Chapitre 1

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-21h30-

Je regarde anxieusement ma montre.

— Zut, je vais encore être en retard! pensé-je.

J'enfonce nerveusement les clefs dans la serrure de mon domicile pour fermer la porte.

Je me précipite alors en bas et me dirige au pas de course vers le métro.
Une fois engouffrée dans le premier train, je me pose et jette à nouveau mon regard sur l'heure.

— 21h40... soupiré-je, paniquée par la manière dont mon poivrot de patron lèvera son poing vers moi pour me réprimander, ou crier à tue-tête que je suis en retard.

Je me mets finalement à prier pour qu'il ne me renvoie pas...

-21h55-

Je commence à courir vers le petit bar miteux où je suis employé.
La devanture, anciennement beige, est fissurée de partout, et la crasse profondément encrée commence à attaquer visiblement l'intégrité même du bâtiment.

Les fenêtres de la maison abandonnée du dessus sont explosées et les montants fracassées.
L'enseigne lumineuse représentant une pin-up allongée en petite tenue avec une bière à la main crépite, donnant l'impression qu'elle va également déflagrer à tout moment.

De l'intérieur de mon lieu de travail s'échappe une odeur forte d'alcool, et un relent de rejet gastriques me saute à la gorge.
C'est atroce, comment peut-on avoir envie d'entrer dans un tel bar? J'inspire une dernière fois l'air environnant avant de passer le pas de la porte, rejoignant la cohue locale.

Je me dirige directement vers les vestiaires où j'enfile la tenue du restaurant ; c'est un t-shirt blanc avec l'insigne du bar en rouge et un pantacourt noir trop moulant, trop fin, trop transparent, ce n'est pas l'idéal quand notre culotte n'est pas noire.
Il y a tant de points négatifs et tant d'exigences pour avoir ce poste, et quand bien même je ne suis pas sûre de trouver un meilleur job en tant qu'étudiante.

J'enfile par-dessus un tablier rouge, et en le saisissant, mon carnet et mon stylo tombent, youpi... ironisé-je intérieurement.

— C'est parti... soufflé-je, avec lassitude.

Je sors des vestiaires et cherche Pamela du regard, enfin, je l'aperçois, elle est là. J'accours près d'elle découvrant son teint pâle et ses cernes profondes, pourtant, même fatiguée, elle reste si belle.

— Oh Lohana, enfin... soupire-t-elle tellement soulagée de voir la relève arriver, qu'elle me tombe presque dans les bras.

— Désolée Pamela, rentre vite et dors bien! lui intimé-je, en déposant un baiser sur son front avant de commencer à prendre les commandes des clients avec un sourire faux, mais parfait, plaqué sur le visage.

Le patron n'est pas venu me faire la morale, sûrement trop occupé à décuver.

Enfin! Il y a de moins en moins de monde, c'est la "pause" de 23h45.
Je ne saurais expliquer pourquoi, mais entre quarante-cinq et minuit il y a moins de personnes, sûrement que les gens ont trouvé un bar où s'asseoir et ne sont pas sûr d'en trouver un autre ouvert alors ils attendent la fermeture.
Enfin bon, tout ça pour dire que c'est une routine.

J'ai servi tous les clients présents et pour l'instant personne n'a fini, j'en profite pour m'affaler et interpeller Mike, un collègue.

— Mike! lui souris-je faiblement dès qu'il croise mon regard suite à mon interpellation, tu peux me servir un coca, s'il te plait?

Larmes de feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant