À toi l'honneur

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Sandro réalise ce que je viens de proclamer. J'ai même envie d'y ajouter un rire diabolique pour rendre la scène encore plus spectaculaire...

Mais je vais m'en tenir là, à observer leurs mines déconfites comprendre qu'à partir de maintenant, la donne va changer...

Et, oui ! Vous vous êtes piégés tout seuls, bande de pauvres types. Vous êtes foutus, et je m'en réjouis tellement...

Après ces quelques secondes pour que les choses s'ancrent dans leurs petits cerveaux figés par le choc, je vois Antonio et Warren dégainer leurs flingues.

Sandro les voit aussi, et crie à nouveau :

« LÂCHEZ VOS ARMES !! »

Ils s'executent, malgré eux. Les deux armes tombent de leurs mains et Sandro assène immédiatement un uppercut à Antonio, qui va pouvoir voir les étoiles pendant un long moment.

Mon compagnon affronte chacun des hommes à main nue sans aucune difficulté. Je ne sais pas pourquoi il ne leur a pas tout simplement ordonné de ne pas bouger...

Mais après réflexion, je pense qu'il veut satisfaire son besoin de leur exploser la tronche, d'homme à homme.

J'attrape une des armes qui gît sur le sol, pour la braquer sur Valentino qui ne peut rien faire d'autre qu'assister à la scène, impuissant.

Ce ne sont pas des pistolets classiques, qu'ils ont l'habitude d'avoir en leur possession. Ce ne sont pas de simples balles qui vont tuer un loup, ou un vampire, d'ailleurs. Ils sont toujours armés de leur espèce de mini lance-roquette électrique qui paralyserait un éléphant.

Ils ont fait de Sandro une machine à tuer, un professionnel du cassage de gueule, et ils le regrettent certainement amèrement à cet instant.

Il est plus fort et plus enragé que jamais... ça doit faire mal.

Lorsqu'il a mis tout le monde à terre, il attrape un des tasers sur le sol et tire aussitôt sur Valentino, qui s'écroule à nos pieds, convulsant, et inconscient.

Euh, d'accord... Moi qui voulait simplement le braquer pour l'intimider, lui n'a pas hésité une seconde à lui lancer une décharge de l'enfer à bout portant...

Ok, chéri. Après tout, c'est ton moment, ta revanche... On nique tout !

Silence...

Je n'entends que la respiration accélérée de Sandro, qui est immobile au milieu de tous ces tocards à la gueule défoncée, le regard plongé dans le vide.

« Sandro ? Mon coeur ? Ça va ?...

Parle moi... »

Lorsqu'il m'entend, il secoue la tête pour reprendre ses esprits, et pose ses yeux sur moi.
Je le regarde en retour, avec une expression inquiète. Il avait l'air si... perdu.

Je hoche la tête, pour l'encourager. Puis il lâche l'arme à son tour pour m'attraper par la taille, me soulève et me serre fort contre lui.
Je lâche mon arme aussi pour blottir son visage dans mon cou et l'enlacer dans mes bras.

Je sens des petites secousses, qui proviennent de son thorax...

Il pleure...

Mon amour... L'amour de ma vie... éclate en sanglots contre moi.
Réalisant sa charge émotionnelle, je ne peux pas m'empêcher de pleurer aussi...

« C'est fini, mon trésor...

Tu as réussi à te sortir de cette cage... qui t'entrave depuis des années...

C'est fini.

Tout ira bien, maintenant... »

J'embrasse son front, je le serre, et nous pleurons tous les deux, émus par cette liberté tant espérée... Au début, par un jeune garçon pour qui la vie a basculé en cauchemar du jour au lendemain.

« On a volé des années de ta vie. On t'as asservi, on t'as écrasé, muselé, humilié...

Regarde-toi aujourd'hui. Tu es digne, tu es fort, tu es grand, et tu me rends tellement fière...

Ma vie, mon partenaire, mon loup... mon Alpha. »

Après avoir relâché toute cette pression auprès de moi, il se détend.

Il me repose doucement sur le sol, puis, en prenant mon visage dans ses mains, me donne le plus doux des baisers.

« Ma Louisa, cara mia... merci. »

****

Nous avons profité de la diversion que nous offre l'engouement pour le début du show, pour discrètement emprunter un couloir à la dérobée et enfermer nos oppresseurs encore dans les vapes dans les petites pièces aux portes métalliques qui servaient parfois de cellules, en deuxième sous-sol.

Heureusement, Mindie a eu l'initiative de prendre le relais pour le spectacle en mon absence. Elle a dû se laisser pousser des ailes après les remarques de Jodie.

À l'heure actuelle, je lui laisse l'honneur sans problème.

Ces cellules sont toutes munies de systèmes de verrouillage complexes qui nous garantissent une tranquillité à volonté. Elles sont, de plus, à l'écart du reste des locaux de Valentino. Donc même s'ils frappent à la porte toute la nuit, avec les basses des enceintes de la salle de spectacle qui résonnent jusqu'au lever du jour, personne ne les entendra.

Maintenant seuls dans le couloir sombre après avoir coffré toute l'équipe, j'observe mon partenaire qui est toujours assez perturbé, encore un peu agité et anxieux.

Il a besoin de prendre un peu de recul.

« Sandro, pour l'instant, tout est un peu trop confus pour toi et c'est normal. Tu as besoin de réfléchir à la suite avec une tête froide.

Nous avons quelques heures devant nous. Laissons passer cette nuit, et demain, nous aurons l'esprit plus clair.

Va dans notre chambre, prend une bonne douche, aussi longue que possible, puis détends toi.

Je vais aller voir les filles, et je te rejoins, d'accord ? »

Il hoche lentement la tête, coopérant, se laissant volontiers guider après ce revirement brutal et inattendu.

Je l'accompagne jusqu'à notre chambre, et je file à la grande salle, en passant par les accès discrets.

J'attends Mindie dans les coulisses. Lorsqu'elle apparaît, je lui explique que les garçons ont eu une altercation avec un clan opposé, que Sandro est blessé, et que je vais m'occuper de lui. Je poursuis en ajoutant que les autres ont besoin de réfléchir ensemble à l'écart au meilleur moyen de gérer cette situation. En précisant qu'ils leur est nécessaire de se concerter longuement, et demandent à ne surtout pas être dérangés.

« J'ai besoin que tu gères la soirée. Est-ce que tu pense que c'est dans tes cordes ?

- Tu rigoles ? Bien sûr, ma grande. Carrément, même ! Allez, va dorloter ton loup, je m'occupe de tout. Ils sont chauds ce soir, c'est du gâteau.

- Parfait. Merci, Mindie. Éclatez-vous. »

Du gâteau, en effet.

Je retrouve très vite mon amoureux, en espérant qu'il soit remis de son coup d'éclat improvisé.

Destins liés, 1. Rejetée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant