Tu prends ou tu jettes

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J'attends, dans un petit coin contre un mur face au gymnase, qu'il daigne sortir.

Heureusement, quasiment tous les élèves sont déjà installés en classe pour le prochain cours qui débute. Alors, l'endroit est désert.

Je sais que je vais arriver en retard, mais ça m'est égal. Ce que je dois faire là maintenant, est plus important.

J'entends la porte s'ouvrir enfin, et le léger courant d'air transporte son odeur incroyable jusqu'à moi...
L'odeur de son corps mélangée à celle de son gel douche au parfum musqué typiquement masculin est un cocktail divin, une drogue spécialement conçue pour moi.

Il s'est séché trop rapidement, de sorte que de petites gouttes d'eau ruissellent encore de ses cheveux ébouriffés. Ma vision accrue repère celles qui se baladent le long de son cou, un endroit où j'aimerai éperdument me lover dans mes rêves les plus fous.

Son t-shirt blanc collé à son corps encore humide révèle son torse athlétique. Il est sexy comme l'enfer... et je crois finalement que c'est le pire moment possible pour me tenir droite et fière sans sourciller, afin de lui demander enfin quel est son problème avec moi.

Il marche la tête baissée en direction du bâtiment principal, en ne prêtant attention à rien ni personne.

Je sais qu'il sait que je suis là...

C'est impossible qu'un loup n'ait pas conscience de son environnement d'aussi près, encore moins de la présence de sa compagne.

J'ai envie de l'insulter quand je le vois continuer à me snober et me passer devant comme si je faisais partie du décor.

Il me force à l'interpeller, alors ainsi soit-il.
Heurtée par un nouvel affront de sa part, je lui lance :
« Sandro ! »

Il s'arrête net, puis il lève légèrement la tête droit devant lui, sans me regarder.

« Dern. Qu'est-ce que tu veux ? »

Je vis un étrange sentiment... paradoxal. Sa voix me fait du bien, elle caresse mon âme. Mais le ton qu'il emploie a mon égard, me blesse profondément dans un second temps...
La gentillesse n'a jamais tué personne, mon cher ami.

Il ne me regarde toujours pas, et je crois qu'il n'a pas l'intention de le faire. Il a reconnu que j'existais, c'est déjà ça, non ?
Je réponds alors à sa question agressive.

« Je... Je suis au courant, pour notre lien.
Je l'ai senti, tu sais ?
Toi aussi, non ? »
Je n'ai pas pu empêcher ma voix de faillir, tant je suis nerveuse.

J'me sens nulle d'un coup, je regrette presque. J'ai envie de m'enfuir en courant.
Surtout qu'il ne répond pas.
Est-ce qu'il cherche ses mots ? Est-ce qu'il va encore me faire mal ?

Je dois continuer, tant qu'on y est, autant tout lâcher.

« Sandro, je veux savoir pourquoi tu fais comme si le lien n'existait pas. Je veux comprendre pourquoi tu m'ignores, comme si je n'étais pas ta...

- Ne prononce pas ce mot. Il ne veut rien dire pour moi. »

Je prends quelques secondes pour encaisser cette claque en pleine figure...
Il m'a coupé la parole, avant que je ne dise le mot « compagne ». Ça ne veut rien dire pour lui... Rien...

Je le sentais indifférent au lien, oui, mais là, il est véritablement hostile... C'est confirmé.
Même si je le présageais, je suis sous le choc.
Jusqu'ici, j'avais du mal à réaliser qu'il puisse réellement y être opposé. Je ne peux plus me voiler la face, dorénavant.

Après quelques instants, Je vois qu'il reprend sa marche, et continue son chemin.
Il ose donc tracer sa route sans aucun remord après m'avoir humilié comme ça ?

Destins liés, 1. Rejetée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant