Nathanaël
Le silence a fini par faire son grand retour. Bien que j'ai quand même dû prendre un Doliprane pour calmer mon mal de tête imminent.
Mais maintenant, alors que nous sommes tous rassemblés autour de la table pour le dîner, je crois bien que j'aurai préféré le boucan infernal qu'est la musique de Léonie au lieu de ce silence où soit on se fixe tous dans le blanc des yeux ou bien encore comme Picasso, qui fixe avec contemplation le contenu de son assiette.
Elle n'a pas décroché un mot depuis qu'elle est descendue nous rejoindre. Comme nous n'avons pas non plus échanger un regard.
Chacun mange son assiette de nouilles à la sauce tomate et même nos mères respectives se jettent des regards inquiets que je parviens à intercepter pendant qu'elles croient qu'elles sont discrètes. J'ai également surpris plus d'une fois Gaëlle qui observait sa fille avec un genre de tristesse.
Léonie, fidèle à elle-même depuis mon arrivée, ne parle et ne regarde personne.
Le repas se termine dans ce même silence effarant qui commence à légèrement me mettre mal à l'aise.
Toujours en gardant la bouche fermée, Picasso débarrasse la table pour aller mettre les assiettes et plats dans l'évier tandis que je me lève de ma chaise en même temps que nos mères. Et si d'abord je fronce les sourcils en les voyant enfiler un blouson et attraper leurs sacs, ma mère qui surprend mon air interloqué rit doucement avant de clarifier :
– Nous sommes de nuit ce soir, aux urgences.
Ma mère est infirmière tout comme celle de Léonie. De ce que je me rappelle, c'est au travail qu'elles se sont rencontrées.
– Léo, tu pourras faire la vaisselle, s'il te plaît ? demande Gaëlle.
– Naël t'aidera, ajoute ma mère. Cela vous permettra de mieux vous connaître.
Aucun de nous ne répond.
Les deux femmes attrapent leurs clés et tout en se dirigeant vers la porte, Gaëlle lance une dernière consigne :
– Nous rentrerons pas avant demain mais ce n'est pas une raison pour vous coucher à pas d'heure. Oh et, Léo, évite d'oublier ton uniforme demain matin.
Et sur ces dernières paroles elles disparaissent dehors après nous avoir souhaité une bonne soirée.
La porte aussitôt fermée, Léonie disparaît dans la cuisine comme si je n'existais pas. Je soupire. La soirée va être longue...
Quand j'entends couler l'eau du robinet, je finis par la rejoindre, me disant qu'après tout, on pourrait peut-être briser la glace pendant une corvée. J'attrape un torchon, prêt à essuyer la vaisselle qu'elle aura fini de laver quand enfin elle ouvre la bouche.
– Tu peux partir. Je n'ai pas besoin de toi, elle crache en versant du produit dans le bac de gauche.
Clairement, je veux bien faire des efforts mais si elle n'en fait aucun de son côté, on va vite avoir un problème.
– Ce n'est pas pour toi que je le fais, je rétorque sur le même ton.
Elle tourne le robinet pour remplir le second bac d'eau alors qu'elle commence déjà à laver les verres.
– Je leur dirai que tu m'as aidé comme ça tu n'auras pas de problèmes. Content ? lance-t-elle, mesquine et d'un comportement qui me tape sur les nerfs.
C'est quoi son problème à cette fille ? Je lui ai rien fait et pourtant on a l'impression que j'ai bouffé son plat préféré, vider son gel douche et pisser dans sa chambre dans la même journée.
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LOVE NIGHT (TERMINÉE)
Roman d'amourSourire ne veut pas dire adorer sa vie. Il reste plus qu'une année à tenir avant de dire adieu au lycée. Léonie originaire de Boston a migré à Chicago, abandonnant son père pour rejoindre sa mère et sa belle-mère. Seulement, elle n'est pas la seule...