J'ai passé la pire nuit de ma vie. Kostas a dormi dans son bureau pour me laisser de l'espace. Je n'aurais pas supporté de le sentir près de moi.
Il n'y a qu'une fois dans le lit que je me suis lâchée. J'espère juste qu'il ne m'a pas entendu pleurer.
Ce matin, je ne ressens plus rien. C'est comme si j'avais fait un blocage émotionnel pour me protéger de la souffrance.
J'ai entendu ce menteur sortir tôt ce matin pour ne revenir que des heures plus tard. Je ne veux même plus savoir ce qu'il fait mais il a intérêt à me laisser sortir de ce trou.
Je me lève pour rassembler mes affaires dans ma grande valise. Une fois que c'est fait, je me dirige dans la salle de bain.
J'ai une tête affreuse dans le miroir. Mes yeux sont rouges et j'ai des cernes sous les yeux. Ma peau est blanche et terne. Je me prépare malgré tout.
Une fois que je suis prête, je pousse un soupir. Je vais devoir affronter Kostas. J'espère qu'après ça, tout sera fini. Je souhaite que ce chapitre de ma vie reste dans mon esprit comme un mauvais rêve et que je pourrais recommencer une histoire ailleurs.
Il n'y a personne dans le salon. Une part de moi est rassurée. J'ai peur de fondre en larme si je le vois.
Non, je dois être plus forte que ça. Je ne peux pas me permettre de montrer mes émotions.
- Est-ce que tu es prête ?
Je sursaute en entendant sa voix dans mon dos. Je me retourne brusquement pour hocher la tête.
- Ton nouveau téléphone et ta carte d'identité, m'indique-t-il d'une voix dure en me donnant l'objet. J'ai réservé un billet d'avion pour Paris puis un taxi pour t'amener à la gare Montparnasse. Ne t'inquiète pas, j'ai tout payé même le TVG pour aller à Biarritz.
Il me dit cela mécaniquement comme un robot.
- Comment te l'es-tu procuré ? je demande surprise.
- Simon me l'a donné après ta venue ici, même s'il n'en avait pas vraiment envie.
Je hoche la tête.
- Nous pouvons y aller, je conclus.
Je vais chercher ma valise dans la chambre. Kostas la saisit sans me demander mon avis. Il est vêtu d'un costume impeccable alors que nous sommes dimanche.
C'était les deux semaines les plus mouvementées de ma vie, c'est le cas de le dire.
Je m'installe dans la voiture pendant qu'il place ma valise dans le coffre. Lorsqu'il me rejoint, je sens l'air quitter peu à peu l'habitacle.
Il est proche de moi et cela fait battre mon cœur plus vite. Je lâche une forte expiration pour me calmer.
Le trajet jusqu'à l'aéroport me parait long alors qu'il ne dure que quinze minutes. Kostas se gare sur la bande d'arrêt minutes.
Il sort ma valise du coffre avec nonchalance. Je la saisis avec force pour la tirer vers moi.
Nous nous regardons de longues secondes dans les yeux en maintenant une certaine distance entre nous.
N'y pouvant plus, je me détourne en tirant la valise derrière moi. Je me fais violence pour ne pas me retourner. Je ne dois pas faire volte-face.
J'entre dans le bâtiment principal puis je me retourne malgré moi. La voiture de Kostas a disparue.
Mon cœur se serre et je fonds en larme en me dirigeant vers les toilettes. Heureusement pour moi, il n'y a personne.
Il me faut une bonne demi-heure pour me calmer et rejoindre le hall. Je fais plusieurs respirations contrôlées avant de prendre le téléphone.
Il est si impersonnel. C'est un IPhone 6 qui a un fond d'écran basique et pas de code. Il y a l'application Booking et OuiSNCF.
En cliquant sur la première, je vois mon billet d'avion. En regardant l'heure, je vois qu'il part dans trois heures. J'ai tout le temps de pleurer et cela me désespère.
L'attente est interminable et même les quelques boutiques à l'intérieur ne me permettent pas de me détendre.
J'ai l'impression d'être une paria, même si j'ai mes papiers et un peu d'argent liquide sur moi.
Même si je n'éprouve que de l'amertume pour Kostas, il a bien organisé le voyage. Je croyais le connaitre mais en fait non.
Je pensais pouvoir me sentir soulagée après ses révélations, que nous pourrions faire quelque chose de notre relation. Evoquer cela me rend malade, mais je dois bien me rendre à l'évidence, j'espérais beaucoup plus avec cet homme.
J'ai compris que tous les êtres masculins étaient comme lui : le pouvoir attire le pouvoir et corrompt n'importe qui.
Je ne le connais que depuis deux semaines. Comment ai-je pu penser qu'il y aurait quelque chose de spécial entre nous ?
A huis clos, ce n'est pas pareil, tout change. C'est terrible ce que Simon m'a fait mais je me sens encore plus mal après la trahison de mon amant. Peut-être parce que je m'attendais à ce que mon demi-frère me fasse un coup dans le dos. Mais Kostas ? Je savais qu'il me cachait quelque chose mais je ne pensais pas que son secret serait si horrible.
- Mademoiselle ? demande une hôtesse Air France en anglais.
- Oui ?
- Est-ce que vous êtes bien dans le vol en direction de Paris ?
- Oui.
- Tout le monde a terminé d'embarquer, les portes vont se fermer.
Je regarde autour de moi. En effet, la salle d'attente est vide, je suis la dernière. L'hôtesse vérifie mon billet et mon identité avant de m'accompagner.
- Vous êtes en première classe, m'indique-t-elle en me montrant ma place.
Je m'assois mécaniquement sans un sourire. Qu'est-ce qui m'arrive bon sang ? Je ne suis pas aussi grossière avec les gens d'habitude.
J'ai l'impression qu'un tsunami est passé dans mon cœur et dans mon esprit. C'est exactement comme ça que je peux d'écrire mon état.
Mais pourquoi suis-je si bouleversée par ce qui viens de se passer avec Kostas ? Une petite voix me chuchote que je n'ai pas envie de réfléchir à ça maintenant. Mon cerveau fonctionne au ralenti et je ne suis pas en état.
Je regarde mon téléphone, la seule chose que je tiens en main. Ma carte d'identité et l'argent sont fourrés dans la poche arrière de mon jean.
Je joue quelques minutes à un jeu déjà installé pendant le décollage.
Une hôtesse vient me servir à boire et un sandwich emballé dans du plastique. Je bois le jus d'orange mais je n'ai pas du tout faim : mon estomac est noué.
Je me force à avaler cette nourriture au gout peu engageant. Je n'ai rien mangé depuis la veille, je n'ai pas pu gouter au plat délicieux du restaurant.
Quelques heures plus tard, nous arrivons à Paris. Je me sens mieux, je suis en France, mon pays.
Lorsque je sors, je remarque beaucoup de gens amassés. Un homme en costume tient une pancarte avec mon nom. Je me dirige vers lui sans un mot.
J'observe mon pays à travers la vitre. Une certaine nostalgie m'envahit. J vais revoir ma mère, la seule famille qu'il me reste.
Une fois arrivée à la gare Montparnasse, je m'achète une bouteille d'eau. J'ai la bouche sèche et il est hors de question que je fasse un malaise.
Après avoir tripoté mon téléphone pendant plusieurs minutes, je compose le numéro de portable de ma mère.
Plusieurs bips retentissent avant que je n'entende sa voix.
- Maman, c'est moi, je murmure d'une voix éteinte.
- Ma chérie ! s'exclame-t-elle en lâchant un cri de surprise.
- Je rentre à la maison.
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Une divine torture
Romance⚠️ Ce roman est une romance sombre mais il est quand même réservé à un public âgé d'au moins 18 ans ⚠️ Fille illégitime, Antonella se bat contre son demi frère pour sauver l'entreprise familiale et conserver son héritage. A la mort de leur père, Sim...