J'ai dû repartir à Paris pour ma semaine d'examen. Après cette, j'aurais terminé mon année à l'université. Toutefois, il me reste encore un mois entier de travail à l'entreprise de mon père avant de terminer mon alternance. Maintenant qu'il n'est plus là, j'ai un peu peur de ce qui va se passer même si je sais que son successeur est quelqu'un de compétent.
Je consulte l'application de ma banque : j'ai plus de cinq millions d'euros. Quelques jours avant de mourir, mon père a demandé aux banquiers de répertorier toutes les entrées d'argent. Il a tenu à mettre sur le papier les sommes qu'il nous a donné à Simon et à moi pour éviter les problèmes lors de la distribution de l'héritage. Ma mère a reçu plus d'un million de sa part. Je sais que d'un point de vue financier, je ne manquerais de rien.
Je suis en train de réviser dans mon studio situé à dix minutes de mon école. Je n'ai pas vraiment la tête à ça. C'est normal, mon père est mort. Je ne suis même pas sûre qu'en révisant je vais doublement briller aux examens. Je suis intelligente, j'ai déjà travaillé, je vais y arriver.
Je ferme mon livre dont les pages sont surlignées de toutes les couleurs puis je me change. Je n'aime pas me promener en étant mal habillée. Même si Michelle ne m'aime pas, elle voulait toujours que je sois élégante en sa présence. Mon père pensait que c'était une sorte d'affection mais c'était juste parce qu'elle ne voulait pas que je lui fasse honte.
Je quitte mes vêtements d'intérieur pour revêtir une simple robe en coton à manche bouffante trois quarts. Elle est rose clair et possède un col en V. J'utilise mon collier de perle que je pose sur mon cou au-dessus de mon pendentif en croix. Mes cheveux ondulés retombent dans mon dos. Je prends mes Stan Smith blanches pour pouvoir marcher sans avoir mal aux pieds. J'ai un style simple, je n'aime pas les vêtements psychédéliques de toutes les couleurs ou le mélange de matière sur une tenue.
Je me regarde dans le miroir puis je récupère mon sac à main blanc. Je suis jolie, bien habillée sans trop attirer l'attention. Je vais me promener dans le parc près de chez moi. Je le connais par cœur, j'aime me promener pour me détendre et ça arrive souvent.
Je n'ai pas le temps de profiter de l'air tiède car mon téléphone sonne. Je sais immédiatement que c'est ma mère parce que je ne reçois pas beaucoup d'appel.
- Bonjour maman comment ça se passe ? je lui demande. On n'a pas de problèmes avec Simon ?
- Ne t'inquiète pas Antonella tout va bien, me rassure-t-elle. Passe tes examens dans la tranquillité. Simon m'a envoyé un mail concernant le bal masqué annuel qui a lieu la semaine prochaine. Tu dois être présente, il ne veut pas que les gens pensent que tu es en train de te morfondre. Il faut faire bonne figure.
- Il veut juste être sûr que les gens ne pensent pas que je suis morte et le soupçonne d'être le responsable, je réponds avec sarcasme.
Cette blague n'a pas fait rire ma mère qui reste muette à l'autre bout du fil.
- Ce n'est pas tout, ajoute ma mère d'un air tendu.
- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande.
- Simon veut que je sois présente, termine-t-elle.
Je fronce les sourcils. Ma mère n'est jamais venue aux fêtes réservées aux collaborateurs de mon père. Elle n'est pas son épouse, elle n'a aucune raison de venir. Pour ma part, je déteste ce genre de soirée mais je me force toujours à y aller.
- C'est étrange comme demande, surtout de la part de Simon.
- Je sais, mais nous devons venir, approuve-t-elle.
- Je ne suis pas d'humeur à y aller, mais si mon demi-frère mijote quelque chose, j'aimerais savoir quoi. Je n'ai pas du tout confiance en lui, encore moins depuis qu'il se comporte bizarrement.
Je fais un mouvement de la main pour chasser une guêpe.
- J'ai appelé la boutique pour qu'elle nous prépare des robes.
- En une semaine, tu crois que les couturières auront le temps de faire nos costumes ? je questionne étonnée.
- Bien sûr que oui. Ta robe est déjà prête depuis une semaine, je l'ai commandé parce que je sais qu'avec ton père à l'hôpital, tu avais oublié cette fête.
- Merci ma maman, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi, dis-je en soupirant.
- Révise bien ma fille, termine-t-elle avant de raccrocher.
Je regarde les nuages au-dessus de mon moi en espérant y trouver un signe divin qui pourrait nous sauver de cette soirée.
- Le ciel va finir par nous tomber sur la tête, je grommelle.
J'ai trois jours d'examens, j'espère que rien de grave ne va se passer d'ici là. J'aimerais pouvoir terminer mon année en paix.
Je marche sur le chemin en terre vers le petit lac qui se trouve dans le parc. Quelques personnes se baladent comme moi en quête de nature.
Je serre dans ma paume le pendentif en or. Je ne sais pas si c'est ma peur ou mon intuition qui parle mais je suis certaine que quelque chose va déraper.
***
J'ai terminé mes épreuves aujourd'hui. Dans trois jours, la fête aura lieu. Je ne sais pas quel masque et quelle robe ma mère a choisi pour moi mais je m'en fous.
J'ai réservé des billets de train pour rentrer à la maison dans la journée. Je n'aime pas savoir ma mère seule à Biarritz. Elle est vulnérable et je ne veux pas que Simon s'en prenne à elle. Non, c'est moi qu'il veut. Si ma mère n'avait pas accouché de moi, il n'y aurait pas de problème pour mon demi-frère. Il trouverait même ça normal que mon père ait une maitresse.
Comme l'école est excentrée, à côté de Paris, mon père paye un chauffeur pour tous mes déplacements. J'ai son numéro et je peux le contacter quand je le souhaite. S'il ne s'occupe pas d'une autre personne quand je le préviens au dernier moment, il vient me chercher.
Laurent mon conducteur, un homme d'une quarantaine d'années gare sa Mercédès devant mon immeuble. Vêtu d'un costard, il descend pour ouvrir la porte arrière. Après m'avoir salué, il prend ma valise pour la mettre dans le coffre. Je m'assois sur la banquette puis je referme la porte.
- Comment ce sont passés vos examens ? demande-t-il en se positionnant derrière le volant.
- Très bien, je vais valider l'année haut la main.
- C'est parfait, approuve-t-il. J'espère que ma fille sera aussi douée que vous à l'université.
- Ne vous inquiétez pas, Ambre est une personne très intelligente.
Je le sais car je lui ai donné gratuitement des cours particuliers en math. Elle est encore au collège mais déjà très vive d'esprit.
- Je ne reviendrais pas avant un moment à Paris. Je vais continuer mon alternance dans l'entreprise la semaine prochaine, je l'informe.
- Quand vous reviendrez, je serais toujours là donc n'hésitez pas à me contacter à nouveau. Monsieur Delbot m'a versé une pension généreuse pour vous conduire même après sa mort.
- Je n'en doute pas, mon père a toujours été très prévenant, j'approuve.
- C'est une tragédie qu'il soit mort, dit-il avec respect.
Je ne dis rien et je regarde la fenêtre. Je n'ai pas envie d'affronter Simon ce week-end. Parfois, j'aimerais juste disparaitre avec ma mère dans un autre monde. Je pense même que quitter la région serait la meilleure idée qu'il soit. On pourrait partir dans le nord, loin de lui et des problèmes. Je pourrais finir mes études tranquillement et revenir prendre ma place dans l'entreprise le moment venu. Ou alors ne rien faire du tout. Cette idée me tente bien et je pense que je devrais la soumettre à ma mère. Cette dernière n'approuve pas la clause secrète disant que je suis l'héritière de l'entreprise à la fin de mes études. Elle pense que c'est dangereux de se mettre en travers du chemin de Simon. Même sans cette clause, je serais toujours la cible de mon demi-frère : ma seule erreur est d'exister.
J'envoie un message à ma mère pour lui dire que je rentre dans quelques heures à la maison pour qu'elle vienne me chercher à la gare en voiture. Je vais descendre à la gare de Bayonne. Simon serait capable de venir m'attendre à la station de Biarritz. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, il ne sait même pas quand je rentre. Je suis trop inquiète, il faut que je me calme. Pourtant, je sais que j'ai mes raisons.

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Une divine torture
Romance⚠️ Ce roman est une romance sombre mais il est quand même réservé à un public âgé d'au moins 18 ans ⚠️ Fille illégitime, Antonella se bat contre son demi frère pour sauver l'entreprise familiale et conserver son héritage. A la mort de leur père, Sim...