Saya tenait la princesse blottie contre elle sur le lit qu'elles partageaient. Après avoir beaucoup pleuré et critiqué son frère, Satine avait fini par s'endormir dans les bras réconfortants de sa protectrice, les yeux rougis et bouffis. Tout doucement, la générale récupéra son bras ankylosé sans réveiller la jeune fille. Elle la recouvrit d'un drap avec une attention presque maternelle avant de s'éclipser discrètement de la chambre.
Il faisait nuit dans la maison, tout le monde dormait. Saya descendit les escaliers à pas de loup et se dirigea vers le futon de Taïk. Il avait les yeux fermés, l'air paisible. La générale le trouva si adorable, ainsi assoupi, qu'elle approcha la main à quelques millimètres de son visage. A la dernière seconde, elle maîtrisa son envie de le toucher de la pulpe chaude de ses doigts, puis elle se pencha et pressa avec douceur un baiser sur les lèvres du jeune homme.
— Je pense trop à toi pour dormir, murmura-t-elle lorsqu'il ouvrit les yeux.
Taïk glissa une main dans la nuque de la générale et l'attira vivement à lui, l'embrassant avec une passion dévorante. Il avait craint qu'elle ne regrette leurs élans de la nuit précédente et ne le laisse plus jamais goûter à sa bouche, son menton, sa gorge, comme il le faisait en cet instant délicieux. Il prit appui sur un coude pour se redresser tout en faisant basculer Saya sur le futon lorsque soudain la douleur dans son épaule blessée le terrassa, le faisant rechuter sur le dos dans un cri étouffé.
— Ça va ? s'inquiéta la jeune femme en lui massant doucement l'épaule.
— J'ai vu mieux, répondit-il, la mâchoire crispée. Je crois que j'ai encore aggravé mon état en filant un coup de poing à ce sale gamin qui a osé embrasser ma sœur.
— Regardez-moi ce grand frère hyper-protecteur, s'amusa Saya en constellant son épaule de dizaines de tendres petits baisers.
— Ne te moque pas.
— Je ne me moque pas, j'apprécie seulement l'ironie de la situation. Il n'y a pas si longtemps c'est moi qui m'inquiétais de voir un séduisant lieutenant tourner autour de la princesse, rappela la générale.
— Séduisant ? releva-t-il en lui mordillant le lobe de l'oreille.
— Séduisant mais pas très fin psychologue à ce que je vois.
Il prit un air contrarié tout en jouant avec une mèche de cheveux de la jeune femme.
— Tu l'as braquée en lui criant dessus, précisa-t-elle. Tu ne peux pas lui imposer ta volonté alors qu'elle vient tout juste de se libérer d'un carcan qu'elle a porté toute sa vie.
— Je sais mais j'ai eu vraiment peur pour elle, je ne veux pas qu'elle prenne des risques comme ça.
— Tu ne pourras pas l'en empêcher, elle a grandi comme un oiseau en cage et maintenant elle désire la liberté plus que tout.
— Il y a une différence entre être libre et courir après les sensations fortes au mépris du danger comme elle l'a fait, dénonça Taïk.
— Bien sûr, mais nous sommes là pour la protéger, pas pour la brider. Sois compréhensif.
— Tu as sûrement raison... Tu crois qu'elle fait une crise d'adolescence à retardement ?
— Bon courage monsieur le grand frère, taquina-t-elle. Mais demain il faut que vous ayez une conversation à tête reposée tous les deux, d'accord ?
— Oui chef, concéda-t-il en embrassant le bout de son nez.
Saya s'allongea tout contre le lieutenant, la tête reposée sur son torse. Il était chaud et confortable, réconfortant comme rien d'autre au monde. Elle dessinait des arabesques sur sa peau du bout des doigts pendant qu'il lui caressait le dos et s'enivrait de l'odeur de ses cheveux. Ils ne virent pas le temps passer, ils n'avaient besoin de rien d'autre lorsqu'ils étaient l'un contre l'autre.
Taïk sentit une chaleur lui monter au visage tout à coup.
— Sa-Saya, bredouilla-t-il, gêné. Ta jambe sur moi, je sens ton genou contre ma... mes...
Réalisant alors le motif de cet émoi désopilant, la jeune femme éclata de rire en enfouissant son visage dans le cou du lieutenant pour tenter d'étouffer les sons.
Soudain, un craquement en provenance de l'étage les figea tous les deux.
— Peut-être que Satine a remarqué mon absence, murmura Saya. Je vais remonter.
— Attends, ne m'abandonne pas comme ça. Embrasse-moi encore une fois.
Saya emprisonna son visage entre ses mains et l'attira à elle pour le gratifier d'un long baiser enflammé qui le laissa pantois et un peu déboussolé.
— Bonne nuit Osaki, souffla-t-elle avec une sensualité provocatrice tout contre son oreille, avant de glisser doucement loin de ses bras.
— Bonne nuit, ma générale...
Il la regarda monter l'escalier, vêtue uniquement d'une chemise pour dormir, les jambes nues. Comment était-il censé trouver le sommeil après ça ?
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L'Éveil des Chimères (Terminé)
Fantasy[Romance fantasy] La générale Saya D'Alma perçoit sa nouvelle affectation comme un déshonneur : enseigner les rudiments du combat à la frêle fille de l'empereur Toa n'a rien de glorieux à ses yeux. Toutefois, lorsqu'un coup d'état menace la paix dan...