Chapitre 67

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« Je porte mon père en moi. Ce matin, aux aurores, je l'ai senti monter sur mes épaules comme un enfant. Il compte sur moi dorénavant » de Laurent Gaudé.

Je tire sur mes poignets, mais quelque chose bloque mes bras en arrière. J'ouvre les yeux, mais je vois noir. Quelque chose bloque ma vue. Je sens une présence au niveau de mes jambes, je commence à me débattre en tapant des pieds et en hurlant. Une chose monte au-dessus de moi. Une main forte et lourde vient me boucher la bouche, tandis qu'une autre retire le foulard autour de mes yeux. Je vois alors le regard noir d'Emilien... Non de David... Emilien... Je n'arrive pas à savoir qui est sur moi. Je hurle de plus fort.

Je me réveille en hurlant, je tremble, je respire mal. Je tombe de mon lit à côté de la fenêtre. Plus rien ne sort de ma bouche, j'essaye d'attraper mon portable, mais je chute contre la table de nuit. Dans le miroir, se trouvant à l'autre bout de la pièce, j'aperçois ma tête saigner. Il est vrai que je déteste le sang, que ce soit le mien ou celui des autres. Je pose ma main à ce niveau-là et ferme les yeux...

J'entends des pas rapides dans le couloir en direction de ma chambre. David a dû m'entendre, j'aurai préféré qu'il soit dans mon lit. Mais dans quelques minutes, il sera à côté de moi.

- Alexie ? Alexie ? Crie une voix au bord de la porte de ma chambre.

Je sens les pas s'approcher de moi, avant de sentir son souffle sur mon visage. Il caresse doucement ma joue. J'ouvre les yeux. Ses yeux lui donnent un air terrifié. Quand nos regards se croisent, je sens ma respiration se calmer.

Il me prend dans les bras pour me poser sur mon lit. Je le vois rapidement se diriger vers la salle de bain. J'entends qu'il ouvre et ferme plusieurs portes et tiroirs. Il revient avec quelques produits. Je me relève avec difficulté. Il s'assoit à côté de moi et commence à désinfecter la plaie. Je me recule, mais il maintient la tête avec son autre main. Il met un pansement et retourne dans la salle de bain.

Le silence pesant entre nous est lourd. J'ai l'impression qu'il me déteste de l'avoir réveillé, alors qu'il doit se lever tôt demain matin. Je réfléchis alors à mon rêve, ou plutôt cauchemar que je viens de faire. Il est différent des autres, mais le principe était toujours le même, je suis toujours en train de me faire violer...

Les larmes commencent à me monter aux yeux. Je passe sous la couverture avant de me rouler en boule comme pour me protéger de David aussi. J'entends qu'il range tout dans ma salle de bain avant de se laver les mains. J'essaye de calmer mes larmes quand je l'entends revenir dans la chambre.

Il s'assoit à côté de moi et me caresse délicatement le dos au-dessus de la couverture. Il s'allonge de tout son long sans trop me toucher. Il respecte une distance, que j'appelle ma distance de sécurité. C'est comme s'il est au courant de cela.

- Mon Ange ? Tu veux me raconter ?

Je bougonne un non et fais pareil avec ma tête. Après quelques instants, je le sens se relever. Je me retourne violemment en le regardant. Il a l'air surpris de ma réaction. Je me colle alors à lui en posant ma tête sur son torse.

- Reste, je lui murmure doucement, juste pour la fin de la nuit.

- Mon Ange, je reste. Ne t'inquiète pas. Doucement, doucement...

Il me caresse longuement les cheveux toujours au même rythme. Sa respiration est régulière, cela soulève ma tête doucement dès qu'il inspire. Je me sens en sécurité, cela me permet de me rendormir peu à peu.

Le matin, le soleil me réveille doucement. Je m'étire un peu avant d'ouvrir les yeux. Les rayons du soleil m'éblouissent rapidement, cela me fait sourire. Je me retourne tout en m'étirant sur le lit. J'aperçois alors un petit mot sur un post-it bleu. Je le saisis d'une main. Il est bleu avec un bulle de de BD. A l'intérieur, en bleu, David a griffonné un petit mot « Mon Ange. Comme je suis parti travailler. N'en fait pas trop aujourd'hui. Je rentrerai vers 16 heures. Passe une bonne journée. Ton Dou ♥ ». Son mot me fait sourire.

Je me lève alors et me dirige vers la salle de bain. Je me déshabille et me regarde dans la glace. La nuit dernière a laissé des traces. J'enlève délicatement le pansement. Une croute s'est formée en dessous. Je tapote doucement à côté, cela me fait un peu mal. Je grimace.

Je rentre dans la douche en ouvrant l'eau. Les gouttes coulent délicatement dans mes cheveux, puis sur ma peau. Je me savonne et me rase, puis je rince le tout. Je reste encore quelques instants dans la douche pour me détendre, comme me l'avait recommandé Dou.

Quand je sors, j'attrape un jeans et un débardeur pour les enfiler. Je relève mes cheveux à l'aide d'une barrette. Je mets de la crème et décide de ne pas me maquiller, car je dois déjà le faire ce soir.

Je prends la direction de la salle à manger en attrapant mon portable. J'envoie un texto à David pour le remercier pour le post-it et un à Steph pour lui confirmer pour ce soir. J'ai vraiment hâte de la revoir. Mais je suis inquiète ne sachant pas trop comment parler de ma relation avec Dou.

Linda m'attend en bas en préparant mon petit déjeuner. Je la salue gentiment en m'asseyant. Je sens que sous son sourire, elle semble soucieuse. J'essaye quelques minutes en remuant mon café. Je prends une longue respiration et lui demande :

- Linda ? Est-ce que ça va ?

Elle semble surprise en se retournant vers moi. Elle hoche la tête pour me dire qu'elle va bien. Puis, elle passe ses mains sur le visage. Je me sens mal de la voir comme cela. Je réfléchis quelques minutes. David n'arrête pas de me dire que je suis chez moi. Donc je possède aussi le personnel.

- Vous pouvez disposer pour aujourd'hui, dis-je, si vous avez fait le diner de ce soir, car je ne sais pas cuisiner.

Elle est une nouvelle fois surprise et me remercie. Elle m'explique ce qu'il faut que l'on fasse réchauffer, puis après quelques instants d'hésitation, elle s'en va. Je me trouve enfin seule dans cet immense appartement. Je suis fière d'avoir fait cette bonne action pour Linda, elle est tellement gentille et dévouée.

Je fais la vaisselle et range toutes les affaires du petit déjeuner. Je monte dans ma chambre pour refaire mon lit. J'aperçois alors mon téléphone et je découvre que ni Steph, ni David ne m'ont répondu. Cela me rend un peu triste.

Je prends toutes mes affaires pour travailler et je vais m'installer dans le salon. J'étale tous mes livres, fiches et mon ordinateur au sol comme j'en avais l'habitude dans mon ancien appartement. Seule, j'ai vraiment l'impression d'être chez moi.

Je lis et relis mes cours. Je me rends compte que j'ai rattrapé tout mon retard. J'en suis ravie. Tout à coup, mon téléphone sonne. Je cours pour le récupérer sur la table de la cuisine. Sur l'écran, le nom de David apparait. Je suis alors aux anges.

- Allo ? Mon Ange ?

- Oui ? Ça va ? Je lui réponds avec un sourire aux lèvres.

- Oui oui et toi ? Bien dormi.

Nous échangeons encore quelques paroles banales. Puis, il finit par me demande :

- Tu as mangé ?

Je ne réponds pas, mais me tourne pour voir l'heure. Il est midi passé. Il me demande alors de manger et de me reposer pour être en forme ce soir. Je lui souhaite bon courage et je raccroche à contrecœur après l'avoir embrassé. Je suis encore aux anges. J'ai mon portable contre ma poitrine comme pour l'avoir contre moi.

Après quelques instants, je me dirige vers la cuisine pour me faire cuire une pasta-box posée dans le frigo. Je la mets aux micro-ondes, puis je la prends pour me rendre sur le balcon. J'observe la belle vue sur la ville, puis la campagne qui nous entoure.

Je prends mon temps pour manger. David ne veux pas que je travaille cet après-midi. Je cherche ce que je vais faire. Je n'ai pas vraiment l'habitude de rien faire. Mes pensées me disent alors que je peux m'évader dans une histoire, dans un roman pour quelques heures.

Quand je finis de manger, je range tout dans la cuisine - même s'il n'y a pas grand-chose. Je me dirige vers la bibliothèque pour prendre un des romans préférés de David : Une vie de Guy de Maupassant.

Je le prends et le pose sur un transat près de la piscine. Je cours me changer en maillot de bain dans ma chambre et redescend. Je me baigne en nageant un peu. Je m'installe au niveau des bulles et attrape le roman. Je me plonge rapidement dans l'histoire. Il semble que nous ayons les mêmes goûts au niveau des romans. Cela me fait beaucoup sourire.


Liaison dangereuse 1. Plus qu'un prof...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant