L'Éveil des Chimères (Terminé)

Chapitre 13 - Avis de recherche

Après une nuit calme à l'abri des arbres, Saya et Taïk furent tirés de leur demi-somnolence matinale par un bruit tout proche. L'armée leur avait appris à être aux aguets même en plein sommeil et leurs sens restaient toujours en alerte. Sur le qui-vive, ils se levèrent en prenant soin de ne pas réveiller la princesse assoupie et se saisirent de leurs armes pour aller au-devant du danger potentiel. Avec un peu de chance, ce ne serait rien d'autre qu'une bande d'animaux sauvages.

Un premier balayage du secteur ne leur donna aucune raison de s'inquiéter. Il n'y avait pas de bruits suspects, et surtout : pas de voix humaines à signaler. C'était peut-être bien des animaux en fin de compte.

Les deux soldats s'apprêtaient à retourner auprès de leur protégée lorsque, soudain, la générale vit une ombre bouger au loin. Elle plaqua son dos contre le tronc d'un arbre et fit signe au lieutenant, qui se tenait à quelques mètres de distance, de se cacher lui aussi.

Taïk obtempéra et s'accroupit immédiatement derrière un buisson. Il n'y avait plus de doute, quelqu'un approchait. À travers le feuillage, le lieutenant pouvait distinguer trois silhouettes armées : pas des soldats, peut-être des mercenaires ou des chasseurs de prime. Heureusement, ils ne semblaient pas se diriger vers l'endroit où ils avaient établi leur campement pour la nuit. Sauf incident, ils poursuivraient leur route sans détecter la présence des fuyards.

Soudain, un cri perça le calme de la forêt.

— Saya ! Taïk ! Vous êtes où ? héla Satine.

Les deux soldats échangèrent un regard affolé, l'intervention de la princesse tombait au pire moment.

Alertés, les trois hommes changèrent de cap sur-le-champ, ils se mirent à courir en direction de la voix de Satine, arme à la main et sourire mauvais aux lèvres. Ils ignoraient toutefois qu'ils allaient passer pile entre Taïk et Saya qui les attendaient en embuscade. L'individu qui arriva du côté de la générale fut stoppé net par le tranchant d'une épée planté dans son estomac, il ne s'en releva pas. Dans la foulée, Saya se précipita à la poursuite du second mercenaire tandis que Taïk s'engageait dans un affrontement avec l'agresseur restant ; en essayant d'arrêter ce dernier dans sa course effrénée, il n'avait réussi qu'à le blesser à l'épaule et à le faire enrager. La grimace hargneuse de l'ennemi signifiait sans ambiguïté qu'un seul d'entre eux en réchapperait vivant.

Satine resta paralysée d'effroi en découvrant soudain un étranger qui courait droit sur elle, poignard à la main. Dans la même seconde, elle vit Saya se jeter sur le dos d'homme et le faire tomber le nez dans la poussière. Les deux adversaires roulèrent au sol et échangèrent des coups à une telle vitesse que la princesse ne parvenait même pas à discerner qui avait le dessus, c'était une rixe entre deux bêtes féroces prêtes à tout pour terrasser l'autre.

Au cœur de la mêlée confuse, l'homme brandit son poignard en visant la gorge de son assaillante, mais Saya parvint à lui faire lâcher prise au dernier moment d'un coup de pied bien placé. Elle tenta d'immobiliser le fourbe au sol pendant qu'elle attrapait la dague attachée à sa cuisse, mais il touchait déjà du bout des doigts son poignard tombé à terre, prêt à tenter un nouveau coup mortel fulgurant. Face à la vivacité manifeste de l'ennemi, la générale était en passe de perdre son avantage.

Poussée par l'inquiétude et l'adrénaline, Satine se précipita alors vers les combattants et sauta à pieds joints sur le bras de l'homme, bien décidée à l'empêcher de s'emparer de son arme. Le mercenaire aux plans contrecarrés poussa un hurlement de douleur qui s'interrompit net dès que la dague de Saya transperça sa poitrine avec une précision fatale. La catastrophe avait été évitée de peu.