Léonie
Mes boots font un potin d'enfer sur ce foutu lino au fil de mes pas plus rageurs les uns que les autres. Étant donné la vigueur avec laquelle les semelles écrasent le sol, on pourrait facilement croire que j'imagine la tête de ma prof de français en dessous. Franchement, j'en suis pas loin.
Bon, voir le côté positif, Léo. Et il y en a. Je vais donc pouvoir avoir mon entretien avec le proviseur de ce lycée, chose qu'on m'a refusé ce matin par la secrétaire binoclarde. Non que j'insulte les porteurs de lunettes alors que j'en fais partie ce qui, au passage, me fait remarquer que ma prof est la seconde personne que je croise avec des lunettes. Je suis tombé dans une école avec que des gens à lunettes ou quoi ?
Je soupire alors que je n'arrête pas de tourner dans toutes sortes d'intersection, en essayant de me rappeler quel chemin j'avais emprunté pour tomber sur le secrétariat... Zut ! Impossible de m'y retrouver. Autant dire que je ne serai pas de suite chez le proviseur. Pour ça, faudrait déjà que je trouve la bonne direction, le bon couloir ou bien encore la bonne destination.
Seigneur... ce lycée me donne mal au crâne.
Ils auraient dû mettre des plans derrière les emplois du temps. Penser aux nouveaux comme moi qui sont complètement PERDUS !
Je tourne sur moi-même, comme si effectuer ce geste allait m'indiquer le chemin.
– Je peux t'aider ? lance soudainement une voix féminine.
Je tourne sur mes talons, mes cheveux volants dans mon dos comme les volants d'une jupe se soulèvent quand on exécute une pirouette, et fais face à une jeune fille de mon âge, deux couettes qui lui arrivent au-dessus de la naissance de sa poitrine. Non que je mate ses seins. Elle esquisse un sourire engageant et faute d'autres options, je prends cette fille comme ma sauveuse dans l'immédiat.
– Tu tombes à pic, meuf, je lui lance. Je suis nouvelle et complètement perdue dans ce lycée au mille et une intersection. Tu pourrais m'indiquer où se trouve le bureau du proviseur, s'il te plaît ?
L'élève devant moi émet un léger rire mais pas moqueur, plutôt amusé et l'air de dire « je compatis avec toi ».
– Déjà chez le proviseur dès ton premier jour ? Elle relève d'un ton narquois.
Je hausse les épaules et écarte les bras pour les laisser retomber le long de mon corps. J'ajoute un soupir dramatique à ma prestation.
– Ah que veux-tu... T'as le talent ou tu ne l'as pas.
– Donc devrais-je te féliciter ? entre-t-elle dans mon jeu avec sa question auquel je réponds avec un sourire éblouissant :
– Exactement ! Allez, j'attends que la foule m'acclame !
Bon, la foule ne comporte qu'une personne qui frappe dans ses mains, riant et applaudissant la connerie que je suis. Rien que pour ça, cette fille va devenir ma meilleure amie.
– Merci merci, je dis en finissant par rire de moi, aussi.
Ma nouvelle amie secoue la tête, ses couettes châtains foncées suivant le mouvement comme un pendule qui basculerait de chaque côté.
– Je suis Kaylee, se présente-t-elle en lissant une mèche de sa frange qui lui retombe au-dessus des sourcils, les effleurant légèrement.
Cette fille me fait penser à une héroïne d'un manga avec sa coiffure kawaii et ses grands yeux verts.
– Et moi, Léonie, je me présente à mon tour. Mais tu peux m'appeler Léo. Enchanté de faire ta connaissance.
– Également, sourit-elle avant de faire un signe de la main, me signalant de la suivre.
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LOVE NIGHT (TERMINÉE)
RomantikSourire ne veut pas dire adorer sa vie. Il reste plus qu'une année à tenir avant de dire adieu au lycée. Léonie originaire de Boston a migré à Chicago, abandonnant son père pour rejoindre sa mère et sa belle-mère. Seulement, elle n'est pas la seule...