Destins liés, 1. Rejetée

Te retrouver

Enzo semble vraiment vouloir nous aider, mais j'ai insisté pour qu'il ne tente jamais rien pour intervenir dans l'histoire. Je veux simplement qu'il soit au courant que son ancien ami est en réelle difficulté depuis longtemps, et j'aimerai aussi que Angelo soit entouré.

Il connaît bien le père de Sandro, ses parents étaient amis il y a longtemps, et connaissaient Davina aussi. Ils ont perdu le contact avec le temps mais vont veiller sur lui si besoin.

Mon instinct me pousse à me préparer à ce qui m'attend, sans en avoir aucune idée. Tout ce que je sais, c'est que Sandro est piégé, et qu'il est persuadé, maintenant, que je le suis aussi. Étrangement, je n'ai pas peur. Je me prépare, c'est tout. Que pourrais-je faire d'autre ?

Me lamenter sur mon sort parce qu'il me ghost à nouveau ? J'en ai envie, c'est vrai. Mais aujourd'hui, je suis surtout en colère, qu'il choisisse encore de me maintenir à l'écart.

Je sais que Sandro ne voulait surtout pas que j'appelle Enzo, ni personne d'ailleurs, mais sa manière de gérer cette histoire depuis le début ne fait que l'isoler de tout ce qui pourrait l'aider.

Je rentre chez moi en espérant toujours qu'il me rejoindra...

Demain je n'aurai plus le choix, Rayane et James vont me mettre au pied du mur et je vais devoir dénoncer Sandro...

Non. Je vais demander à Lina de le faire à ma place. Je ne peux pas faire ça.

Il n'est pas là, bien sûr. Et je souffre énormément de son absence...

Il souffre aussi, c'est certain. Merde, mais comment veut-il qu'on s'en sorte, de cette manière ?! N'a-t-il pas assez souffert ?!

Il ne peut pas m'abandonner comme ça... Après la journée merveilleuse qu'on a passé jeudi... Je ne veux pas croire ça...

Non. Ce qu'il se passe n'est pas normal.

Même s'il était contrarié, ça n'a pas de sens de disparaître à nouveau. Même s'il a déjà fait ça, nous vivons des circonstances totalement différentes aujourd'hui...

Oh, J'ai un message vocal d'angelo qui a essayé de me joindre...

Bon, je suis assez sûre de mon intuition maintenant. Il est arrivé quelque chose à Sandro... Il a peut-être essayé d'affronter Valentino pour que je ne sois pas mêlée à leur histoire ?

Oh, non... et moi qui pense depuis le début qu'il m'abandonne comme un lâche, volontairement...

Voilà, Angelo me dit dans son message vocal qu'il n'a pas vu son fils depuis des jours, et qu'il est très inquiet. Il n'a pas osé m'appeler avant comme il m'a déjà sollicité la semaine dernière...

Putain. Nous y sommes déjà.
Qu'est-ce que je vais faire ?

Je vais commencer par appeler Angelo, je ne sais même pas quoi lui dire... mais je veux qu'il se sente soutenu.

Je passe quinze minutes avec lui au téléphone, je lui explique que je vais tenter de savoir où il est, que je peux mettre un peu de temps mais que je ferai tout pour qu'il revienne au plus vite.

Il est très angoissé... je n'arrive pas vraiment à le rassurer. Je vais envoyer un message texte à Enzo, il m'a donné son numéro tout à l'heure, je ne pensais pas l'utiliser si vite. Mais je ne sais pas pour combien de temps Sandro risque de s'absenter encore, et Enzo et ses parents sont des visages amicaux pour lui.

Que faire, alors ? Attendre Sandro en priant qu'il ne lui arrive rien de grave ? Peut-être qu'il négocie...

Il m'a dit qu'ils sentiraient sa marque, donc ils savent forcément que j'existe...

Oh, non... C'est évident, qu'il est dans les problèmes, en fait. J'aurais dû m'en douter bien avant.

Je ne peux quand même pas rester là à ne rien faire et attendre chaque minute qu'il arrive ou me donne des nouvelles ? Et une fois la nuit tombée je suis tellement agitée et nerveuse...
Hier j'ai eu beaucoup de mal à ne pas laisser ma louve partir à sa recherche... Alors là, avec cette idée naissante et dévorante qu'il soit en danger... Je n'ai plus qu'une obsession, me transformer et chercher sa trace, même s'il désapprouverai probablement.

... De plus, je n'aurai plus aucun mal à le trouver, désormais.

Ce soir, je ne tiens plus...

Je ne fais que suer et souffrir, je suis à peine humaine...

Je n'ai jamais autant souffert, j'ai l'impression d'agoniser...

Je veux juste exploser, tout casser, j'ai besoin de lui, à tel point que je suis capable de tuer...

Je veux du sang, je veux tuer tous ceux qui sont un obstacle entre lui et moi...

Je veux les déchirer, les mutiler, je veux laisser dominer la bête féroce en moi qui percute sans cesse les murs de mon esprit...

Le raisonnable est un concept lointain et abstrait...

Mon compagnon l'a dit, ça résonne dans ma tête... « Nous sommes des créatures sauvages et instinctives », ça ne peut pas être plus vrai qu'en cet instant.

Je ne sais même plus pourquoi je suis là, loin de lui.

...J'ai besoin de trouver mon compagnon, maintenant.

Je sais où il est... Je sais comment le trouver...

Je sais comment.

Je sors, et je cours dans la rue sans m'arrêter. Il faut que j'y arrive, et vite.

Qu'est-ce que je fais encore sous forme humaine ?
...Je dois aller plus vite, je serai plus efficace pour le trouver quand je serai louve.

La forêt, je peux me transformer, maintenant.

Je bondis et me transforme en une seconde. Les vêtements se déchirent, et je suis libre.

Je vais le trouver, je serai bientôt avec lui, et tout ira mieux... tout ira bien...

Je ne dois pas m'éloigner de mon compagnon, jamais, plus jamais...

Où qu'il soit, je dois le trouver, toujours.

J'y suis bientôt, j'y suis presque, il n'est plus très loin, je le sens.

Je ne vois rien autour de moi, je ne me concentre que sur ma piste... Mon obsession...

Il souffre... je le sais, il a besoin de moi, je dois l'aider... j'arrive.

Je cours comme une dératée, quand soudain, je sens un gros impact perforer ma cuisse. Un projectile s'est logé dans mon corps et reste accroché...

Une vive douleur envahi mon corps et me paralyse en une seconde... Je m'affale sur le sol et des spasmes violents me secouent... J'entends les cris de ma louve résonner dans la nuit, je ne vois plus rien.

Je me tord et convulse sans pouvoir contrôler quoique ce soit... Je ne sens que cette souffrance intolérable qui ne veut pas cesser...

Je ne sais pas où je suis, je ne sais pas ce qui m'arrive... Mais j'ai atrocement mal, et je suis incapable de bouger...