Une divine torture

Chapitre 22

Face à ma question, Kostas se referme. Il a fait preuve de beaucoup d'engouement dans ces dernières phrases. Maintenant, il semble se rappeler qu'il s'est un peu emballé. Il se détourne en ruminant.

Je pousse un soupir d'exaspération. Je ne veux pas le forcer à me révéler tous ses secrets, mais il va bien devoir me dire certaines choses à un moment donné. Si ce n'est pas le cas, je vais devoir le forcer. Je n'ai pas envie de faire un scandale, mais je n'aurais pas le choix.

Je me retrouve seule dans la salle de bain. Je me sentais bien avec Kostas après que nous avons presque couché ensemble. Maintenant, j'ai un gout amer dans la bouche.

Je vais dans la chambre mais mon amant n'est plus là. J'espère qu'il n'est pas encore parti dehors. Je vois ça comme une manière de fuir et je n'aime pas les personnes qui fuient leurs problèmes.

Je m'habille dans le dressing puis je vais dans la grande pièce à vivre. Kostas est là, vêtu d'un t-shirt et d'un short en coton. Il est en train de prendre des choses dans les placards et dans le frigo.

- Qu'est-ce que tu fais ? je demande.

- Je cuisine, marmonne-t-il sans un regard dans ma direction.

Je hausse les sourcils. Kostas n'aime pas vraiment cuisiner, je ne l'ai jamais vu faire en tout cas. Il se contente de commander des plats cuisinés frais et surgelés chez un traiteur pour la semaine.

Mon amant semble concentré dans sa tâche et je ne veux pas le contrarier en le bombardant de questions. Moi aussi, je devrais faire quelque chose pour m'occuper.

Je regarde l'heure. Il cuisine et je comprends que le temps est passé extrêmement vite. Il est presque trois heures de l'après-midi et nous n'avons pas déjeuné. Mon ventre gargouille et je me rends compte que je n'ai pas mangé depuis une éternité.

Je n'ai pas envie de passer pour une goinfre alors je retourne dans la chambre. Je sens déjà les odeurs des ingrédients qu'utilise Kostas pour faire son plat.

Je sais qu'il doit cuisiner pour se changer les idées, ne pas répondre à mes questions. Mais plus le temps passe, plus mon amant me connait alors que moi, je ne suis pas plus avancé le concernant.

Je veux dire, émotionnellement, je commence à comprendre comment il fonctionne, mais je ne connais rien de sa vie et de ses gouts. J'aimerais apprendre à le connaitre. Je ne sais pas pourquoi, mais j'en ai envie.

Je prends un carnet de coloriage thérapeutique. Il faut que je me détende et que j'arrête de réfléchir. Mon cerveau va finir à exploser. Je n'ai pas énormément de relation avec les autres, mais généralement elles ne sont pas aussi compliquées. J'espère que ce n'est pas comme ça avec tous les hommes parce que sinon, je préfère rester célibataire.

Une éternité plus tard, je suis toujours en train de colorier un bel oiseau. Je veux qu'il soit multicolore et de bonne humeur.

Les odeurs de cuisson sont de plus en plus fortes et mon ventre gargouille de plus belle. Je ne sais pas ce que Kostas est en train de faire mais ça sent super bon.

- Le repas est prêt ! tonne la voix de mon amant.

Je range mes affaires de coloriage puis je le rejoins dans la cuisine. Le plan de travail est encombré et une marmite est posée sur un dessous de plat près de deux assiettes.

Prudemment, je m'installe sur l'un des tabourets. J'observe Kostas du coin de l'œil pour jauger son humeur. Il semble plus ouvert que tout à l'heure.

- De quoi s'agit-il ? je demande en observant ce qu'il y a dans la marmite.

- C'est du giouvetsi, dit-il d'une voix neutre.