Chapitre 38

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« Toutes vos douleurs viennent de l'excès de la pensée oisive. Elle était vorace et, n'ayant point de pâture extérieure, elle s'est rejetée sur elle-même et s'est dévorée jusqu'à la moelle. Il faut la refaire, l'engraisser et empêcher surtout qu'elle ne vagabonde » de Gustave Flaubert.

Mon esprit se réveille doucement après une excellente nuit passée. Je réfléchis un peu avant d'ouvrir mes yeux et de retourner dans le monde réel. Ce monde me fait peur, mais heureusement, je me rappelle que je suis à Paris en compagnie de David.

David m'a fait prendre conscience que je peux plaire à un homme, à un autre que l' « homme de ma vie », Emilien. Et il arrive à être gentil avec moi. Un homme peut être, et même doit être gentil avec les femmes. Ce qu'Emilien a fait n'est pas bien. Je ne dois pas croire que je suis punie à chaque fois qu'il me fait subir cela. Emilien n'a pas le droit de me faire cela.

Je me répète la phrase dans ma tête comme si je veux qu'elle y reste gravée à tout jamais. Je veux changer, il faut que je change, mais pas pour Emilien, pour moi. Ma meilleure amie et le docteur Martin m'ont dit qu'Emilien est dangereux. Mais je ne voulais pas l'entendre. Ce voyage à Paris et la proximité avec David m'ont fait comprendre des choses que je ne voulais pas voir. Maintenant, il faut que je batte pour remonter la pente.

J'ouvre doucement mes yeux. Je vois que dehors il fait jour. Je n'ai pas mis de réveil la veille, vu dans l'état où j'étais et David ne sait pas que je fais cela avant de dormir. Je m'étire de tous mes membres. Je me rends compte que je suis toute seule dans mon grand lit dans cette immense chambre. Je me retourne pensant trouver un petit mot de David, mais rien. Je prends le drap pour me couvrir. Je penche la tête dans le salon, rien non plus.

Je me dirige vers la salle de bain. J'enlève les sous-vêtements, ce qui reste de ma soirée de la veille. Je ferme la porte et voit la robe mise sur un cintre. David a dû la ranger. Je trouve cela adorable de sa part.

Je me mets dans la douche. En ouvrant le robinet d'eau chaude, je me brule la peau. Mais comme j'ai l'impression d'être sur un nuage, je ne ressens presque pas cela. Je passe du savon sur ma peau et de l'eau dans mes cheveux. Je me frotte partout délicatement en imaginant le sourire de David encore, son torse, sa beauté. Je finis par couper l'eau.

Je sors de la douche. Je me sèche les cheveux. Je tends l'oreille pour entendre si David est dans la chambre, mais il n'y a personne ou du moins pas de bruit. Je prends un débardeur bleu et un jean que je passe après des sous-vêtements propres.

Je pose ma serviette et je mets mes produits sur le visage, car je ne me suis pas démaquillée hier soir. J'ai l'impression de m'être laissée aller ces derniers jours. Il faut que je me reprenne un petit peu. Aujourd'hui, je prévois alors d'appeler mes parents et Steph. Je jetterai aussi un coup d'œil à mes cours.

Je finis par sortir de la salle de bain. Je rentre dans le salon en même temps que David. Il ne sourit pas. Il a son portable à la main surement un coup de fil mystérieux. J'ai envie de courir dans ses bras, mais quelque chose me dit de ne pas le faire. David me regarde toujours sans sourire et il me dit :

- J'ai quelques trucs à faire aujourd'hui. Je t'ai laissé le programme de demain et la carte magnétique. A demain, on part à sept heures du matin.

Je le regarde sans réagir. Je me demande pourquoi il est aussi distant. Il ne veut pas me voir de la journée. J'essaye de rester neutre jusqu'à ce qu'il quitte la suite. Je n'arrive pas à croire que je vais passer une journée seule dans cette immense suite. Je n'oserai jamais sortir dans cette immense ville par peur de me perdre. Je n'ai pas encore trop confiance en moi pour affronter seule la foule.

Liaison dangereuse 1. Plus qu'un prof...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant