Les Racines du Saule ~4. L'Azur~

Prologue

Dans les entrailles du Grand Saule, à l'intérieur du Coeur des Clans, le squelette de bois de la chatte fondatrice se fissura.
Peut-être était-ce parce qu'un bout de la Racine était tombé au sol, arraché par Nuage de Calme, que l'artefact devant sauver le Grand Saule ne fut pas efficace sur le long terme. Ou peut-être que c'était parce que Patte de Nuée avait trop attendu avant d'être forcée à se faire absorber par le Saule. Mais peu importe...

Un sinistre craquement résonna dans tout le Grand Cratère, et un félin tigré de brun émergea de la carcasse éventrée, ses yeux bleus étincelant d'une aversion sans nom.
Un rictus de haine émergea sur son visage creusé par la mort, et il déclara lentement, avec tout le dégoût qu'il ressentait.

— Pourquoi est-ce que c'est un chat qui ne provient même pas des clans, qui devrait régler leurs petits problèmes, hein ?

Le matou respira un bon coup, et sa poitrine se souleva.

Il renaissait.

— Je m'en vais vous le sauver, votre Saule de malheur.

Et d'un coup de patte rempli de colère, il écrasa le crâne en bois de Feuille de Saule. La carcasse squelettique de la fondatrice des clans disloquée sur le sol, une écorce noire et semblable au charbon parcourant l'arbre sacré en lui aspirant la vie, Coeur de Pétale, - ou Azur -, parcourant le boyau tournoyant en promettant que ses camarades de la Grotte seraient ressuscités.
Les Racines du Saule détruites...

...c'est ainsi que commence cette histoire.

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Elle n'avait été qu'à moitié surprise.

Peut-être qu'au fond, elle s'y attendait. Elle sentait bien que ce n'était pas fini, que ça avait été trop facile pour être acquis.
Ou alors, peut-être que c'est ce qu'elle espérait.
Qu'elle l'attendait, cette action qui lui permettrait d'accéder au véritable changement.

Parce que, comment accepter la situation dans laquelle elle se trouvait ?
Maintenant que la vérité avait été révélée, la suite logique des événements était de changer ce monde injuste pour le rendre un peu plus meilleur.
C'est pour cela, qu'après réflexion, ce n'était sûrement pas très judicieux de fonder une famille en ayant la certitude que le calme allait rapidement être rompu, mais que pouvait-elle y faire, elle ?

Refuser d'accéder au bonheur par peur qu'il ne soit pas encore l'heure de le connaître ?
Absurde.

Mais donc, ce n'était qu'à moitié qu'elle avait été surprise.

— Patte de Tige !, s'époumonait Cœur de Racine.

La femelle se réveilla dans un sursaut.
L'air qui s'engouffra dans sa gorge la lui piqua, et la guerrière brune se mit à tousser bruyamment. Ses yeux irrités la brûlaient. Elle aperçut dans une vision floue la pouponnière du camp tournoyant envahie par un nuage de fumée noire et incandescente.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?, balbutia Patte de Tige en se précipitant d'un geste paniqué vers ses enfants allongés un peu plus loin.

Attendez...

— Le camp est en train de brûler, il faut partir, annonça Coeur de Racine.

...pas ses enfants.

Il en manquait un.

— Où est Petit Azur ?, questionna Patte de Tige.

La grise haussa les épaules.