Un piège invisible

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J'entre dans notre chambre et trouve Sandro dans le lit, sur le dos, les yeux fixant le plafond.

« Sandro, parle moi... il faut que tu parles.

Je t'assures, ça permet de mettre de la distance avec les événements. Ça permet de les gérer plus sereinement, et plus efficacement.

Je suis là pour ça, tu sais...

Tu as été tellement seul, toutes ces années...

- J'aurais dû le tuer, Louisa.

Je dois le supprimer, j'ai des milliers de raisons de le faire...

Il a tué ma mère sous nos yeux... Il a détruit mon père, et nos vies... Ma vie.

Il a pris ma vie, ma compagne...
J'aurais dû t'avoir dans ma vie depuis le début.
J'ai souffert de devoir renoncer à toi. De te voir sourire sans que j'en sois la cause, de te voir chanter ta peine, causée par l'idée que je ne voulais pas de toi. J'ai dû te rejeter et voir la douleur dans ton regard... qui reflétait aussi celle de ta louve, que j'ai trahis...

J'ai vu ton beau visage pâlir sous le choc de mon rejet, alors que tu avais à peine 16 ans...

Il m'a détruit, jour après jour. Il a fait de moi un monstre qui tue sur commande.
Il t'a fait du mal... Je t'ai senti perdre l'usage de ton corps suite à son électrochoc. Tu as perdu connaissance pendant des heures, et j'ai eu tellement peur... Louisa, il m'a tout pris.

Pourtant, je n'arrive pas à envisager de le tuer, cara mia. J'ai tué beaucoup d'hommes que je ne connaissais même pas, sans ressentir le moindre remord...

Mais lui...
Pourquoi je n'arrive pas à m'imaginer mettre fin à sa vie ? Alors que ce serait une telle délivrance...

Il est celui qui a fait de ma vie un enfer...
Il a réussi à prendre aussi mon esprit. Je suis toujours son chien, Louisa... Je n'arrive pas à prendre ma véritable revanche sur lui parce qu'il me tient encore en laisse !

Il a pris mon esprit aussi, je me sens sous son emprise quoique je fasse, et j'ai peur de ne jamais m'en défaire...

Louisa, il est enfermé et inconscient, mais je ne me sens pas libre pour autant ! »

Syndrome de Stockholm, bonjour...

« Sandro. Valentino a appris à s'insinuer dans ton esprit en tant que maître et... en tant que substitut de père, d'une certaine manière.

Il a cette façon bien à lui d'être chaleureux et oppressant à la fois. C'est très perturbant, et toxique. Moi-même, j'ai dû me rappeler à l'ordre très souvent pour me souvenir qu'il est le mal en personne.

Il prétend prendre soin de toi depuis tes treize ans. C'était il y a quinze ans, Sandro. Tu as plus vécu avec lui, présent dans ta vie, que sans lui...

Tu ne sais pas comment vivre sans lui, mon amour...

Il te faudra du temps pour l'apprendre. Du temps pour redécouvrir les plaisirs simples de la vie, et du temps pour en parler, le plus possible.

Si tu ne te sens pas capable de le tuer, ne le fais pas... C'est tout. Nous avons aujourd'hui le pouvoir de négocier... J'ose espérer qu'il le comprenne et qu'il accepte de nous rendre nos vies. Il n'a plus vraiment le choix, maintenant.

C'est lui qui a besoin de toi, désormais, et non l'inverse. »

Je m'installe à côté de mon compagnon et lui propose de venir se lover contre moi. J'ai besoin de m'occuper de lui, je veux soulager ses tourments... c'est mon rôle, et j'en suis heureuse.

Destins liés, 1. Rejetée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant