Chapitre 74

68 3 2
                                    

- Je ne suis pas prête Roméo.
- T'inquiète pas tout ce passera bien tu n'as rien à craindre, je suis avec toi.
- J'ai peur...
Roméo me prends dans ses bras et me sert.
- Tu veux que je viennes avec toi ?
J'hoche la tête doucement.
- Oui je veux bien.
Roméo me prends la main et nous entrons dans le restaurant qu'autrefois je côtoyais avec mon père. C'est le seul lien qui nous unissait. On venait s'installer près de la fenêtre. Nous mangions en silence sans se parler. Il me demandait si à l'école tout allait bien et puis c'est tout. La vieille et moche décoration n'a pas changé. Juste le propriétaire à changer. La même odeur de pain trop cuit parvient à mes narines. Tout est pareil. Il y a seulement le serveur et le barman de présent. Je tourne la tête vers la place qu'il avait l'habitude de choisir.
Il est là.
Je reconnais son large dos.
Je sers un peu plus la main de Roméo.
- Roméo ?
- Oui ?
- Tu peux finalement me laisser seule.
- Sûre ?
- Oui attends-moi au bar.
Roméo me lâche, embrasse ma tempe et s'éloigne.
Je prends une profonde inspiration et me dirige vers la table.
Une fois arrivée à sa hauteur, il tourne la tête vers moi, tout souriant.
Il a des cheveux blancs, des rides mais toujours son odeur d'avant. Un mélange de cigarette froide et de parfum.
Il se lève et je m'assois en face de lui.
Il me détaille du regard. Je tourne les yeux vers Roméo. Il me sourit doucement.
Je repose les yeux sur mon père.
- Bonjour Valentina. Dit-il.
Lorsque je croise son regard je remarque qu'il porte au visage de nombreuses cicatrices. Notamment une qui vient coupé son sourcil et son œil.
- Merci d'être venue. Comme tu as grandi... Tu es devenue une femme. Tu m'avais manqué...
Une vague de haine me submerge soudainement.
- Tu manquais aussi à la petite fille de 10 ans.
- Je comprends que tu m'en veuilles Val...
- Ne m'appelle pas comme ça.
- D'accord c'est vrai j'ai merdé, j'aurais dû venir te récupérer quand je le pouvais mais je devais me cacher ! Ces hommes pour qui je travaillais voulait ma peau !
- Et alors ? On aurait pu se cacher ensemble. Mais t'a préférer m'abandonner. Toute ma vie j'ai penser que vous étiez réellement morts ! Et la où j'apprends à vivre tu débarques et me sort que t'es vivant et que tu regrettes ? Tu t'attendais à quoi à ce que je t'excuse et te pardonne ? Tu veux qu'on aille manger une glace entre père et fille, qu'on aille au ciné tous les deux ?! C'est pas maintenant que j'ai besoin de toi. C'était y'a 10 ans. Aujourd'hui j'ai une vraie famille qui m'aime. Un homme que je ne connaissais même pas m'a tendu la main et m'a considéré comme sa fille. Il m'a tout donner alors que je n'avais rien et que tout allait mal dans ma vie. Il m'a offert ce que toi tu n'as jamais pu m'offrir. Et je ne parle pas de richesse. Loin de là. Il m'a offert l'amour d'un père.
- Ma chérie...
- Ne dit pas ça. Tu n'es plus rien pour moi Régis... Tu n'étais pas là quand je dansais sur une barre pour pouvoir vivre. Tu n'étais pas là quand j'ai dû vivre avec un homme qui me battait et qui voulait abusé de moi. Chaque nuits je pleurais à me demandé pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'avais pu bien faire pour que toute la planète s'acharne contre moi ? T'étais où bordel ?! Qu'est-ce qu'une putain de petite fille a pu faire pour que sa vie soit ainsi ?! Tu n'as jamais penser qu'à toi et à toi seul ! Même quand on vivait ensemble c'était pareil ! Ta femme buvait et buvait toute la journée sans s'arrêter et toi ce que t'as trouvé de mieux à faire c'est de nous abandonnés et partir vivre avec une autre femme ! ELLE DISAIT N'AVOIR JAMAIS VOULU QUE JE VIENNE AU MONDE ! Tu n'imagines pas une seule seconde comment j'espérais te voir débarqué et me sortir de cet enfer... J'avais foi... Comme chaque petite fille je rêvais d'un père près à tout pour me protéger...
Mes yeux pleurent. Je suis maintenant debout. Roméo s'est levé et me regarde.
- Aurevoir Régis. dis-je en me dirigeant vers Roméo.
- Valentina ! Attends ! Si je suis là c'est pour me rattraper ! Pardonne-moi ! Dit-il désespéré en me suivant.
- Trop tard Régis. Dis-je en essuyant mes larmes qui coulent encore.
Il tente d'attraper mon bras mais Roméo le bloque.
- La touche pas.
- C'est ma fille !
Roméo s'apprêtait à le frapper quand je tire sur sa main pour le forcer à avancer.
- À mes yeux, il est mort. Laisse tomber.

Ça ira mieux demain...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant