ELYO
Mes pas avançaient lentement sur le chemin parsemé de cailloux, d'obstacles qui pouvaient me faire trébucher, glisser à tout moment et mon regard était perdu vers l'horizon, le néant, l'inexistant du moment. Il n'y avait rien, ni personne. Que le bruit silencieux des vagues dansant calmement, le bruit de mon corps se déplaçant sur la route de ce monde, le bruit du vent qui glissait sur les feuilles habillant les arbres de ce paradis. Il n'y avait rien, ni personne et cela me faisait frémir. D'angoisse, de peur. Parce que je ressentais un manque, une solitude au fond de ma poitrine. Comme si en réalité, en vérité, je ne supportais pas le fait d'être seul. Totalement seul. En apparence et à l'intérieur.
Mes pas avançaient lentement sur le chemin parsemé de cailloux, d'obstacles qui pouvaient me faire trébucher, glisser à tout moment et mon regard se posa sur une silhouette, une âme errante. Des cheveux blonds se mouvant parfaitement en rythme avec le vent brûlant qui soufflait fortement, propageait son essence à travers l'univers. Un corps immobile, tourné vers la mer, vers les vagues bleues foncées, se perdant dans la contemplation du beau et du trop beau.
Une œuvre d'art. Un tableau qu'un artiste aurait peint du bout de ses doigts, de son cœur. Je serrais un peu plus les pinceaux que je tenais entre les doigts, sans le quitter des yeux. Parce qu'il était comme un aimant, une image dont on ne pouvait se détacher. C'était hypnotisant. Une œuvre d'art, une mélancolie pure qui voyageait, se déplaçait jusqu'à moi.
Je m'arrêtais soudain sans détourner le regard de ce garçon qui se fondait tellement bien dans le paysage que s'en était presque troublant. Comme si, ici était sa place. Qu'il avait trouvé l'endroit qui lui était destiné, réservé et qu'il était maintenant en symbiose avec la beauté elle-même. Une œuvre d'art. Quel chemin avait donc pris les pinceaux pour créer une telle perfection ?
Comme s'il avait senti ma présence, mon regard posé sur lui, il se retourna et me fixa longuement. Si longtemps que j'en perdais la notion du temps, si longtemps que je crus que mon monde s'était arrêté de tourner, si longtemps que j'en avais la respiration coupée, si longtemps que je me perdis dans ses pupilles bleues qui semblaient dépeintes, décolorées. Vides.
— Qu'est-ce que tu fous ici à une heure pareille ? murmurais-je en m'approchant de lui.
Il haussa les épaules en soupirant longuement, comme s'il avait besoin de temps pour réfléchir à une réponse, pour pouvoir prononcer des mots, des lettres, des sons. Comme s'il avait oublié comment parler. Il soupira à nouveau, expira l'air de ses poumons et entrouvrit les lèvres. Juste assez pour que la mélodie de ses paroles puisse atteindre le creux de mes oreilles. Juste assez. Sa voix était faible, parsemée de picotements douloureux, qui semblaient le faire fondre. Parce que son regard semblait brûlé et que le bleu de ses yeux semblait plus brillant que la lumière elle-même. Il se consumait tel une bougie qu'on aurait allumée. Une mélancolie si prononcée, si présente, si envahissante.
— J'avais chaud, affirma-t-il en tournant la tête, l'air de ma chambre était étouffant. J'avais besoin de...respirer.
Il referma le creux de ses lèvres et regarda le sol, si intensément que j'aurai presque pu entrevoir sa tristesse dans son regard lointain. Le silence nous entoura à nouveau, nous compressant si fortement que je n'osais pas le détruire, le briser. Nous étions deux âmes errantes, essayant de trouver un quelconque réconfort auprès de la mer et de ses vagues bleues. Bleues foncées.
— Et toi ? demanda-t-il finalement, que fais-tu ici à une heure aussi tardive ?
Un fin trait apparut sur mes lèvres et mon regard se perdit dans la contemplation des étoiles qui éclairaient le ciel telle des lumières brisant les ténèbres de la vie.
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FORNEVER (bXb)
RomanceEliott Wils était un adolescent de 17 ans qui se nourrissait des mots des livres quand l'oxygène ne suffisait plus à le maintenir en vie. Elyo Penters était un adolescent de 17 ans qui coloriait les parties blanches de ses toiles, mélangeant sa tri...