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ELIOTT

J'avançais rapidement en direction de l'entrée en leur lançais un regard furtif. Et pourtant, il n'avait fallu que d'une simple seconde pour que nos regards se croisent, s'enfoncent l'un dans l'autre. La déception de leurs yeux. Elle me rongeait.

Mes parents se trouvaient sur le large canapé, éloigné l'un de l'autre de plusieurs centimètres, comme si au fond ils redoutaient de se toucher, de s'effleurer. Que leurs vêtements se frottant l'un contre l'autre était trop affligeant pour eux. Ils avaient les sourcils froncés, les bras croisés et un air désapprobateur se faufilait dans chacun de leurs traits. Alors, je me dépêchais d'enfiler mes chaussures, de nouer mes lacets pour éviter toute discussion avec eux. Je n'avais pas l'énergie nécessaire, j'étais lassé de la moindre de leurs paroles.

— Tu sors ? demanda finalement ma mère en reprenant une gorgée de café noir.

Je lui lançais un bref regard, trop court pour qu'elle s'accroche à ce dernier, en haussant les épaules, redoutant la suite de la conversation. J'étais trop épuisé pour leur offrir mes mots.

— Oui.

Alors, je me contentais simplement de lui répondre sans ajouter la moindre parole supplémentaire. N'était-ce pas ce qu'ils souhaitaient ? Mes oui silencieux ?

— Tu vas encore voir ce garçon ? soupira mon père d'un ton monotone, comme s'il était agacé de se battre avec moi, de répéter les mêmes avertissements sans arrêt.

Mais m'avertir de quoi ? Elyo, n'avait rien de dangereux.

À moins que ce qui l'était vraiment, c'était le fait que les battements de mon cœur s'accéléraient en plongeant mes yeux dans les siens, que j'avais le souffle court quand le sien se déposait lentement le long de ma peau, que mes mains devenaient moites quand son corps était trop proche du mien.

Peut-être que c'était de cette dangerosité là dont ils parlaient ?

Du trou dans le sol dans lequel je tentais de ne pas plonger. Chanceler. Chuter. Je ne tomberais pas.

— Oui.

Il soupira, prit une bouchée du croissant qu'il tenait entre les doigts, avala longuement avant de placer ses coudes sur ses genoux et de croiser ses doigts devant son visage.

— Je pensais que nous avions été clair Eliott.

— Oui.

— Je n'apprécie pas le fait que tu ne nous obéisse plus, reprit ma mère en tournant la tête de gauche à droite, plongé dans ses pensées et repensant à mon comportement de la veille.

— Oui.

Que pouvais-je dire d'autre ? N'était-ce pas mes oui douloureux qu'ils souhaitaient que je leurs offre ?

Elle soupira d'agacement en se levant et haussa légèrement le ton, assez pour m'obliger à complètement tourner mon attention vers elle.

— Pourrais-tu arrêter de répondre cela ? Nous voulons simplement ton bien et que tu prennes conscience que cette amitié avec ce garçon nous déplait fortement.

— Ok.

Elle roula des yeux au ciel, comprenant probablement que ce seraient les seuls alignements de lettres qu'ils obtiendraient de ma part. Je ne leur tendrais rien de plus. C'était largement assez. Elle attrapa son sac à main de couleur noir, comme une nuit d'hiver qui vous gèle le bout des doigts, avant d'enfiler ses talons de la même couleur et de chercher ses clés au fond de ses poches pour finalement se rendre compte qu'elle les avait laissée sur la table basse du salon.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant