SCOLIO'ME

Février (1)

DES SECRETS BIEN GARDÉS

4 Février

— ROSE ?

Une voix lointaine s'infiltra comme un chuchotement à nos oreilles.

— Je crois que quelqu'un te cherche, m'informa Ethan en inclinant son visage face au mien.

Ses bras entouraient toujours mon corps frêle. Mon coeur pulsa avec plus d'intensité sous le confort de ce moment.

— ROSE ! Où es-tu ?

Des claquements de talonnettes se mêlèrent aux hurlements de mon prénom.

— ROSE ?

Une silhouette se dessina à l'entrée du couloir. Vêtu de son long manteau noir, il tomba presque, écrasant ses genoux sur le sol.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? posa Mathias, en s'appuyant maladroitement sur mon bras. Oh je suis désolée, il le retira brusquement, toujours agité, sans obtenir de réponse.

Je n'arrivais pas à parler, ma gorge m'interdisait de m'exprimer m'enfermant dans ce mutisme. J'aperçus le manteau de mon ami traîner au sol. En temps normal, il se serait relevé, épousant une dizaine de fois le tissu faisant disparaître les saletés déposées. À ce moment précis, il ne sembla pas vouloir y faire de cas.

Dans sa main, mon téléphone reposait avant de s'allumer dans un mouvement affichant une longue liste d'appels manqués.

Qui avait essayé de me joindre ? Pourquoi plusieurs fois ?

En levant les yeux, je revis la lune scintiller, nous laissant baigner dans sa lumière.

Quelle heure était-il ? Et si le lycée avait fermé ? Et si nous étions tous les trois enfermés ?

Le déferlement de questions inonda mes oreilles, noyant mon esprit déjà submergé par tous les évènements de ces dernières minutes. Je posai ma main sur mon coeur, en le sentant pulser. Il essayait de faire barrière à mon anxiété qui voulait se frayer à nouveau un chemin pour m'enclencher une crise.

— Merde Rose. Je ressentis une main baguée se poser sur la mienne. Tu es en sécurité, c'est fini d'accord ? En tournant légèrement la tête je plongeai dans les iris de celui qui faisait actuellement battre à tout rompre mon coeur. Ce regard qui mettait sur pause le déferlement de question qui secouait mon esprit et alimentait une prochaine crise. Mathias, donnes-lui son téléphone.

Ce dernier eut un soubresaut avant de me donner l'objet.

— Ta maman n'a pas arrêté de te contacter.

Un frisson dévala ma colonne, mes muscles se tendirent. Mon coccyx se cambra m'extirpant de la chaleur d'Ethan qui me laissait partir trop facilement.

Je récupérai à la hâte l'objet et manquait à plusieurs reprises mon code sous les tremblements que provoquèrent les milliers d'hypothèses dans mon esprit.

Sans réfléchir, j'enclenchai l'appel.

Ethan se leva à son tour, s'éloignant de quelques mètres avec Mathias pour discuter me laissant de l'intimité.

- Allo Rose, ma chérie ? Enfin tu réponds ! Où es-tu ? Est-ce que tout va bien ? Tu es en sécurité ?

- Je suis désolée maman, je...je n'avais pas mon téléphone sur moi et-

- Rose. Sa voix tranchante se répercuta dans le combiné. Ne me mens pas. S'il te plait ma chérie, dis-moi ce qui se passe ?

Des larmes perlèrent sous mes yeux. J'essayai de ne plus leur mentir, d'exprimer mes émotions à leur égard. Pourtant, ces vieilles habitudes que je chassai en vain revenaient toujours.