Une divine torture

Chapitre 18

Il est vingt heures passées lorsque je finis de retirer mes poils dans la salle de bain. Kostas n'a pas demandé ce que je fabriquais et je l'en remercie.

Je vais dans le salon pour me préparer un plat, mais je ne suis pas seule. Mon amant est assis sur l'un des tabourets de bar avec devant lui deux énormes assiettes d'une salade composée.

- J'ai commandé une salade grecque, explique-t-il sur un ton neutre.

- C'est gentil, je réponds gênée.

Je ne sais pas quoi lui dire. Nous ne nous sommes pas vraiment parlés depuis que j'ai quitté la salle de bain pour le laisser panser sa blessure.

Je m'assois à côté de lui où m'attends mon repas du soir. Un silence gênant s'installe entre nous.

Je ne sais plus comment me comporter avec lui. Je pense que le mieux est de voir comment il se comporte avec moi.

Ce soir, il n'est pas froid comme d'habitude mais il n'irradie pas la chaleur non plus. Peut-être que lui non plus ne sait pas comment réagir maintenant que nous avons enterré la hache de guerre. Je crois que je me prends trop la tête, il faut que j'arrête. Nous mangeons en silence mais cela devient insupportable pour moi.

- Qu'est-ce que Simon t'a dit sur moi pour que tu acceptes de marchander avec ce démon ? je demande en me tournant vers lui.

Il me regarde sans surprise ni colère dans le regard.

- Je sais que tu es étudiante à HEC avec un QI de 128, répond Kostas comme si je lui demandais d'énumérer la liste des courses. Il m'a donné une description physique complète accompagnée d'une photo. J'ai eu droit à certains traits de caractère comme la gentillesse et la dévotion.

Je l'observe avec de grands yeux étonnés.

- C'est ce qui m'a poussé à te choisir, termine-t-il.

Après cela, il ne dit plus rien et mange sa salade.

- Je ne sais rien de toi, je fais remarquer.

- Qu'est-ce que tu veux savoir ? questionne-t-il l'air désinvolte.

- Est-ce que tu travailles dans la pornographie ?

Kostas se tourne vers moi comme si j'avais dit un gros mot.

- Non, je travaille dans le tourisme, me détrompe-t-il. Mon entreprise possède neufs hôtels resort de haut standing.

Je lâche un soupir de soulagement et cela fait le rire. Je profite de cet instant car c'est rare quand il réagit comme ça.

- Delbot m'a donné une description standard concernant tes qualités, reprend-il. Mais je découvre que tu parles sans détours. J'aime la franchise.

- Quand on est entouré de personnes hypocrites ça fait du bien, c'est certain, j'approuve.

Je mange lentement pour faire durer le moment. J'apprécie de discuter avec lui, d'avoir un contact plus humain.

- Tu n'as pas l'air d'apprécier ta vie ni ton frère. Concernant ce dernier, ça se comprend. Je ne le connais pas mais il avait d'une personne vraiment détestable.

- C'est certain, je valide. Simon aimait me faire peur quand j'étais petite puis il a commencé à m'intimider en racontant des choses horribles sur moi aux amis qui venait à la maison. Il voulait absolument m'isoler. Heureusement que mon père et ma mère sont aimants.

Je ne sais pas pourquoi mais je lui balance toute mon histoire. Parler avec une personne extérieure qui ne connait pas les gens du Pays Basque me fait beaucoup de bien.