Chapitre 29

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« Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent la raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, mais non pas ce que je cherche. » de Montaigne.

Arrivés là-bas, Steph parait un peu gênée, mais son sourire montre aussi sa joie de me voir. J'en suis ravie aussi. Je lui souris en retour en lui faisant la bise. Elle s'approche timidement de David pour lui dire Bonjour. Et sans gêne, ce dernier lui fait la bise. Je la vois rougir d'intimidation, cela me fait encore plus sourire. En même temps, la première fois ou même les premières fois où l'on s'est côtoyé, je devais être dans le même état.

Nous nous engouffrons tous les trois dans le tramway direction la gare. Il n'y a presque personne en milieu d'après-midi dans les transports en commun. Personne n'ose trop parler. Je sens l'atmosphère me peser. David trifouille dans son portable. Il a sa tête d'homme concentré sur quelque chose d'important. Steph me regarde sans trop rien dire et en tripotant ses mains. Cela montre son état de stress. Je ne sais pas vraiment comment réagir face à cela. Je suis totalement à l'aise avec Steph quand nous sommes seules ou entre amies, mais il y a David. Et l'on ne se connait pas vraiment depuis longtemps, malgré que l'on ait partagé certaines choses.

Tout à coup, elle prend une grande respiration avant de demander à David en se tournant vers lui :

- Alors, vous avez prévu quoi à Paris ? Vous allez faire la fiesta ?

David parait surpris, mais il sourit à cette petite blague de Steph en levant sa tête de son portable, qu'il range dans la poche intérieur de son costume bleu nuit. Il a assorti ce costume à une chemise blanche et une cravate de la même couleur que le costume.

- Oui, boite de nuit tous les soirs, lui répond-t-il en rigolant à son tour.

Steph rigole de plus belle. Cela me fait sourire, mais je reste encore un peu gênée. Il enchaine plus sérieusement, mais tout en gardant son sourire sexy :

- Non, j'ai prévu quelques visites comme la Tour Eiffel... Mais c'est un peu une surprise pour Alex.

- Oh trop biiiiiiien ! dit-elle en sautant sur place. J'aimerai bien faire cela avec vous.

Je suis un peu gênée que David prépare pleins de trucs pour moi, alors que c'est juste mon patron. J'ai dû un peu mieux travailler ce voyage. Et puis, si j'en avais parlé à Emilien, peut-être que j'aurai eu d'autre indication. Mais comme dit souvent Steph, il faut que je profite des opportunités que j'ai.

Nous continuons la conversation jusqu'à la gare. Elle est immense. Je ne prends jamais le train ici, mais plutôt à une petite gare, qui se trouve de l'autre côté de la ville. Il y a un mur complétement fait de vitres disposées en arc de cercle, qui laissent passer le soleil. Dans le hall, il y a un peu de monde, normal vu que l'on est vendredi et que les gens rentrent ou partent pour le week-end.

Nous regardons le panneau d'affichage, qui est immense, affiché en haut du hall en face de l'entrée principale. Il annonce que notre train est dans vingt minutes sur le quai A et qu'il est déjà en gare. Nous compostons notre billet. David nous invite alors à boire un café pour que nous ne soyons pas en manque de caféine. Cela fait beaucoup rire Steph, mais elle accepte volontiers.

David n'arrête pas de mater tout ce qui passe. Steph va alors pour commenter et je lui donne un coup de coude quand elle commence à parler. Il le voit ce qui le fait rire. Il dit alors qu'il est un homme, donc que je dois savoir qu'il le fait souvent comme tous les hommes y compris nos copains. Je sais que Richard le fait de temps en temps. Mais je n'ai jamais vu Emilien regarder une autre femme que moi en ma compagnie, sauf la fois où je l'ai vu à cette table. Il avait les yeux complétements plongés dans le décolleté de cette jeune femme, de son ex. En même temps, il ne savait pas que j'étais présente. Cela veut dire qu'il me respecte vu qu'il ne mate pas quand je suis en sa présence. Cela me remonte un peu le moral et fait vaguement avancer ma réflexion.

Quand nous finissons de prendre notre café, nous nous dirigeons tous les trois vers le quai où notre train est en gare. Il fait un petit peu froid avec un petit vent glacial. Nous regardons le panneau qui indique l'emplacement des wagons avant de nous rendre vers la locomotive. Monsieur ne voyage qu'en première classe.

David fait la bise à Steph, puis monte rapidement dans le train. Il me laisse avec Steph, qui me prend dans les bras en me disant :

- Profites bien. David est vraiment un gentil homme. Tu vas bien t'amuser et j'en suis ravie.

Je la sers à mon tour dans les bras en versant une petite larme que j'essuie rapidement avec ma main avant de lui faire la bise. Je monte dans le train en lui faisant signe de la main. Elle me rend mon geste de la main. Elle semble heureuse, mais aussi triste que je parte. Je pense qu'elle pleure, car elle part rapidement du quai pour retourner dans le hall et surement rejoindre Richard chez elle.

Une nouvelle aventure commence aujourd'hui, une petite parenthèse dans ma vie avant de reprendre mon quotidien. Il n'y a pas grand monde dans le train. Je rejoins David à l'étage en posant ma valise à coté de mon sac. Quand je m'approche de lui, David a vu que j'ai surement un peu pleuré. Il me prend dans ses bras.

- Je sais que ce n'est pas facile. Tu peux encore descendre, je ne veux pas t'enlever. Quelques jours, c'est dure sans ta famille, ni Steph... Ni Emilien.

Emilien ne me manquera surement pas, mais Steph, cela n'est pas garanti. Mais il faut que j'y aille. Puis David, je l'apprécie beaucoup. Je sais ce qui est bien pour moi. Je lui dis que je reste. Il me fait un sourire avant de m'inviter m'asseoir près de la fenêtre pour ne pas être malade.

Il me dit de me reposer un peu avant de commencer à travailler. Je sors alors un bouquin de mon sac. Il prend son ordinateur regarde rapidement ses mails et commence à jouer à Candy Crush. C'est un vrai gamin dans sa tête en fait ou un éternel étudiant. Il a besoin de se reposer aussi vu qu'il finit par somnoler. Je regarde alors mon portable pour voir l'heure. J'ai un texto de Steph qui me dit qu'elle est arrivée et de lui dire quand j'arrive à Paris. Et un autre d'Emilien qui veut me voir le plus tôt possible. Je ne réponds pas.

Tout à coup, ma respiration s'accélère. J'ai envie de vomir. Je pousse David et cours m'enfermer dans les toilettes du wagon. Ce n'est pas très grand. Il y a un WC, un petit lavabo et un miroir. Je vomis mon repas de midi, ainsi que le dernier café que j'ai bu. Je suis mal. Je m'assois par terre.

Je pense que malgré le fait que je ne veux pas voir Emilien, il me manque. Je me sens réellement coupable de le laisser ainsi une semaine sans rien lui dire. Les larmes me montent alors aux yeux. Je sers plus fort mes genoux contre ma poitrine. J'ai mal au cœur. Une douleur que je n'arrive pas à faire passer.

Je repense alors à ce qu'Emilien m'a fait. Je me rends compte que l'on n'a pas juste fait l'amour pour le plaisir. Qu'il a fait cela pour son propre plaisir sans jamais me demander si j'étais d'accord, sans s'arrêter quand je n'allais pas bien.

Tout à coup quelqu'un frappe à la porte. Cela me fait sursauter. Je ne sais pas depuis combien de temps j'étais là.

- Alex ? Tu m'entends ? Ça va ? Tu es parti depuis un petit moment.

- Oui, juste mal au cœur, je lui réponds en essayant de sangloter le moins possible.

- Tu pleures ? Sors d'ici.

Je me relève, remet un peu mes cheveux en ordre et me passe de l'eau sur le visage. Je prends une grande respiration et sors. David a l'air très inquiet en me voyant. Il me regarde de haut en bas avant de prendre ma main pour que l'on retourne s'assoir entre deux wagons. Je n'arrive presque pas à marcher. Il me prend par la taille pour m'empêcher de tomber. Les canapés rouges et bleus ne sont pas grands. Ils sont faits pour que les gens puissent téléphoner. Mais il n'y a personne.

Il a vraiment l'air inquiet. Ses yeux sont d'un bleu que je n'ai jamais vu. Il m'observe en regardant toutes mes réactions. Je continue à trembler sans pouvoir rien contrôler. Il me caresse avec hésitation le dos en scrutant ma réaction. Il a peur que je le rejette, mais je n'en ai pas envie. Surtout qu'il me rassure. Sa seule présence me donne envie de surmonter tout cela.

- Eh ! Alexie... Tu es malade ? Tu veux en parler ?


Liaison dangereuse 1. Plus qu'un prof...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant