Chapitre 33

365 34 6
                                    

Je suis restée deux semaines à la maison pour préparer la défense. Une fois que nous avions tout le scénario, nous avons répété des heures entières. Il ne faut pas montrer ses émotions et j'ai appris à répondre à des questions déstabilisantes. Dupuis est très bon dans ce qu'il fait, je suis contente qu'il soit là pour nous aider. Maintenant, nous sommes au point sur tout.

L'avion va bientôt arriver à Santorin. Mon cœur bat de plus en plus vite. Je me rapproche de Kostas. Des milliers de questions me bousculent l'esprit. Est-ce qu'il est là ? Comment va-t-il réagir ? Est-ce qu'il va se montrer distant ?

Je joue à Candy Crush sur mon téléphone pour ne plus penser à rien. Ce n'est pas le moment de paniquer alors que je viens en Grèce. Je n'ai pas de billet retour. Au pire, j'irais à l'hôtel me morfondre si Kostas me rejette.

L'engin se pose et je prends une grande inspiration en descendant. Ça y est, je suis à nouveau à l'aéroport de Santorin, là où tout s'est terminé.

Je repère l'endroit où il m'a quitté. J'ai presque envie de voir sa voiture se garer à cet endroit précis. Bien sûr, cela n'arrive pas. Une veille voiture rouge vient prendre sa place.

Je tire ma valise – pas celle que j'avais la dernière fois – elle est plus petite. Je n'ai pas pris énormément de vêtements car je ne sais pas combien de temps rester.

Je me rends dans la zone des taxis. Il y a en a un qui me prends directement. Je lui donne l'adresse.

J'ai réussi à retrouver la maison de Kostas grâce à Google maps. Ça m'a fait quelque chose de voir sa maison. Même si elle n'était pas terminée sur les images satellites, je l'ai reconnu.

Lorsque le véhicule prend la route pour aller jusqu'à la villa, je commence à me sentir mal. Mon plan prend une nouvelle réalité, je réalise enfin que je vais le revoir. Est-ce vraiment une bonne idée ?

Je n'ai plus le choix maintenant. Le chauffeur me dépose devant la maison. Il ne va pas dans l'allée, il se gare sur le bas-côté de la route. Je lui donne plusieurs billets puis je descends. Il s'occupe de ma valise puis il repart en sens inverse.

Je n'entends plus le moteur de la voiture. Seul le bruit des grillons et de la nature demeure.

Je fais glisser ma valise jusqu'à la porte d'entrée. J'ai fait en sorte de ne pas faire trop de bruit. Je ne veux pas éveiller la méfiance de Kostas.

Je ne vois pas sa voiture. Il ne doit pas être encore rentré. A moins qu'elle ne soit dans le garage.

Je fais plusieurs respirations contrôlées pour me détendre.

- Ça va aller, je chuchote pour moi-même. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour partir maintenant.

Je prends mon courage à demain et j'appuie sur la sonnette. J'entends un timbre mélodieux retentir derrière la porte. Visiblement, il a la possibilité de changer de son. Ce n'était pas le même que j'ai entendu la dernière fois.

J'attends une éternité mais rien. Je ne peux pas voir à travers le verre flouté. Je décide alors de faire le tour jusqu'à la terrasse. Je me penche pour voir à travers la baie vitrée. Aucun mouvement à signaler.

Je tourne pour avoir accès au bureau. Rien. Je continue mon chemin jusqu'au balcon. Le terrain est un peu accidenté car il y a des cailloux dans la pente. Je passe ma tête sur le sol de la terrasse car je suis plus basse que le plancher maintenant. Personne.

Je me rends à l'évidence que Kostas n'est pas rentré. Il est dix heures un samedi. Il est plus que probable qu'il soit parti quelque part.

Tant pis, je vais attendre. Je pousse ma valise sous le porche puis je m'assois sur la dernière marche. Ensuite, je sors mon portable de la poche de ma jupe en jean pour envoyer un message à ma mère.

Une divine tortureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant