Destins liés, 1. Rejetée

Le plaisir de te pourchasser

Je me gare à l'orée de la forêt des guerriers de l'ombre. Je décide de le chercher à partir d'ici, pour ne pas m'engager d'emblée sur une fausse piste. Je vais laisser ma part animale le débusquer, il est certain que je le trouverai, peu importe où il se cache sur le territoire, et si je dois parcourir des kilomètres.

Ma louve est comme une folle à l'idée de le pourchasser, je trépigne d'impatience.

J'ai préparé un sac d'affaires, le plus petit possible, que je transporterai dans ma gueule pour ne pas me retrouver nue devant lui quand je voudrai le confronter.

Dans un autre scénario, ça aurait pu être sympa... Mais ici, ça ne sera pas vraiment approprié.

Je veux régler des comptes. Ce mec ne connaît que le rapport de force, on dirait. Alors, allons-y mon beau. Finissons-en.

Je me déshabille puis me transforme et attrape mon petit sac qui contient un petit short et un top noir à bretelles. Je ne peut pas m'encombrer avec des fringues telles que pantalon, pull etc...

Je laisse mon corps de louve brune s'imprégner de la forêt. Du sol moelleux, des odeurs... Je cherche sa piste, qui est étonnamment très facile à trouver.

Je détale.

J'enchaîne les kilomètres sans aucune difficulté. Mon objectif est un tel cadeau inespéré pour ma louve que je me sens portée par le vent, la course est fluide et plaisante. Ma part animale se fait une telle joie de courir jusqu'à lui, surtout après des jours difficile à tout faire pour y résister... Il faudra que je prenne quelques minutes pour reprendre mes esprits avant de l'affronter.

Ce conflit intérieur perpétuel m'épuise les nerfs...

À mi-chemin, je comprends que deux loups sont en train de me poursuivre... Merde.
Évidemment, ils ont senti une piste intéressante.

Je stoppe net pour leur faire face, et je montre les crocs. Ils s'arrêtent en face de moi, et évaluent la situation.

Je grogne bruyamment, puis aboie fortement pour leur signifier ma désapprobation.
Non merci, au revoir.

Ils ne bougent pas et j'aboie de plus en plus fort pour leur ordonner de me foutre la paix.
Barrez-vous !

Soudain, on se figent tous les trois quand on entend un hurlement très sonore et menaçant... Mon partenaire. Il a dû entendre mes avertissements qui ont résonné et percé le calme nocturne.

Oh...
Pour la première fois de ma vie, mon compagnon me revendique.
Ce hurlement est très clair : « Si vous osez toucher à ma femelle, je vous arrache la gorge. »
Un frisson de satisfaction parcourt tout mon corps... Quelle sensation plaisante... J'en reprendrai bien un p'tit peu.

Du coup, ils filent sur-le-champ pour retourner d'où ils viennent... Très efficace.

Cet élan de possessivité me rend folle de joie. J'utilise cet entrain pour terminer ma course.
C'est donc ce qu'on ressent quand notre compagnon nous revendique... c'est donc ça que j'aurais du vivre dès le début s'il n'était pas aussi con !

J'essaye d'imprimer dans ma mémoire ce bien-être unique qui je le sais, sera de courte durée. Il est sous l'influence de mes chaleurs, sentir la concurrence à dû le faire craquer. Mais en dehors de ce phénomène, je n'oublie pas que tout ce qu'il veut, c'est vivre loin de moi

Eh bien j'arrive, mon pote, et j'ai bien l'intention d'en découdre.

Je finis par atterrir tout simplement face à sa maison... Oh, j'aurais pu trouver facilement sous forme humaine, finalement ! Je pensais qu'il avait tendance à se planquer mieux que ça...