ELYO
Le ciel était d'un bleu foncé, ses yeux à lui brillaient. Les étoiles s'illuminaient, la pointe de ses cheveux était dorée. Il était beau, un peu trop beau. J'avais envie de l'observer encore plus longtemps, encore plus intensément. Toujours plus profondément. De toucher chacune des parcelles de sa peau, de respirer le même oxygène que lui. De poser mes lèvres sur les siennes pour voir si elles avaient un goût fruité, peut-être légèrement acidulée.
Je souris en pensant à mes lèvres posées sur les siennes. C'était idiot mais beaucoup trop tentant pourtant je détournais mon regard de son visage pour fixer un autre point que la lueur de ses yeux.
Nous étions retournés vers l'orphelinat aux briques rouges décolorées, pour s'asseoir sur l'escalier glacé par cette douce nuit qui s'offrait à nous et on avait simplement fini par lever la tête au ciel pour observer les étoiles qui brillaient fortement. Toujours plus longtemps.
Je tirais une nouvelle fois sur ma cigarette tandis qu'il continuait de se fondre dans un silence assourdissant. Presque terrifiant. Moi, je ne faisais que fumer en l'observant longuement. Parce que les étoiles, je pouvais les voir au fond de ses pupilles. Je n'avais pas besoin de relever la tête pour entrevoir la beauté du monde.
Elle se trouvait déjà devant moi.
L'odeur de tabac encombrait mes narines, l'odeur de la nuit s'emparait de tous mes sens. Elle n'en délaissait aucun. L'odeur de ses cheveux se faufilait jusqu'à moi. Les battements de mon cœur s'accéléraient. Je n'arrivais plus à me calmer. Pourtant, sur mon visage, je ne laissais rien transparaître du vacarme de mes pensées. De mon envie de simplement toucher sa peau du bout du doigt. Même une simple seconde. Une minuscule seconde.
— Tu ne veux pas rentrer chez toi ? murmurais-je finalement, en écrasant le mégot entre mes doigts.
Le calme devenait trop pesant, j'avais besoin d'entendre l'écho de sa voix. Même tremblante, même brisée, je m'en fichais. Tant qu'il continuait de murmurer au cœur de mon oreille, je l'écouterais. Toujours. À tout jamais.
— Pas tout de suite. Il marqua une légère pause, en reprenant une bouffée d'oxygène qu'il laissa échapper de suite. Je préfère attendre d'être sûr qu'ils soient endormis pour y retourner. J'ai assez parlé avec eux pour aujourd'hui.
Il soupira longuement avant de détourner son regard vers moi et de sourire bêtement. Je m'étouffais avec ma propre salive en baissant les yeux jusqu'au sol, tant l'éclat de ses pupilles faisait souffrir les miennes, le cœur battant, le souffle court.
Je tombais.
Je tombais irrémédiablement.
Parce que ce foutu blond au regard océan avait réussi à me faire chanceler.
Le sol m'attendait. Et est-ce que la chute ferait mal ? Affreusement mal ? Je ne voulais pas atterrir. Je ne voulais pas souffrir. Pas comme ma mère. La douleur de ses yeux, je ne voulais pas qu'elle m'atteigne. La peine de son sourire, je ne voulais pas qu'elle s'écrive le long de mes lèvres. Ça me terrifiait. Plus que tout.
Alors, je préférais continuer de tomber, de m'effondrer sans jamais connaître le dénouement. La triste finalité.
— Alors, je vais attendre avec toi.
Son sourire s'élargit quelque peu le long de sa bouche et il attrapa délicatement un cailloux se trouvant près de lui avant de le lancer au loin, au fond de la pénombre, et d'écouter le silence qui nous envahissait à nouveau.
— Tu es sûr ? T'as l'air fatigué, vas te coucher Elyo. Je peux attendre tout seul, ça ne me dérange pas.
Je tournais la tête de gauche à droite en signe de négation face à sa proposition, les quelques mots qu'ils venaient d'affirmer sans aucune conviction avant de placer mes doigts glacés au fond de mes poches et de remonter mes genoux jusqu'à mon torse, une grimace reflétant la gêne sur mon visage et un air embarrassé au fond des yeux.
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FORNEVER (bXb)
RomanceEliott Wils était un adolescent de 17 ans qui se nourrissait des mots des livres quand l'oxygène ne suffisait plus à le maintenir en vie. Elyo Penters était un adolescent de 17 ans qui coloriait les parties blanches de ses toiles, mélangeant sa tri...