Chapitre 56

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« Le temps est comme une cascade. Tu ne l'empêcheras pas de couler, mais tu peux t'y tremper pour en jouir, et pour y boire à ta santé » de Pierre Desproges.

Je me réveille en m'étirant. Je n'ai pas mis de réveil pour me lever. Mais cela ne me gêne pas ce matin. Je me sens complétement détendue. Je m'étire dans ce grand lit et je me rends compte que la place à côté de moi n'est pas occupée. Je la touche, mais celle-ci est froide. J'aperçois alors un petit post-it bleu avec écris « Mon Ange » et un petit cœur en bleu plus foncé. Cela me fait sourire. Je me lève pour rejoindre mon dressing. Mais avant de partir, je ne peux pas m'empêcher de refaire notre lit en remettant vaguement les couvertures comme elles étaient quand nous nous sommes couchés.

Quand j'arrive dans le dressing, je choisis ma tenue du jour. Cela me fait bizarre d'être dans un espace aussi grand juste pour mes vêtements. J'attrape un débardeur blanc, des sous-vêtements blancs et un jean bleu marine. Je prends la direction de ma chambre et notamment de la salle de bain. Je prends une rapide douche et je me rase délicatement comme si je veux me préparer à quelque chose. Je me sèche et je m'habille rapidement.

Je suis toujours aux anges. Il est là avec moi, il pense à moi dès qu'il se lève et quand il se couche. Je regarde ce post-it, j'ai l'impression qu'il me respecte, qu'il m'apprécie pour ce que je suis, qu'il m'aide à avancer.

Une fois habillée et maquillée, je repasse dans ma chambre pour récupérer mon téléphone. Je regarde l'écran complétement choquée. J'avais eu cent-cinq appels en absence. Tous les coups de fil viennent d'Emilien et il y a autant de messages vocaux. Je prends mon courage à deux mains pour écouter les messages. Emilien hurle que je le rappelle et me dit que j'ai de toute façon jusqu'à vendredi pour réfléchir, qu'après je devrais vivre avec lui, car je me rendrais compte que nous sommes fait l'un pour l'autre. Il veut ma conclusion pour que notre couple avance. Il a déjà prévu de me faire rencontrer à ses parents.

Les larmes commencent à couler. Je renifle un peu et me couche sur le lit. Il n'y a aucun bruit dans l'appartement, aussi bien David est parti travailler. Mais j'en doute. Surtout que j'ai besoin de lui. Je me relève pour me diriger vers le salon et je mets mon portable dans ma poche. Je marche rapidement.

En haut de l'escalier, je me penche et j'aperçois David assit dans le canapé avec des papiers dans les mains. Je commence alors à descendre les escaliers en courant. Je lui saute dans les bras alors qu'il est dans le canapé. Ses papiers s'envolent dans tous les sens pour tomber par terre. Je l'embrasse, nerveuse. Je pense qu'il a deviné que je ne suis pas très bien...

Il me sert fort dans ses bras. Je recommence à pleurer sans pouvoir m'arrêter. Je me lève alors pour essayer de me calmer, puis comme cela, mon corps peut refroidir. J'ai l'impression de transpirer de partout quand je suis dans ses bras, contre son corps brulant. David me suit du regard.

- Que se passe-t-il ? Me demande-t-il calmement.

Je me retourne pour le voir. Je baisse la tête et prends mon portable. Je le déverrouille et ouvre le journal des appels. David voit l'écran et me prend mon portable pour écouter le dernier message vocal laissé par Emilien. J'entends alors la voix d'Emilien encore une fois crier :

- Ecoute, je suis très inquiet pour toi. Tu ne peux pas vivre avec lui. Ta place est avec moi, dans mon appartement. Tu auras tout ce que tu désires : des livres, des livres, du maquillage et encore des livres. Tu auras une belle vie toute tranquille. Puis, tu seras en sécurité. A la gare, tu m'as déçu. Je peux oublier cela, ne pas te punir. Mais maintenant, je ne veux plus attendre vendredi. Je veux te voir plus tôt. Rappelle-moi, c'est un ordre Alexie.

Je vois David respirer très fort comme s'il est vraiment en colère contre la vie réelle. J'aimerai le rassurer, mais je pense que cela va être pire si je m'approche. David ne se contrôle plus, il balance mon portable par terre. Je sursaute sur place. Je me raidis. Il prend la lampe à côté de lui et la balance par terre.

- Non ! Il ne peut pas revenir dans ta vie ! Il faut que tu mettes un terme à cette relation ! Je n'en peux plus ! Hurle-t-il.

Je prends du recul. Il me fait peur. Il est rouge de colère. Je n'arrive pas à le contrôler de loin. Je décide de m'approcher doucement. Je tremble comme une feuille. David se retourne pour ne pas me regarder. Il donne des coups dans le fauteuil. D'un mouvement de main, j'attrape son portable. Je tape ma date de naissance comme si c'est une évidence que ce soit son mot de passe, et le téléphone se déverrouille alors. Rapidement, je cherche Fred dans les numéros d'urgence. C'est le premier numéro. J'envoie un texto « Urgence » sans trop savoir s'il allait venir. Mais David se retourne et prend son portable pour le balancer. Je m'éloigne de lui par peur.

Je ne bouge plus jusqu'à ce que l'ascenseur s'ouvre dans le hall. J'entends des pas et Fred pointe alors le bout de son nez. Il regarde David, puis il s'approche de moi, alors que David continue à taper tout ce qui lui passe sous la main. Il me prend dans ses bras et d'un pas rapide, il monte les escaliers et rejoint ma chambre. Il me dépose dedans et repart en fermant la porte à clé.

Au bout de quelques instants, je cours vers la porte pour essayer de l'ouvrir, mais je suis enfermée sans pouvoir sortir. Fred m'a réellement puni dans ma chambre, alors que David a vraiment besoin de moi. Il est en colère, j'aimerai l'aider. Je tape très fort sur la porte comme si je veux défoncer la porte, mais il n'y a pas moyens de faire quoi que ce soit.

Je retourne sur mon lit. Je n'ai pas mon portable, donc j'attrape mon ordinateur pour travailler un peu. Quand j'ai envie de pleurer, mais que je ne peux rien faire, je me mets à revoir mes cours. Je m'installe en tailleur avec mon ordinateur sur les genoux. Je commence par regarder mes mails. Je me suis rendue compte que tous les professeurs m'ont envoyé les cours complets. C'est adorable. Je commence à lire jusqu'où ils se sont arrêtés.

Quelques instants plus tard, mes yeux me font trop mal. Je m'arrête en posant mon ordinateur sur le drap. Je m'allonge sur le dos pour réfléchir un peu. Je me demande alors quand je pourrai retourner en cours. J'aurai voulu y retourner maintenant, mais David veut surement que je m'adapte. Or, je ne me suis pas encore adaptée à cette nouvelle vie avec David. Il est en colère et je n'arrive pas à le maitriser. Je me demande encore pourquoi cela n'est pas possible.

Je me rappelle alors que la cause se résume en un mot : Emilien... Il faut que je le revoie pour mettre les choses au clair. Pour cela, j'aurai besoin d'être seule avec lui. Mais j'aimerai savoir si David me soutient. J'en aurai vraiment besoin pour être plus forte. Pour la première fois de ma vie, je me sens prête à l'affronter.

Ainsi, je peux surement avancer dans ma vie amoureuse, voir sexuelle avec David. Je veux me donner à cent pour cent pour lui, pour nous. Il est tellement adorable et attirant, sexy et gentil. De plus, quand je suis en sa compagnie, je ressens de nombreuses choses inconnues, qui me font me sentir bien. Je suis bien avec lui, en sa compagnie. Et cela a l'air d'être réciproque.

Je commence à trop réfléchir, je n'aime pas cela, je n'aime pas mes sentiments actuels. Ils sont trop fouillis. J'aime bien que mon esprit soit cadré, mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. David a perturbé tout mon esprit ou l'a réveillé, car je ne voyais pas que je n'étais pas bien.

Je m'avance vers la fenêtre pour passer sur le balcon collé à ma chambre. Il y en a un dans chaque pièce presque. J'espère pouvoir l'apercevoir, mais je ne vois rien. Je n'ai vue sur aucune autre fenêtre de l'appartement. Je me penche de tous les côtés, mais rien. Par contre, j'ai une magnifique vue sur la ville avec ses immeubles, ses toits, ses voitures, ses personnes...

Je m'assois sur une chaise longue qui se trouve là. Il y en a trois au totale et une petite table. Il y a des matelas blancs avec des pois noirs et marrons sur les chaises et des fleurs sur la table. Je trouve cela très mignon. J'observe cette terrasse avec un sol en marbre sans trop savoir ce que je fais. J'attends que cela se passe.

Tout à coup, j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir. Je me lève pour me précipiter à l'intérieur comme si cela faisait une éternité que je suis enfermé là. Et là, je tombe sur lui. Il est debout dans le cadre de la porte.


Liaison dangereuse 1. Plus qu'un prof...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant