[Romance fantasy] La générale Saya D'Alma perçoit sa nouvelle affectation comme un déshonneur : enseigner les rudiments du combat à la frêle fille de l'empereur Toa n'a rien de glorieux à ses yeux. Toutefois, lorsqu'un coup d'état menace la paix dan...
Les trois amis prirent la décision de séjourner encore une semaine chez mamie Yona, peut-être deux si nécessaire. Satine avait besoin de temps pour améliorer encore un peu ses techniques d'auto-défense et travailler à une meilleure maîtrise de son pouvoir. En se concentrant sur certains souvenirs bouleversants, comme son agression au temple ou le baiser trop envahissant de Mikaï, elle parvenait de plus en plus souvent à faire trembler le sol sous ses pieds ou à faire chauffer les objets en métal autour d'elle. Ses capacités semblaient pour le moment se limiter à cela mais elle avait la conviction qu'avec le temps et l'expérience elle parviendrait un jour à accomplir d'autres exploits.
Taïk avait quant à lui surtout besoin de temps pour soigner son épaule. Dans son état actuel il n'était même plus capable de manier une épée. Or, pour pouvoir protéger de manière efficace sa sœur pendant ce nouveau voyage, il avait besoin d'être parfaitement opérationnel. Heureusement pour lui, une charmante infirmière avait en fin de compte accepté de prendre soin de lui. Saya massait chaque jour son épaule endolorie, s'occupait de ses bandages, puis elle l'aida à pratiquer quelques mouvements de rééducation et de renforcement musculaire quand elle estima le moment opportun. En fin de compte, la présence et l'affection de la jeune femme fut sans doute le plus efficace de tous les traitements.
Mais tandis que durant la journée Taïk et Saya tentaient tant bien que mal de maintenir les apparences, chaque nuit ils se retrouvaient en secret dans le noir pour chercher le réconfort dans les bras l'un de l'autre. Ils pouvaient passer une éternité simplement blottis en silence dans la chaleur d'une étreinte, à partager des caresses, ou bien à s'embrasser avec fièvre comme si rien n'étancherait jamais leur soif de l'autre. C'était leur parenthèse d'insouciance dont chaque minute était comptée car elle était vouée à prendre fin bientôt.
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Satine entra en courant dans la maison, tout excitée, et manqua de renverser Saya qui portait un seau d'eau.
— Holà princesse, faites attention. Que se passe-t-il ?
— Posez ce seau, je vais vous montrer !
Impatiente, Satine aida la générale à reposer le lourd seau par terre puis s'assit, les jambes repliées sous elle. Elle plongea ses mains dans l'eau froide et ferma les yeux. En quelques secondes à peine, l'eau se mit à bouillir, et la princesse rayonna de fierté.
— Bravo, félicita la générale en haussant les sourcils, impressionnée. Vous progressez à toute vitesse.
La jeune fille frappa dans ses mains d'excitation, trop heureuse de maîtriser une nouvelle facette de son pouvoir et de se sentir un peu plus forte. Elle ne voulait pas être un poids pour ses amis pendant le voyage qui les attendait, alors être en capacité de se défendre face à un ennemi était devenu très important pour elle.
— Est-ce que par hasard vous sauriez aussi faire refroidir l'eau ? demanda la générale, un poil embarrassée. Parce que c'est l'eau que j'allais apporter aux chevaux...
— Oups je suis désolée, s'excusa la princesse en rejoignant le rire de Saya.
A ce moment, la porte d'entrée s'ouvrit sur Taïk qui eut l'air intrigué mais ne posa pas de questions. Il avait une mauvaise nouvelle à leur annoncer. En aidant mamie Yona dans sa tournée de nettoyage aux abords de la source, il avait entendu les conversations des touristes. Beaucoup de visiteurs venaient de l'empire millénaire, bien plus que d'habitude, et nombre d'entre eux avaient fui leur patrie à l'annonce maintenant faite officielle : un service militaire d'une durée indéterminée était rendu obligatoire pour tous les hommes de moins de vingt-cinq ans.
Cela faisait une dizaine de jours que Satine avait entendu cette rumeur pour la première fois de la bouche de Mikaï, c'était maintenant chose faite. Et dans le même temps, les gens parlaient de la possibilité d'une fermeture des frontières de la fédération Trasque pour limiter l'afflux de réfugiés.
— Il est temps de partir alors, déclara Saya. Prenons la journée pour nous préparer au voyage, nous en avons bien pour deux semaines d'ici à la capitale sumérienne d'Ostia. Nous partirons demain matin.
Satine et Taïk acquiescèrent, la mine grave. C'était définitivement la fin de leurs petites vacances. Cette pause dans leur aventure leur avait permis de se ressourcer un peu, mais elle rendait d'autant plus difficile le retour à la réalité.
Mamie Yona fut très triste d'apprendre la nouvelle de leur départ, elle avait beaucoup apprécié leur compagnie et leur aide au quotidien. Pour les remercier, elle leur prépara un repas gargantuesque composé de ses meilleures spécialités. Satine passa l'après-midi à ses côtés en cuisine. Pendant ce temps, Taïk et Saya s'occupèrent de réunir suffisamment de vivres non périssables pour leur voyage, et étudièrent une carte de la région pour déterminer le meilleur itinéraire à emprunter.
La Sumérie se trouvait à l'ouest, de l'autre côté d'une chaîne de montagne, ce n'était pas très loin à vol d'oiseau mais un détail restait source d'inquiétude. Entre la fédération Trasque et la Sumérie subsistait une bande de territoire appartenant à l'empire millénaire. C'était une région située en altitude dans les montagnes et quasiment inhabitée, mais l'idée de remettre le pied sur le sol de l'empire, même pour les quelques heures que durerait sa traversée, avait de quoi réveiller les angoisses de chacun. Contourner la chaîne de montagne et sa petite bande de territoire impérial par le sud était toujours possible, mais un détour rallongeant leur voyage d'une bonne dizaine de jours était inenvisageable. Saya et Taïk tranchèrent donc pour un départ en ligne droite vers l'ouest, confiants dans le fait qu'ils traverseraient rapidement le territoire impérial sans même s'en rendre compte. Le reste du voyage vers Ostia, plus au nord, se ferait ensuite en toute sécurité derrière la frontière sumérienne.
Ce soir-là, tout le monde se coucha tard pour profiter au maximum de ces derniers instants dans un foyer agréable.
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