Chapitre 27 - Protection rapprochée

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Nathanaël

Nous ne sommes pas allés chez le proviseur. Nous flânons dans les couloirs en attendant la pause de l'intercours de quinze minutes. Pendant que celle-ci arrive, avec Léonie nous sommes logés sur le sol impeccable du lycée comme des clochards. Les couloirs sont déserts et seul le bruit que cause Léonie perce le silence tranquille du bahut.

– Mais qu'est-ce que tu fous ? je finis par lancer.

Ça fait plus de cinq minutes qu'elle fouille dans son sac à chercher je ne sais quoi.

– Attends. Ah c'est bon ! s'exclame-t-elle en ressortant les mains du sac avec...

– Pourquoi t'as sorti ta trousse ?

Elle me jette un regard que je qualifierai d'incertain puis elle respire un grand coup avant d'ouvrir la trousse. La fermeture qui s'ouvre résonne dans les couloirs vides.

Elle farfouille encore une fois à l'intérieur et j'entends les stylos s'entrechoquer.

Elle sort le compas de tout à l'heure avec un ciseau. Je fronce les sourcils et me tends malgré moi.

– Détends- toi, lance-t-elle. C'est pas pour moi, c'est pour toi.

Hein ?

Elle soupire et regarde les deux objets pointus et tranchants qu'elle tient dans les mains.

– Visiblement, il semble que ce ne soit pas une bonne idée que j'ai ça avec moi alors je me suis dis que tu pourrais... Les garder.

Je cligne des yeux, l'observant. Elle ne me regarde même pas, comme si pour dire ça, elle avait préféré éviter de croiser mon regard.

Et elle se croit encore suicidaire ? Putain une véritable suicidaire n'aurait jamais proposé ça.

– Donne, je dis mettant en même temps un terme à son mal à l'aise.

Enfin, donne, façon de parler parce que je récupère moi même le compas ainsi que le ciseau et les fourre dans ma propre trousse.

– Merci, souffle-t-elle après un moment de silence une fois que nous avons de nouveau rangé nos affaires respectives.

– Pour ?

Depuis quand on doit remercier quand quelqu'un nous aide ? Bon sang, ce devrait être un acte naturel comme aller pisser tous les matins au réveil.

– Tout, répond Léonie toujours aussi bas.

– C'est inutile de me remercier pour ça, je grommelle.

– J'y tiens, réplique-t-elle en me regardant enfin.

Et moi, je me surprends à me perdre dans ces deux lacs bleus/gris qui lui servent de yeux. Puis, je dévie sur ses cheveux violets et je me demande alors comment était sa couleur naturelle.

Sans même m'en rendre compte, j'attrape une mèche et la lisse.

Léonie ne bouge plus, papillonnant seulement des yeux en m'observant à travers ses cils.

– Qu'est-ce que tu fais ? finit-elle par chuchoter.

Mais je pose une autre question à la place de lui répondre :

– Quelle couleur ?

– Quoi ?

– Quelle couleur ils étaient avant ? je précise.

– Bleu électrique.

J'arque un sourcil pour voir si elle est sérieuse et effectivement c'est le cas. Je me mets à l'imaginer avec les cheveux bleus électriques et j'en viens presque à être déçue d'avoir loupé ça. Néanmoins...

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant