Une divine torture

Chapitre 31

Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Je m'étais habituée à dormir chaque soir près de lui. Maintenant qu'il n'est plus là, il y a un vide irremplaçable.

La chambre m'étouffe, elle n'est pas aussi grande que la sienne. C'est étrange de penser ça d'un endroit que je connais, qui est familier.

Le soleil pénètre à travers le store presque totalement baissé. Je peux voir mon bureau avec toutes mes affaires de classe. Tout cela me parait soudain presque nouveau.

Je ne suis partie que deux semaines, mais j'ai l'impression que cela fait des mois. Le temps ne s'est pas déroulé de la même façon en Grèce. J'ai la sensation d'être passé dans une boucle temporelle et d'avoir changé littéralement de monde.

J'ai retrouvé ma vie d'avant et maintenant que j'en ai conscience, je me rends compte que c'était de la merde. Je ne suis plus la même depuis que Simon m'a abandonné à Kostas. Le virage qu'a pris mon existence ce jour-là m'a rendu plus forte. Je n'ai pas envie que mon demi-frère s'en sorte aussi facilement.

Je sais que je n'en serais pas là sans lui. Je ne regrette pas d'avoir rencontré Kostas, mais les circonstances de notre rencontre oui.

Je lui dois plus que ce que je pensais. Il m'a permis de lâcher prise dans mes études, mais aussi dans ma vie familiale. J'ai réalisé à quel point Simon avait une emprise sur moi. Son ombre m'empêche de m'épanouir et d'être tranquille. Je sais qu'il le fait exprès car c'est un sadique.

J'ai oublié pendant deux semaines tous les malheurs de mon existence. Je pensais que le destin était écrit, que jamais je ne pourrais m'opposer à Simon et à son pouvoir.

Je suis forte. Je le sais maintenant. J'ai les armes pour pouvoir le battre et le faire croupir en prison.

Je suis en colère, mais je n'ai plus de haine pour cet être ignoble personne. Il ne sait pas aimer et n'a aucune empathie pour les autres : c'est l'une de ses faiblesses. Toutefois, je dois encore trouver son talon d'Achille pour le mettre KO une bonne fois pour toutes.

J'ai passé une bonne partie de la nuit à me poser des questions à tête reposée. Je réfléchis mieux dans le noir et allongée dans mon lit. Toutes mes réflexions me sont parvenues quand je me suis réveillée. Cette fois, tout est en ordre. Je me sens mieux.

Avant, je n'aurais jamais pu m'épanouir sexuellement. J'étais si détendue et l'esprit vide que je suis parvenue à avoir plusieurs orgasmes avec Kostas.

Penser à lui me trouble plus que je le voudrais. Je m'y autorise enfin. Je dois mettre des mots sur ce que je ressens.

Le problème c'est que je n'ai jamais ressenti quelque chose comme ça. C'est fort et puissant, j'ai l'impression d'être invincible. C'est dans cette innommable sensation que je puise cette force pour vaincre définitivement mon demi-frère.

J'aimerais en parler à quelqu'un pour avoir son avis. Ma mère ? Elle est la seule à qui je puisse me confier.

A chaque fois que je pense à Kostas, je sens une chaleur dans la poitrine et mon cœur s'accélère. J'ai envie d'être avec lui, mais je ne le peux pas. Pas après ce qu'il m'a fait. Je me sens trahit, plus que la fois où Simon m'a fracassé au sol pour me dire des horreurs.

- Antonella ! appelle ma mère du salon.

Je suis en pyjama, je n'ai pas envie de me lever, mais je le dois. En me redressant, je remarque mon téléphone sur la table de chevet. Ce n'est pas celui de Kostas, c'est le mien, celui que j'ai laissé dans le sac de ma génitrice cette fameuse nuit. Un papier déchiré se trouve à côté : « N'utilise pas tes réseaux sociaux et ne parle à personne ».