheveux roux volèrent au-dessus de mon visage tandis que mon estomac se mit à crier famine.

Viola !

Qu'est-ce qu'il était beau le ciel. J'avais envie de l'observer pour le restant de l'éternité, ne jamais baisser les yeux jusqu'au sol. Parce que le sol, il était terreux, sableux, grisâtre et pas joli. Ma joue piqua, le sol m'accueillit les bras ouverts, mes vêtements se tâchèrent d'encore plus de poussière que celle qui s'y trouvait déjà.

— Je t'ai dit qu'on partait, petite morveuse ! Écoute un peu quand on te parle.

Je restais pourtant contre le sol, n'osant pas lever les yeux pour croiser les siens. Et après plusieurs secondes, je décidais enfin de me lever en passant rapidement les paumes de mes mains sur ma robe pour tenter de la faire paraître un peu plus propre.

— Elle est où Martha ? tentais-je toujours sans croiser son regard.

— Qui est Martha ? murmura-t-elle froidement en me tirant violemment par le bras pour me forcer à avancer.

Je serrais la mâchoire de douleur avant de remonter mes pupilles le long de ses doigts qui marquaient ma peau déjà abîmée, le long de sa poitrine et de son visage dont les traits n'étaient composés que d'une dureté qui me donnait envie de plonger à nouveau et pour toujours, mes yeux dans l'étendue bleue claire.

— Avant, c'était Martha qui venait me chercher. Pourquoi elle n'est pas là ?


Chant des cigales.

Poussière et gouttes de sueur sur le visage.

Nouvelle gifle contre ma peau.


— J'en sais rien. Est-ce que tu insinues que ma présence te dérange ?

Je tournais la tête de gauche à droite en signe de protestation sans prononcer le moindre mot. Je n'avais plus envie de parler. Je ne l'aimais pas. Elle me faisait mal à l'aide du bout de ses dix doigts. Ma joue me brûla une nouvelle fois, la marque de sa main s'y incrusta et je gardais le regard rivé jusqu'au sol en observant un minuscule verre de terre qui semblait vouloir s'échapper des rayons du soleil, trouvait un abris qui l'empêcherait de mourir de toute cette chaleur étouffante.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant