Une divine torture

Chapitre 30

Le taxi me dépose devant chez moi. Kostas a payé sur les applications avec sa carte bancaire. Je n'avais rien à dépenser.

Je pousse un soupir de soulagement en regardant la façade blanche et la porte en bois. Enfin un endroit familier.

Je n'ai pas atteint la porte que ma mère apparait sur le perron. Elle me saute dans les bras en pleurant.

- Ma chérie, j'ai cru que je ne te reverrais jamais, sanglote-t-elle. Dieu a exaucé mes prières.

Je n'imagine même pas à quel point elle doit être soulagée. Elle a dû passer beaucoup de temps à l'église pour affronter ma disparition.

Elle se détache de moi pour vérifier que je suis bien réelle avant de me serrer à nouveau dans ses bras.

- Rentrons ! s'exclame-t-elle soudainement.

Avant de refermer la porte, ma mère vérifie que personne ne nous ait vu. Dieu seul sait ce que Simon a encore inventé pour justifier ma soudaine disparition.

Je m'assois sur le fauteuil en face canapé où ma génitrice était en train de boire du thé. Je suis arrivée après dix-sept heures.

- Comment as-tu fait pour t'échapper ? demande-t-elle prudemment.

D'après son regard, je vois qu'elle n'a pas vraiment envie de connaitre la réponse.

- Je ne me suis pas échappée, je lui réponds d'un ton neutre.

- Je ne comprends pas, réplique-t-elle en écarquillant les yeux.

L'image de Kostas devant l'aéroport me déchire le cœur. Je ne me sens pas prête à parler maintenant de ce qui s'est vraiment passé.

- Je t'expliquerais plus tard. Qu'est-ce qui s'est passé depuis que... je suis partie ?

Ma mère pousse un soupir exaspéré et je sens qu'il y a eu pas mal de choses.

- Simon a menacé de me détruire si je parlais de cette histoire à qui que soit, explique-t-elle en baissant le regard. Il m'a même conseillé de changer de pays et d'oublier.

Je lâche un grognement réprobateur. Mon demi-frère me donne de plus en plus de raisons de lui faire un procès.

- Il a dit que tu étais partie à Paris et que tu ne reviendrais pas souvent, continue-t-elle dégoutée. Il a contesté le testament pour reprendre tout l'argent que ton père nous a légué. Je ne peux rien faire, il serait capable de m'éliminer.

A cette seule pensée, mon cœur s'affole. La haine que j'éprouve pour Simon est de plus en plus forte. Toutefois, je ne dois pas laisser aller, je ne dois pas réagir comme lui. Je fais plusieurs respirations contrôlées pour me ressaisir.

- Je n'en attendais pas moins de lui, je commente en serrant les dents.

Ma mère hoche la tête catastrophée.

- Le seul espoir que nous avons est Bertrand Dupuis.

- L'avocat de papa ? je demande en haussant les sourcils.

Elle boit une gorgée de thé avant de répondre.

- Je l'ai contacté grâce à la carte qu'il nous a laissé. Il ne savait pas ce que Simon avait fait mais il était scandalisé.

- Parce qu'il a réalisé qu'il n'a pas tenu la promesse faite à mon père, je grommelle.

- Non, le défend-elle. Il savait que Simon allait contester le testament. Il travaillait sur une contre-offensive, mais sans toi...

Elle retient son souffle.

- Sans moi nous n'avions aucune chance de gagner, je complète en posant brusquement ma tasse dans la coupelle.