Chapitre 34

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— C'est par où qu'il faut aller, Patte de Tige ?

L'autre jeta un regard perdu aux parois du boyau. Deux tunnels s'offraient à eux et elle n'avait aucune idée duquel emprunter.

— Je n'habite pas plus ici que vous, je vous signale !

— On aurait mieux fait de capturer un Refusé pour le forcer à nous dire où Coeur de Pétale cache ses prisonniers, grogna Poussière de l'Aube.

Les trois chats erraient dans le dédale de boyaux souterrains, à la recherche de Petit Azur et de Petit Saule, et ils n'avaient aucune idée d'où est-ce qu'ils pouvaient bien être enfermés.

— Réfléchissons, où un jeune tyran fou et effrayé irait planquer des chatons qu'il ne faut surtout pas retrouver ?, songea Pupille d'Anis.

— Ou ne réfléchissons pas, et agissons !

Poussière de l'Aube releva le museau pour humer l'air.

— Tu penses vraiment réussir à les sentir d'ici ?, fit sa sœur, dubitative.

— Non.

Le chat s'avança vers la gauche.

— Mais j'arrive à sentir qu'un félin est passé par ici, et qui que ce soit, soit il nous mènera à nos enfants, soit nous le forcerons à le faire...

Patte de Tige et Pupille d'Anis échangèrent un regard, avant de finalement hausser les épaules. Ce plan était mieux que de fureter aléatoirement dans le labyrinthe de galeries, alors elles se fieraient à l'instinct de Poussière de l'Aube. Celui-ci s'élança vers le tunnel de gauche sans vérifier que les deux autres le suivaient, ce qu'elles finirent par faire. Dans sa course effrénée, les tempes de Patte de Tige se mirent à cogner. Le souffle court, elle songeait à ses enfants qu'elle allait bientôt retrouver.
C'est alors que devant elle, Poussière de l'Aube freina brusquement.

Au milieu du tunnel, juste devant une large cavité, attendait un chat. Ou plutôt, un chaton.
Il gardait des prisonniers, parmi lesquels Patte de Tige fut certaine de distinguer ses enfants.

Le chaton Refusé miaula.

— Vous ne m'avez pas tuée ? Grave erreur de votre part.

C'est alors que la brune claire la reconnut : il s'agissait du seul ennemi qu'elle et son équipe avaient rencontré au début de la mission. Celui qu'elles avaient finalement décidé d'épargner.

— Coeur de Pétale m'avait dit que vous étiez faibles et que vous ne me feriez pas de mal, mais qu'il ait raison m'a au final surprise. Ce n'est pas ainsi que le Grand Cratère te rend hommage, Patte de Tige.

— Le Grand Cratère n'a jamais rendu hommage à son inexistante cruauté, mais à sa persévérance, contredit haineusement Poussière de l'Aube.

Patte de Tige, elle, ne pouvait s'empêcher de fixer les détenus qui commençaient à s'approcher de la limite de la prison.

— Oui, peut-être, continua le chaton ennemi. Sauf que vous vous êtes laissées apitoyer par le jeune âge de mon corps. Vous vous êtes méprises. Je suis bien, bien plus vieille que jamais vous ne l'imaginerez ! Je m'appelle Petit Hibiscus, j'espère que vous retiendrez ce nom !

C'est alors que Patte de Tige croisa un regard marron-vert, surmontant un pelage brun foncé au poitrail blanc.

— Patte de Tige ?, bredouilla Petit Azur, depuis la prison.

Petit Hibiscus détourna un instant son attention, étonnée de cette intervention, et Pupille d'Anis en profita pour lui sauter dessus. Les deux femelles se débattirent dans des cris de rage, et Poussière de l'Aube s'élança vers la cavité pour ordonner aux prisonniers d'en sortir. À la grande surprise de Patte de Tige, ses enfants n'étaient pas les seuls détenus.

Les Racines du Saule ~4. L'Azur~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant