Je n'ai jamais eu réellement peur de Simon parce que je savais que mon père serait toujours près de moi. Depuis que nous avons appris qu'il va mourir, c'est différent. Il est encore trop tôt, je n'ai pas les armes pour me défendre contre lui. Malgré tout, je reste courageuse, je ne vais pas me laisser faire. De plus, je suis légalement protégée.
Je m'avance dans l'allée centrale de l'église vêtue d'une robe noire qui me couvre entièrement le haut du corps. La vue de la photo et du cercueil de mon père me laisse glisser un léger sanglot.
Je m'assois près de ma mère au premier rang. Dans la colonne d'à côté se trouve Simon et Michelle. Ces derniers ont le visage fermé et sans expression. Je me demande bien si mon demi-frère est triste de la mort de notre père. Il est mort six jours après avoir offert la bague à ma mère.
Nous sommes en mai, il commence à faire chaud mais cette journée-là est particulière. Le ciel est gris comme pour compatir de notre tristesse à tous.
Des dizaines de personnes s'entassent dans l'église dont de nombreux amis et collaborateur pour dire une dernière fois au revoir à mon père. Le prêtre commence son discours et tout le monde se tait immédiatement.
Je ne suis pas à l'aise, je sens la présence de nombreux garde du corps tapis dans l'ombre du bâtiment. Par réflexe, je serre la croix en or ornée de diamant que mon père m'a offert pour ma première communion, comme si elle pouvait tous les faire disparaitre. J'ai toujours porté ce pendentif depuis que je le possède.
J'écoute à peine le prêtre. Je sais que c'est mal mais je suis très nerveuse depuis qu'il est mort voilà trois jours. Ma mère le sens et me presse discrètement la main.
Je perçois le regard de la famille de Michelle sur nous. J'ai toujours su ce qu'ils pensent : « comment François ose-t-il se présenter avec sa maitresse à cette soirée ? », « à cause de cette bâtarde, Simon devra partager son héritage ». Cela ne me fait pas de mal, je suis habituée à cette vie depuis ma naissance et je sais que je suis bien plus heureuse que Simon.
A la fin de ce qui me semble une éternité, la cérémonie s'achève. Des hommes viennent pour amener le cercueil dans le grand cimetière qui jouxte l'église. Michelle se presse derrière avec un mouchoir à la main. Elle veut montrer que c'est elle la première épouse. Je ne dis rien et la laisse passer avec Simon. En revanche, je coupe le passage à toute la famille de ma belle-mère. Ces gens-là arrive en derniers dans la pyramide familiale. Après tout, je suis la fille de François Delbot. Ma mère me fait les gros yeux mais elle me suit.
Nous sommes rassemblés autour de la tombe lorsque le cercueil est mis en terre. Le prêtre prononce à nouveau un discours, plus court cette fois-ci puis nous nous mettons en silence en file indienne. Michelle jette une motte de terre en première puis vient Simon.
Je suis juste derrière lui et j'observe sa nuque. Je me demande comment un être aussi grand et maigre, à la peau si blanche et sans barbe puisse être un monstre. Quand nous étions petits, il aimait bien torturer les chats dans la rue en tirant sur leur queue et leurs oreilles. Mais il n'y a pas que ça... Au collège et au lycée, Simon harcelait d'autres personnes, il aime ça faire du mal aux autres. Je l'ai compris avec toutes ces petites copines ou plutôt plan cul que je croisais parfois dans les couloirs de la maison familiale. Je ne vois pas ce qu'elles lui trouvaient mais je ne peux pas être objective, c'est mon demi-frère.
A mon tour, je jette une motte de terre sur le cercueil. Je fais une petite prière avant de partir. Simon s'est toujours moqué de mon attachement à la religion.
Je me mets sur le côté près de ma fausse famille. Je vois Michelle fusiller ma mère du regard lorsqu'elle jette une tulipe rouge flétrie avec la terre. Cette fleur représente l'amour éternel, ce que cette femme n'aura jamais connu avec mon père.
VOUS LISEZ
Une divine torture
Romance⚠️ Ce roman est une romance sombre mais il est quand même réservé à un public âgé d'au moins 18 ans ⚠️ Fille illégitime, Antonella se bat contre son demi frère pour sauver l'entreprise familiale et conserver son héritage. A la mort de leur père, Sim...