Chapitre 53 - A découvert

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Léonie

Respirant profondément comme si je m'apprêtai à plonger au fin fond de l'océan, j'abaisse d'une main tremblante et surtout nerveuse comme pas possible, la poignée de ma chambre.

A peine celle-ci s'ouvre que le visage de Naël apparaît et j'ai un soupir de soulagement qui m'échappe.

Il hausse un sourcil, pas dupe pour un sou de ma nervosité grandissante puis esquisse un sourire bienveillant.

– Ce n'est pas le moment de nous claquer entre les doigts, Picasso...

– Hahaha, très drôle, Cowl, je riposte aussitôt d'une voix sarcastique.

Son sourire s'étire et je lève les yeux au ciel avant de le rejoindre dans le couloir.

Mais plus nous approchons du salon où doit se trouver ma mère ainsi qu'Elia, et plus j'angoisse à nouveau.

– Elle n'a jamais rien vu, je lui confie. Elle ignore tout du changement qu'on subit mes cheveux...

– Et ton père, il n'a jamais rien dit ?

– Avant que ces deux traîtres se liguent contre moi, ils ne se parlaient plus depuis leur séparation.

Bavarder me fait penser à autre chose mais quand j'arrive à l'avant dernière marche, je freine des quatre fers, avec l'envie irrépressible de partir cacher ce blanc que j'arbore avec énormément de difficulté. Mais surtout, j'appréhende la réaction qu'elles vont avoir et j'ai peur d'être déçue... Pire, qu'on me brise un peu plus en me rejetant...

Flamme Ardente...

Le ton redevenu langoureux de Nathanaël comme quand on était dans la salle de bain me fait porter les yeux sur lui. Mais ce n'est pourtant pas son regard que je vois en premier, mais la mèche blanche qui glisse entre ses doigts.

Je retiens mon souffle, à demi figée. Depuis qu'il les a vu, il n'a pas arrêté de les toucher, presque avec révérence et délicatesse comme s'ils étaient précieux et fragiles.

Son toucher n'a rien avoir avec ce que j'ai subie quand on me les tirés pour essayer de vérifier si c'était des vrais et non des extensions ou une perruque. Et pourtant, ça me pétrifie toujours autant, même avec lui.

– Et si elle me rejette... ? je m'entends alors formuler tout bas.

– C'est ta mère, Picasso. Elle est programmée pour t'aimer inconditionnellement.

Sa réponse censée me rassurer n'a pas l'effet escompté. Parce que Gaëlle est peut-être ma mère mais elle est aussi celle qui m'a trahie. M'a piégée et nos liens sont plus rompus que jamais. Alors au final, c'est très probable pour qu'elle me rejette, ne préférant pas avoir une abomination pour fille.

Elle ne te rejettera pas, sombre idiote. Mais il lui suffira d'un regard pour comprendre ce que tu n'as pas encore dit. Et quand elle découvrira toute l'histoire, les coupables devraient prendre un billet d'avion pour l'autre bout du monde au plus vite parce qu'il n'y a pas pire qu'une louve furieuse quand on s'en prend à ses petits.

Ma conscience n'a pas tort et en me rabrouant de la sorte me fait descendre la dernière marche. Peu importe combien nos rapports sont compliqués, elle était déjà prête à en découdre avec la coupable qui m'avait rouée de coups. Elle ne peut pas me rejeter parce que j'ai des cheveux aussi blanc que la neige qui a commencé à tomber dehors.

Je souffle longuement et lentement puis je finis par apparaître dans le salon où Elia et ma mère se trouvent. Et comme si elle était greffée d'un radar pour détecter ma présence, elle tourne aussitôt la tête vers moi et je n'aie plus le temps de fuir pour me cacher.

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant