Chapitre 5 - Mon nouveau demi-frère

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Léonie

Je ne sais pas ce qui m'angoisse le plus... Le fait que Nathanaël est mon nouveau demi-frère ou le fait même que je me sens de moins en moins chez moi. Déjà la maison appartient à Elia. Nous avec ma mère, on s'est faite expulser de notre appartement parce que le bâtiment entier a été mis en vente par le proprio qui souhaitait prendre sa retraite.

Bien que j'ai encore du mal à m'habituer à la compagne de ma mère, ça va être davantage difficile si son fils vient habiter ici, lui aussi.

On a pas décroché un mot l'un envers l'autre, préférant s'étudier par le regard. Pas longtemps cependant, car ma mère ayant déjà oublié ma présence, pousse un cri de joie et va étreindre... son beau fils. Je ne suis pas prête à ce qu'on bouscule autant mon équilibre si précaire.

La main d'Elia qui se pose gentiment sur mon épaule me ramène au moment présent.

– Chéri, je te présente Léonie. Mais elle préfère qu'on l'appelle Léo, elle renseigne son fils. Et Léo, voici Nathanaël mais un conseil, appelle le Naël.

Elle ponctue la fin de sa précision par un clin d'oeil auquel je ne suis pas réceptive car mon attention est dévié par Naël qui articule ses lèvres en « Picasso ». Je ne lis pas sur les lèvres mais c'est évident à deviner en avisant ce rictus narquois qu'il arbore. Je me renfrogne et fronce les sourcils. Je remarque néanmoins qu'aucun de nous deux n'a pris l'initiative de leur dire que nous nous sommes déjà rencontrés au lycée. Tant mieux.

Quoi qu'il en soit, je crains que non, on ne s'entende pas comme se réjouissait ma mère.

Aussi stupide que cela puisse être, Boston me manque. Mon père me manque. Notre appart me manque.

Je ne m'habituerai jamais à Chicago et bien que j'éprouve beaucoup d'affection pour Elia, toute cette situation et ces liens nouveaux qui ne cessent de se concrétiser m'étouffent. Le monde avance sans moi. Je suis toujours à la case de départ sur un jeu de société. Je me sens... Dépaysée.

Venir ici, revenir vivre avec ma mère était censé m'apporter le nouveau départ dont j'ai besoin mais mes démons de l'an dernier s'acharnent. En même temps que les nombreuses voix insupportables que je ne cesse d'entendre dans ma tête.

Vais-je vraiment tenir un an ? Sans dériver une seule fois ? Je ne suis plus aussi confiante et j'ai même de sacrés doutes.

Je balaie mes pensées dans un coin de ma tête et esquisse les prémices d'un sourire aussi faux que la Léonie extravertie et lance d'un ton joyeux trop exagéré pour que ce soit naturel :

– Bienvenue à la maison, Naël !

Mon demi-frère fronce furtivement les sourcils, mais assez pour que je comprenne que mon numéro n'a pas pris du tout avec lui.

Mon inquiétude monte crescendo. Si déjà il parvient à remarquer quand je joue la comédie avec cette unique phrase, il va rapidement se rendre compte de ce que je cache.

Un frisson glacial longe mon échine et éprouvant le besoin urgent de m'isoler, je récupère mon sac au sol et après avoir marmonné un « je suis fatigué, je vais dans ma chambre » je fuis le salon. Mes pas précipités dans les escaliers doivent sûrement être entendus mais je m'arrête qu'une fois la porte close de ma chambre passé.

Et bien qu'elle est d'une impersonnalité trahissant ce que je ressens vraiment, je ne me suis jamais sentie autant en sécurité que tout de suite.

Nathanaël

Picasso est ma demie soeur. Ça, je ne l'avais pas vu venir. Quand j'ai appris que j'allais vivre à Chicago avec ma mère et sa nouvelle copine, je n'avais pas imaginé un instant que cette dernière aurait pu avoir une fille.

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant