Chapitre 32

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Dupuis me regarde avec un sourire entendu.

- D'abord, il faut savoir qu'elles sont les accusations que Simon Delbot va faire peser sur nous, reprend-il d'un ton sérieux. Il existe trois types de contestation d'un testament. La première concerne l'incapacité morale ou physique du donateur de transmettre un consentement éclairé au moment des opérations de partage pour la succession.

Je lève les yeux au ciel en entendant cela.

- Simon Delbot ne rentre pas dans cette catégorie. Il ne peut pas non plus recourir à la seconde option qui est l'oubli au moment du partage. En revanche, la troisième option peut être envisagée. Il s'agit du partage dit « lésionnaire ». La lésion résulterait d'une erreur dans l'évaluation des biens du patrimoine de votre père ou d'une erreur dans le calcul des attributions entre vous et votre demi-frère.

- Mais c'est invraisemblable ! je m'exclame.

- Il est certain que cette dernière catégorie qui va être retenu, insiste l'avocat. La défense dira qu'il n'est pas normal que vous possédiez la moitié de la fortune de votre père car vous êtes née hors mariage, de la maitresse de monsieur Delbot, une relation qui dure depuis plus de vingt ans. De plus, il vous a légué la présidence de l'entreprise alors que vous n'êtes pas l'ainée des enfants et que vous êtes encore une fois née de sa maitresse. Cela est marqué sur un testament secret qui ne joue pas en notre faveur : il y a doublon. Votre père n'aurait pas dû faire ça.

Je suis irritée par les paroles de cet homme, mais je sais qu'il a raison.

- J'ai été reconnu par mon père, je me défends.

- Même si cette explication me parait un peu bancale, il serait facile pour un homme comme Simon Delbot et ses avocats de monter une défense en béton, surtout s'il engage les meilleurs et Dieu seul sait qu'il en a les moyens.

- Vous êtes très bons, intervient ma mère. Vous ne pensez quand même pas qu'on va perdre ?

- Nous pouvons gagnez, affirme Dupuis, mais il faudra très bien préparer le dossier.

- Qu'allons-nous faire dans ce cas ? demande ma mère.

L'avocat marque une pause avant de reprendre :

- Nous allons insister sur la relation qu'il y a entre vous et votre père. Nous n'avons pas vraiment de preuves que votre père vous adorez, mais nous pouvons nous en sortir. Il faudra parler de vos études et de vos capacités pour être la mieux placée dans la gestion de l'entreprise. Et surtout mentionner toutes les choses que Simon Delbot vous a faite et qu'il vous déteste. Cela est justifié et sera compréhensible pour les jurées.

Je regarde ma mère avec surprise. Personne n'est au courant de ce que mon demi-frère m'a fait subir. Elle a dû en parler avec lui pour appuyer notre défense. Je ne lui en veux pas, mais je ne pensais pas qu'elle allait donner des détails. Car en regardant Dupuis, j'ai l'impression qu'il sait beaucoup de choses.

- Seulement, il serait judicieux d'obtenir des documents sur les activités de Simon Delbot, dit-il.

- Comment ça ?

- J'ai entendu dire qu'il y avait un bras de fer entre lui et le successeur de votre père – en attendant et que vous repreniez les rênes, pour la place de PDG. Toutefois, ce n'est pas cela qui me préoccupe. Je le soupçonne de trainer dans des affaires louches. Pour le savoir, il faudrait avoir accès à son ordinateur personnel qui se trouve au siège et qui est très sécurisé.

Je pousse un soupir de désespoir. Il faut des preuves, des documents écris, des actions louches de comptes en banque et que sais-je encore.

- En attendant, j'ai réussi à me procurer quelque chose grâce à des collègues de la police. Dans le cadre de l'enquête, se sent-il obligé d'ajouter.

Une divine tortureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant