FORNEVER (bXb)

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E L Y O

Avais-je toujours été fasciné par la mer de cette façon ? En réalité, c'était ce dont j'avais voulu me persuader durant toutes ces années. Parce que je savais bien que mon amour pour ce bleu foncé et trop clair avait eu un début.

S O U V E N I R S   D O U L O U R E U X

Les doigts entrelacés au siens, j'observais ma mère qui avait le regard perdu dans le monde qui se dressait de toute sa hauteur devant elle. Et il y avait un joli sourire le long de ses lèvres. Mais pourquoi ? Pourquoi semblait-elle si heureuse ? Pourquoi l'éclat de ses yeux ne disparaissait jamais ?

— Maman, soufflais-je en levant mon regard vers elle, pourquoi est-ce que tu n'es jamais triste ? Tu n'as donc jamais mal ?

Elle tourna à son tour ses yeux vers moi et j'eu l'impression que son sourire venait de s'élargir de quelques millimètres tandis qu'elle approchait sa main pour caresser mes cheveux du bout de ses doigts.

— Bien sûr que si, moi aussi il m'arrive d'avoir envie de pleurer à certain moment. Comme tout le monde.

— Alors pourquoi tu ne pleures pas ? Tu n'as pas mal ?

Elle s'agenouilla rapidement devant moi avant de me serrer le plus fortement possible dans ses bras.

— Maman, murmurais-je en caressant sa joue mouillée, tu pleures ? Tu as mal ?

— Elyo...tourne ton regard vers la mer et dit moi ce que tu vois.

Je tournais la tête comme elle venait de me le dire avant de contempler le paysage attentivement pour répondre à sa demande.

— Beaucoup d'eau !

Elle s'écarta de moi avant de poser les paumes de ses mains de part et d'autres de mes épaules et d'ancrer son regard brun dans le mien qui était de la même couleur.

— Elyo...tant que tu verras le bleu des vagues, continues de sourire.

— Et quand je ne le verrais plus ?

Un minuscule sourire apparut sur sa bouche et elle se frotta énergiquement les yeux pour effacer les larmes qui avaient glissé le long de son visage.

— Alors, ce sera que tu auras trouvé un autre bleu. Celui de ton cœur.

Je penchais la tête, ne comprenant pas où elle voulait en venir avant de reporter mon attention sur la mer qui commençait à s'agiter.

— Maman, murmurais-je en éternuant faiblement, tu aimes le bleu n'est-ce pas ? C'est pour cela que tu en as partout sur le corps ?

— C'est une couleur magnifique, avoua-t-elle en replaçant l'une de ses mèches derrière son oreille, parce que la première fois que ton père m'a vu, m'a regardé, je suis tombée amoureuse de ce bleu si joli. Et le bleu des vagues me rappelle le bleu de ses yeux à lui.

Je m'écartais violemment d'elle en serrant les poings, ne comprenant pas pourquoi elle disait cela, un sourire si immense sur le visage.

— Mais papa il te frappe tout le temps ! Alors pourquoi est-ce que tu continues de l'aimer ? Moi, je le déteste !

Elle ne répondit pas, se contentant de sourire, le regard tourné vers l'océan. Le regard tourné vers ce bleu qu'elle aimait tant. Les yeux perdus dans le même bleu que celui des yeux de mon père.

Pourtant, ce bleu-là, ne me rappelait que celui des marques qui ne cessait d'augmenter le long de sa peau.