Chapitre 19 - Au fond de l'enfer

200 28 1
                                    

Tw : cyberharcèlement, commentaires haineux et abusifs !

Léonie

Quand je reprends conscience, je suis toujours couché sur le sol des toilettes. La douleur n'est pas partie, bien plus présente que jamais. Un gémissement m'échappe, même pour retirer une mèche de mon visage, ça en devient un mouvement insupportable.

Pourtant, il va bien falloir que je me redresse, que je me lève et que je sorte de cet endroit. Je serre les dents, jusqu'à qu'elle grince les unes sur les autres puis après une inspiration tremblante et laborieuse, je me lève, aidée de mes mains et en prenant appuie sur les murs autour de moi, je parviens à me hisser à nouveau sur mes pieds. Mais je souffre tellement à tous les endroits que ma vision se brouille une fois de plus de tâches noires et un vertige me saisit.

Pourtant, je fais abstraction de la douleur. Je n'ai pas le choix. Si je veux me casser d'ici, voire même du lycée, j'ai tout intérêt à ne pas y penser sinon je vais finir par me retrouver allongé dans la rue, la gueule balafrée, le corps endolori et une nouvelle fois inconsciente de ce qui m'entoure.

Alors un pied après l'autre, j'avance vers la porte des toilettes, la pousse en gémissant mais je débouche dans un des couloirs complètement désert.

J'ignore combien de temps je suis restée inconsciente mais les cours ont déjà repris. Tant mieux. Ce ne sera que plus facile pour mon évasion.

Je rêve de retrouver mon lit et c'est ce que je vais faire pour ne plus jamais en sortir.

***

Quand je suis rentrée avec difficulté à la maison, il n'y avait personne. Ou plutôt si mais elles dormaient. Alors j'ai pu rejoindre ma chambre discrètement sans les alerter de ma présence. Si tôt, elles trouveraient ça bizarre.

Je me suis effondré sur mon lit, étouffant un cri de douleur dans les oreillers. Très vite, j'ai sombré dans le sommeil.

Avant que je ne me réveille quelques heures plus tard, toujours aussi mal. Mon téléphone émet un tintement, signalant que j'ai reçu soit un message, soit une notification. J'attrape mon portable en tendant le bras sur la table de chevet et lâche un juron quand je sens une de mes côtes protester avec vigueur.

La lumière bleu de l'écran m'éblouit quelques minutes durant lequel je cligne des yeux pour m'y habituer avant que je ne consulte le fil de notifications.

Et je crois que j'aurai dû continuer de dormir. Le cœur battant, j'appuie sur la plus récente notification de Facebook et arrive aussitôt sur un post publié il y a cinq heures.

J'ignore qui m'a remis dans le groupe du lycée de Boston et comment ils m'ont retrouvés. La photo postée depuis l'admin du groupe - qui n'est autre que cette salope d'Aurélia - est moi, dans ces toilettes immondes, couché sur le sol et sacrément mal en point. La seconde, c'est un cliché de ma cuisse où dessus on voit sans mal les cicatrices que je me suis infligées. La légende dit : Notre meilleure amie suicidaire est miraculeusement encore de ce monde. Mais pour combien de temps ?

La publication a atteint les mille j'aime, autant des pouces que des j'adore et il y en a même qui ont réagi au post avec la réaction qui rigole. Il y a plus de huit cent commentaires et je sais d'avance que je ne devrais pas aller les lire et pourtant...

J'ai jamais vu quelqu'un mettre autant de temps à se tuer ! (emoji qui pleure de rire)

Elle est encore en vie ? Et moi qui pensait qu'elle était enfin passée à l'acte...

On devrait lui offrir une série de lames de rasoir pour son anniversaire pour lui montrer qu'on pense à elle. (emoji qui est tordu de rire)

Les cheveux violets c'est pour me faire mourir ? Sérieusement jpp.

Et ça continue ainsi. Toutes sortes de commentaires plus haineux les uns que les autres. J'en ai l'habitude depuis l'année dernière et malgré cela, les larmes me montent aux yeux.

J'éteins mon téléphone, le lâche sur le lit et enfouis ma tête sous la couette en étouffant mes sanglots dans les oreillers.

Comment peut-on manifester autant de cruauté envers une personne qui n'a jamais rien demandé à personne ?

Même à Chicago, il m'atteindront toujours. Je suis définitivement au fond de l'enfer et qu'est-ce que je donnerai pas pour en terminer à jamais. 

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant