Chapitre 16

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« Dommage que la psychanalyse ne guérisse pas de la connerie ! » de François Weyergans.

- Bébé... Bébé...

Je sens quelqu'un me souffler dans mon cou. Je n'ai pas envie de me réveiller. J'ai les paupières encore lourdes. Je suis fatiguée après cette nuit agitée.

- Hé Miss, on a rendez-vous dans pas longtemps. Debout !

J'entends une voix plus lointaine, Emilien m'appelle. Je ronchonne, mais je me retourne et ouvre les yeux pour voir où il est. Je l'aperçois dans le cadre de la porte. Je me frotte les yeux, puis je me lève. Je me dirige vers Emilien, qui me fait signe d'aller me laver et m'habiller. Pendant ce temps, je l'entends préparer le déjeuner. Je prends une rapide douche, je m'habille en jeans et en débardeur. Je mets un petit gilet et je me maquille légèrement.

Je sors de la salle de bain quand Emilien pose ses lèvres chaudes et humides sur les miennes. Elles ont le goût du café. Il met une de ses mains en bas de mon dos pour m'entrainer vers la cuisine. Je bois mon café. Il ne dit pas un mot jusqu'à ce que j'ai finis mon petit déjeuner.

- Ça va ? Tu veux que l'on parle ?

Je ne réponds pas. Je détourne juste mes yeux. Je ne veux ni lui en parler, ni en parler à ce médecin ou psy. J'ai peut-être peur de trop en découvrir sur moi-même. Puis, je me confis très peu. J'ai vraiment besoin que l'on me demande certaines choses pour me confier. Il n'y a que Steph qui arrive à me faire parler. Après quelque instant, je demande :

- A quelle heure ?

- De ? me dit-il d'un air interloqué.

- Le médecin ?

- Le psy, 10 heures près de l'hôpital. Je t'accompagne. Ce n'est pas que je ne te fais pas confiance, mais je veux absolument que tu y ailles et que tout cela se calme.

- Je comprends un peu, je réponds même si cela n'est pas du tout le cas.

J'essaye de trainer au maximum en lançant une machine, faisant le ménage, puis du repassage. Mais Emi voit très bien mon manège et me force à arrêter en criant. Il m'attrape les poignets et me hurle :

- Stop ! On y va. Mets ton manteau et suis-moi.

Je cherche à avoir un petit câlin ou un petit bisou de sa part. Mais il s'éloigne vers la porte. Il prend ma veste pour me la lancer. Il ouvre la porte et m'emboite le pas. Je le suis à contrecœur. J'ai peur d'y aller. Je traine les pieds. Je veux pouvoir m'échapper en lui laissant de l'avance. Mais il me prend la main pour me trainer. Nous prenons le tramway. J'envoie un texto de « Bonne journée » à Steph, mais j'aurai préféré l'avoir en direct. Cela n'est pas possible avec Emilien dans le coin. On arrive devant le bâtiment. Je commence à rechigner.

- Tu as promis, me dit-il, alors que cela est complétement faux.

Je le suis. Mais je n'ai aucune motivation pour le faire. Je le fais pour lui. Enfin, je vais le faire pour lui. Je n'aurai pas dû l'appeler cette nuit. C'est une belle erreur que j'ai fait. Je l'aurai peut-être convaincu que cela s'était arrêté.

Nous rentrons dans le cabinet. Une femme me fait remplir des papiers et nous montre la salle d'attente, qui est vide. Elle est plutôt morbide. Il y a très peu de lumière. Cela ne me rassure pas. J'ai l'impression d'être en prison. Les larmes me montent aux yeux. Emilien le voit et me donne un coup de coude, puis un mouchoir pour que je les sèche. Il n'a pas dit un seul mot depuis que nous sommes rentrés. Le médecin apparait dans la porte quelques minutes plus tard. Il a la quarantaine, il est assez grand et brun. Il n'a pas de blouse blanche, mais juste un jean noir et une chemise blanche.

Liaison dangereuse 1. Plus qu'un prof...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant