Chapitre 13

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J'ouvre doucement les paupières lorsque le sommeil ne m'emporte plus dans les contrées du rêve. Je me suis reposée malgré l'orage qui a tapé une partie de la nuit.

Je remarque que je suis près de Kostas, vraiment trop près de lui. Je suis à moins de dix centimètres de lui. Il me tourne le dos mais je peux sentir ses inspirations et expirations.

Je me décale doucement pour ne pas le réveiller. Malheureusement, son réveil sonne à ce moment-là. Il ne fait pas beaucoup de bruit car Kostas a le sommeil plutôt léger.

Je me retourne brusquement contre la baie vitrée. Les nuages sont à nouveau d'un blanc cotonneux et le ciel est bleu.

Je l'entends remuer dans les draps puis plus rien. Il s'est levé pour aller dans la salle de bain. J'entends l'eau du lavabo couler. Kostas ne ferme jamais la porte cette pièce.

Je crois qu'il est en train de se raser. Je suis toujours dans le lit à faire semblant de dormir. Comme il ne peut pas me voir, j'ai les yeux rivés sur la ville en contre-bas. J'aimerais bien y aller. Je ne suis jamais allée à Santorin.

Mon père m'amène parfois en voyage d'affaire avec lui mais je n'ai jamais eu l'occasion de visiter grand-chose. En revanche, j'ai pu faire le tour de l'Italie à plusieurs reprises avec ma mère. Ce pays est vraiment incroyable et je pense que nous pourrions y être heureuses. Une fois qu'il m'aura libéré, je parlerai de ce nouveau projet avec mère. Autant changer de pays pour ne plus avoir Simon dans le même endroit que moi.

- Il faudra m'expliquer ce qu'il s'est passé hier soir, m'ordonne Kostas d'une voix dure.

Plongée dans ma rêverie, je ne l'ai pas entendu sortir de la salle de bain. Je me suis fait griller à cause de mon inattention. Plus je l'évite et mieux je me sens.

- Je sais que tu es jeune mais je ne pensais pas qu'une femme aurait des peurs d'enfants, grogne-t-il.

La fureur s'empare de moi et je me redresse.

- Si mon connard de demi-frère ne s'amusait pas à me faire peur avec ses déguisements d'Halloween pendant qu'il y a de l'orage, je n'aurais pas eu peur ! je m'exclame.

Kostas hausse les sourcils. Il ne s'attendait pas à ce que je riposte de cette manière.

- Il est responsable de tous tes malheurs on dirait.

- Sans blague ! je raille. Simon est un monstre et ma seule présence sur cette terre l'offense au plus haut point.

- Il a peur de toi, déclare-t-il en mettant sa chemise.

Je reste quelques secondes dans mes réflexions.

- Je sais pourquoi Simon a fait tout ce qu'il m'a fait mais je ne vais pas en discuter avec un inconnu.

Sur ces mots, je me lève pour aller dans le salon. Je n'ai plus envie de dormir et je commence à avoir faim. Je me sers à manger dans le frigo.

Kostas me rejoint quelques minutes plus tard pour prendre son petit déjeuner. Il fait fonctionner la machine à café puis il prend des galettes grecques dans le placard et une pomme dans le frigo.

Il fait tout cela en étant près de moi et mes poils se hérissent. Son contact me donne envie de vomir. Pourtant, je me rappelle encore d'hier soir. Il s'est montré très gentil avec moi pour changer.

Je me rappelle de sa peau contre moi. Elle était douce et elle sentait bon. Ça fait longtemps que je n'ai pas eu autant de douceur dans ma vie.

- A quoi penses-tu ? questionne-t-il en buvant son café.

Son regard noisette est perçant. Je rougis en détournant le regard. Il sait très bien à quoi je pense, il veut juste que me mettre mal à l'aise.

J'ai honte de m'être comportée comme ça hier soir. Je ne comprends pas pourquoi j'ai fait un cauchemar alors que je ne suis plus dans la maison de mon père. Une boule se forme dans mon estomac quand je pense que je n'y reviendrais jamais. C'est l'appartement de Simon et Michelle désormais, je n'ai plus ma place là-bas. Mais c'était quand même l'endroit où j'ai vécu de très bons moments avec mon père.

Une divine tortureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant