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le fameux moment mais

du pdv de notre eliott.

parce que j'ai décidé de vous briser

une seconde fois au lieu d'une seule.

pardon d'avance.


ELIOTT

Je tournais mon regard, l'enfonçais dans le paysage qui se tenait devant moi. La mer. Elle était tellement agitée que j'en avais presque mal aux yeux. Et puis, mon cœur l'était tout autant, agité, tourmenté. Peut-être même davantage que l'étendue bleue foncée qui se dressait sous mes pieds. Il débordait, comme les vagues qui glissaient parfois sur mon corps figé sur le sable qui devait être affreusement froid. Surtout mouillé. Moi aussi, je l'étais. Brisé aussi. Surtout. Peut-être même seulement, parce que j'avais la nette impression que mon organe vital était tellement en lambeau que les gouttes de pluie avaient cessé de se déverser sur le haut de mon crâne. Que j'avais arrêté de les sentir contre le long de ma peau.

Peu importe. De toute façon, maintenant plus rien n'avait d'importance. J'avais lamentablement perdu, ça ne servait plus à rien de se laisser prendre aux émotions d'un monde trop vaste. D'un univers trop beau pour être réellement apprécié à sa juste valeur. Parce que le trop, entraînait le toujours plus et que ce dernier nous précipitais simplement vers le bas. Le précipice. D'ailleurs, je crois bien, qu'en cet instant, je devais déjà m'y trouver. J'étais tombé. Trop rapidement.

Et pas de lui. Seulement tomber. Tomber sans rien.

Je soupirais longuement, l'air s'encombrant au fond de mes poumons. Trop mal. La douleur ne s'en irait elle jamais ? Étais-je voué à devoir supporter cette dernière jusqu'à la fin de mon existence ? Je ne pouvais pas. Je ne voulais pas. Et puis, dans un sens, je savais bien que j'en étais incapable. Que c'était bien évidemment au-dessus de mes forces. Forces que je ne possédais même plus.


Bleu foncé qu'elles étaient les vagues.

Gris sableux qu'il était mon cœur.


Je soupirais. Encore. Las, épuisé, profondément vide. Je n'en pouvais plus. C'était trop compliqué à supporter. Pourquoi fallait-il qu'à chaque fois que je commençais à apprivoiser le bonheur, ce dernier devait sans arrêt se lasser de moi, me donnant trop souvent la nausée et une envie de me jeter au fond de l'océan ?

Et si je finissais pas me noyer dans les tréfonds de cette eau transparente ?

Est-ce que je pourrais enfin rencontrer cette paix tant convoitée ?

Je souris. Quelle triste pensée. Mes lèvres retombèrent lourdement. Je ne pouvais pas les maintenir en l'air plus longtemps qu'une demi-seconde, parce que même une seconde était devenu un temps trop long pour faire semblant que tout était parfait.

Je vais bien. Même ça, je n'arrivais plus à le murmurer à moi-même. Parce que mon organe vital était en morceaux. Comme des bouts de verre qu'on aurait violemment projetés contre le sol. Et que mon corps, lui, était déjà sur ce dernier. Étalé. Écrasé. Sauvagement piétiné.

Et j'avais beau me tenir debout, les jambes parfaitement droites, même pas tremblantes, la colonne vertébrale également, la tête bien haute, trop haute pour que ce ne soit pas étrange, les larmes du ciel, celles me donnant l'impression que c'était moi qui était en train de pleurer, de déverser toute ma rage mêlée de peine, s'écrasant sans arrêt sur le haut de mon crâne, partout ailleurs, s'enfonçant sans la moindre délicatesse, parce que le ciel n'avait aucune raison d'être tendre avec moi, aussi profondément qu'elles le pouvaient le long de ma peau, au fond de ma chair, ce n'était qu'une illusion. La plus douce qui soit, la plus violente aussi. Parce qu'en réalité, je me trouvais déjà sous terre. Probablement même plus bas que simplement sous terre. Dans un endroit qu'on ne pouvait ni voir, ni atteindre. Qui donc aurait pu me sauver ? Plus personne ne le pouvait. Plus personne ne le pourrait jamais. Impression constante de tomber. Pourtant, j'avais déjà atterri depuis longtemps au fond du gouffre.

FORNEVER (bXb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant