Larmes de feu

Chapitre 49

Point de vue de Lohana.

Tout est noir autour de moi, je ne ressens plus rien même pas Aura.

- Au... Aura ? AURA ! Je n'entends pas ma voix, je ne sens pas ma gorge, pas mon visage, pas mon corps.

Serais-je morte ? Est-ce à cela que ressemble la mort ? Au néant ? À rien ?

Mon premier sentiment est la déception, je suis morte pour rien, si facilement. Je ne reverrais jamais Aura, Aaron ou qui que ce soit. Je ne sais pas pourquoi mais j'avais toujours imaginé que j'aurais au moins le temps de dire au revoir à ma louve.
Puis vient la colère, comment pouvais-t'on utiliser une technique aussi barbare, vicieuse et humiliante ? Le commanditaire de cet attaque devait être un vrai psychopathe. C'est même presque sûr qu'il ne payera jamais avec des technique aussi anonyme et répugnante.
Et finalement la honte, moi qui pensais avoir percé le secret de cette attaque j'étais largement à coté de la plaque. On peut désormais probablement m'imputer l'état de la meute sans être dans le faux.

- Il n'y a rien alors autant réfléchir à cette dernière situation. Toujours aucun son.

Commençons par le début. Je suis sûre de mon interprétation de ce que disait le prisonnier. Donc les premières possibilité sont qu'il aurait espionné pour obtenir de fausses informations ou alors qu'il été envoyé pour nous leurrer. Dans le premier cas le plan aurait donc peut-être changé à cause de lui. De façon plus plausible il aurait été manipulé. Mais cela implique un plan prévu de longue date et bien ficelé. Comment prévoir qu'un maillon de la chaine prodiguerait à coup sûr de fausses informations.

On peut aussi imaginer que ce prisonnier n'était pas voulu. Puisque le plan même sans rien anticiper est inimaginable. Se pourrait-il donc que l'attaque soit indépendante de la volonté de la meute Blatecar ? On peut même imaginer que s'il n'y avait aucune traces de patrouilles ni même de présence, la meute n'est peut-être plus là du tout.

Soudain quelque chose me vient, une odeur à peine détectable, tellement discrète que je crois l'imaginer. Je n'arrive plus à penser à rien tant je suis envahi par cette odeur pourtant indistincte et distante malgré qu'elle m'enveloppe.

Je finis par avoir l'impression d'être dans un brouillard que je ne peux distinguer dans la nuit. Je me sens inconfortable sans pouvoir définir pourquoi. Je ne saurais dire combien de temps je me reste comme ça mais plus rien n'évolue. L'odeur est toujours lointaine et pourtant bien présente. Mon sentiment d'inconfort ne disparait pas et pourtant je ne parviens à le définir. Comme si mes sensations s'étaient déconnecté de mon esprit et que les mots ne prenait plus de sens. J'ai l'impression de paniquer sans avoir mon coeur qui s'emballe.

J'ai envie de pleurer mais rien ne bouge, le brouillard et là l'odeur aussi mais pas vraiment moi. Le temps passe et je ne fais que perdre pieds et me laisse fondre dans la détresse, le temps passe et je finis par me dire que je ressemble désormais peut-être à un petit fantôme perdu. Peut-être que la déesse finira par me trouver moi aussi pas que Aura. Le temps passe surement et je ne pense plus à rien. L'odeur est là mais je m'y suis habituée. Je finis par me rappeler de ce à quoi je réfléchissais avant tout ça.

La meute n'était plus sur son territoire, peut-être que l'escadron d'Aaron a rencontré le même sort que nous et c'est pour cela qu'il n'y avait aucune communication. Je marque un temps de pause. Je pense pourtant que les loups dans le nuage ont entendu mon ordre donc peut-être que la poussière d'argent ne brouille pas les communications. Ce qui voudrait dire que la petite expédition n'a peut-être même pas idée de ce qui s'est passé avant de revenir.

Ça voudrait dire qu'ils sont donc vraiment allés loin. La meute est donc vraiment entièrement partie ? Quel intérêt ? Ils pourraient aussi s'être caché pour éviter le nuage. Mais l'argent est un métaux lourd, jamais il ne se serait envolé jusque sur leurs terres. N'y a-t-il plus de meute ?

Je soupire. Je pourrais entièrement me tromper. Tellement de possibilités.

- Et une éternité pour les explorer. Ironisais-je en silence.

J'aimerais prendre des notes pour me souvenir et pouvoir avancer de façon constructive. Quitte a être dans le néant pour toujours autant ne pas tourner en rond. Évidement je ne peux pas.

- Rien, il n'y a vraiment... vraiment ? Rien... me murmurais-je.

Si je pouvais pleurer je pleurerais. Si je pouvais crier je crierais. Mais non. Je ne peux rien faire et ça me semble insupportable. Est-ce que le temps s'est arrêté dehors ? Sinon combien de temps s'est écoulé ? Une seconde ? Peut-être que le temps passe différemment, plus vite. Une heure ? Une journée ? Une Semaine... Puisque je ne suis plus là peut-être que je ne suis plus vraiment sur un espace temps.

Je rigole légèrement. Je commence à imaginer des choses folles.

- Un espace temps ? Ah ah. Le temps coule forcement et mon corps va se décomposer mais c'est amusant d'imaginer des choses farfelues. Les foetus rêvent eux ?

Je deviens peut-être folle. Je ne peux différencier si je parles pense ou murmure. Il n'y a aucun son. J'ai vite perdue la tête. Peut-être que je peux rêver. Je me concentre et des images me viennent à l'esprit, d'abord Aura. Cela me brise le coeur, auparavant dès que j'imaginais Aura elle venait elle même à mon esprit bien vivante, elle même pas un vague souvenir.

Puis je pense à Aaron, notre première rencontre, d'ailleurs il puait une autre femelle. Je gronde en silence, j'avais oublier de lui faire payer. Un soupir s'échappe. Finalement c'était peut-être mieux, le temps qu'on aura passé aura été plus heureux que bagarreur. Je commence à m'enfoncer dans divers souvenirs moroses comme mon dernier échange avec Pamela. Finalement elle est peut-être plus heureuse comme une humaine parmi les humains.

J'essaye de me remémorer le groupe de personne avec qui elle passait son temps quand nous n'étions plus ensemble. C'était des humains oui mais à quoi ressemblaient-ils déjà... Je n'arrive pas à mettre le doigt sur leur visage et une angoisse monte en moi.

Serais-je entrain d'oublier?

Soudain je sens mon bout du doigt.